L'exposition in utero à certains anti-épileptiques pourrait perturber le développement cérébral

Une étude anglaise indique que les enfants exposés à certains anti-épileptiques au cours de la grossesse ont plus souvent besoin d'un soutien scolaire. Néanmoins, les auteurs de cette étude soulignent que ces résultats doivent être interprétés avec précaution et que seul un médicament (le valproate) présente un risque particulier.

Cette étude rétrospective anglaise a été menée auprès de femmes âgées de 16 à 40 ans et suivies dans un centre spécialisé dans le traitement de l'épilepsie. Dirigée par le Dr N. Adab (Walton Center for Neurology and Neurosurgery, Liverpool), elle est publiée dans le numéro de janvier du Journal of Neurology Neurosurgery and Psychiatry.

Les personnes avaient été contactées par courrier et il leur était demandé de répondre à un questionnaire sur leur(s) grossesse(s), le traitement anti-épileptique reçu durant cette période et sur d'éventuels besoins scolaires particuliers ou soutiens extra-scolaires chez leur(s) enfant(s).

Le questionnaire a été complété par 721 femmes soit 57 % de celles qui avaient été contactées. Parmi elles, 330 avaient eu au moins un enfant. Sur les 594 enfants dénombrés, 400 étaient en âge d'aller à l'école, c'est à dire âgés de 4 à 18 ans.

Sur ces 400 enfants, 150 (37,5 %) avaient été exposés à une monothérapie anti-épileptique in utero, 74 (18,5 %) à une multithérapie et 176 (44 %) n'avaient pas été exposés.

Les enfants exposés étaient 1,49 plus nombreux à avoir eu recours à un soutien scolaire. Ce résultat n'était pas statistiquement significatif au vu de l'intervalle de confiance : odds ratio = 1,49 ; IC 95 % = 0,83-2,67.

Néanmoins, le risque était encore plus élevé (x 3,4) lors d'une exposition à une monothérapie à base de valproate : O.R = 3,4 ; IC 95 % = 1,63-7,10. Les auteurs ont montré que le risque n'était pas augmenté avec la carbamazépine en monothérapie.

Une augmentation du risque a été retrouvée avec les multithérapies incluant le valproate (O.R = 2,51 ; 1,04-6,07) mais pas sans valproate (non significatif).

Les auteurs soulignent que la nature rétrospective de l'étude nécessite une interprétation prudente des résultats et ajoutent que plus de 90 % des grossesses chez les femmes épileptiques ne sont pas problématiques. Néanmoins, ils rappellent que la contribution éventuelle des anti-épileptiques à un retard de développement chez l'enfant reste d'actualité. Dans cette perspective, le valproate semble présenter un risque particulier. Sa prise durant la grossesse nécessite par ailleurs une surveillance attentive, en raison du risque de toxicité néonatale ou de spina bifida, risque qui reste controversé.

Source : J Neurol Neurosur Psychiatry 2001;70:15-21.

Descripteur MESH : Neurologie , Obstétrique , Psychiatrie , Risque , Grossesse , Enfant , Femmes , Carbamazépine , Confiance , Épilepsie , Nature , Personnes

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