Santé digitale : Repenser le financement pour un système de soins durable

Santé digitale : Repenser le financement pour un système de soins durable Dans cette tribune, Zakaria Jghab, président de Siemens Financial Services France, analyse les tensions croissantes sur le financement des systèmes de santé. Face à des dépenses qui dépassent la croissance économique, il plaide pour une transformation durable appuyée sur l’innovation technologique, de nouveaux modèles d’investissement, et une meilleure gestion des ressources.

Un défi mondial croissant


Les systèmes de santé à travers le monde font face à une pression budgétaire grandissante. Une étude de Siemens Financial Services (SFS) révèle que les dépenses de santé augmentent plus rapidement que la croissance économique, mesurée par le produit intérieur brut (PIB). Cette dynamique, observée sur plusieurs années, entraîne un écart de plus en plus important entre les besoins en financement et les ressources disponibles.

L’analyse montre également que cette hausse dépasse largement le rythme de l’inflation , rendant progressivement les soins plus couteux, tant pour les systèmes nationaux que pour les patients. Ce constat met en évidence la nécessité de réexaminer les modèles de financement actuels.

Santé digitale : Repenser le financement pour un système de soins durable

Des pressions multiples sur les modèles de soins


Les pressions sont diverses : vieillissement de la population, hausse des maladies chroniques, développement de traitements innovants mais coûteux, pénurie de professionnels de santé, hausse des prix de l’énergie, exigences réglementaires et environnementales . À ces facteurs s’ajoutent les séquelles économiques de la pandémie, la montée des cybermenaces et les inégalités d’accès aux soins.

Ces difficultés entraînent une remise en question des modèles actuels de prestation de soins, souvent centrés sur le traitement symptomatique. Une évolution vers des approches davantage préventives est en cours, renforcée par le recours croissant au numérique afin de faciliter le diagnostic, suivi, et soins des patients .


Le cas français : des initiatives numériques en réponse à la crise


En France, la crise sanitaire de 2020 à 2022 a mis en lumière les défaillances de nos dispositifs de santé actuels, notamment en matière d’équipements et de technologies. Toutefois, elle a aussi favorisé une révolution numérique. Le recours massif à la téléconsultation en témoigne– étant passé de 80 000 en 2019 à plus de 13 millions en 2020 et ayant atteint 14 millions en 2024 . Dans ce contexte, l’État a mis en place une stratégie d’accélération « santé numérique » visant à promouvoir des pratiques médicales plus personnalisées, préventives, prédictives, participatives et fondées sur des données probantes.


Accélérer la transformation, avec prudence


De nombreuses technologies – intelligence artificielle pour l’imagerie médicale, outils de télésanté, automatisation des laboratoires, gestion énergétique des hôpitaux – peuvent contribuer à améliorer la délivrance des soins. Toutefois, leur déploiement généralisé suppose une réflexion sur la manière de les financer, d’en évaluer les impacts et de garantir leur intégration dans les pratiques existantes.

Selon plusieurs sources institutionnelles, dont la Commission européenne, il devient urgent de renforcer la durabilité des systèmes de santé en s’appuyant à la fois sur l’innovation technologique et sur une gestion responsable des ressources.


Financement : un enjeu structurant pour la transformation


Alors que de nombreuses structures de santé souhaitent moderniser leurs équipements et infrastructures, l’accès au financement reste un obstacle majeur. Les budgets d’investissement public sont souvent limités, et les dépenses courantes absorbent une grande partie des ressources disponibles. Le recours à des solutions de financement alternatives, y compris privées, est de plus en plus envisagé comme levier pour permettre l’acquisition de technologies tout en maintenant la capacité de fonctionnement.

Convertir des coûts d’investissement en charges d’exploitation, financer des projets via des économies futures (notamment en matière d’efficacité énergétique), ou mettre à niveau des équipements existants à travers des montages financiers adaptés sont autant de pistes explorées dans divers pays.


En France, le groupement Biosynergie, composé de plusieurs laboratoires médicaux, a fait le choix de mutualiser ses investissements pour moderniser ses équipements. L'organisation vise à créer une plateforme commune de chimie et d'immunodosage. Siemens a fourni une plateforme d'immunodosage entièrement automatisée, permettant d'augmenter les capacités d'analyse afin de suivre le rythme de la charge de travail maximale sans personnel supplémentaire. SFS a rendu l'investissement abordable grâce à un contrat global tout compris – instrumentation, financement, assurance et maintenance – réparti sur 60 mois pour aligner les coûts sur les bénéfices. Un contrat annuel renouvelable et indépendant a été mis en place pour les réactifs. « L'étalement des paiements sur la durée du financement et l'approche globale avec un interlocuteur unique pour le matériel, les réactifs et le financement nous ont séduits par leur simplicité. Cette solution a permis au laboratoire d'aborder sereinement la création de notre nouveau site d'analyse », précise M. François Léonard de Biosynergie.

Vers une réforme durable du financement


Les acteurs publics et privés convergent sur le constat que de nouvelles approches de financement sont nécessaires. Certains pays explorent des dispositifs mixtes impliquant des partenaires financiers spécialisés. L’enjeu est de permettre l’investissement dans des outils essentiels, tout en assurant la viabilité budgétaire à long terme des systèmes de santé.

Le financement, dès lors, n’est pas un levier secondaire, mais une composante structurante des stratégies de transformation. Son alignement avec les objectifs cliniques, technologiques et environnementaux est indispensable pour répondre aux défis croissants d’assurer la demande en soins de santé.

Zakaria Jghab, Président de Siemens Financial Services (SFS) France

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