Mort subite du nourrisson : le risque de partager le même lit que les parents

Les bébés qui dorment dans le même lit que leurs parents courent un risque particulièrement élevé de mort subite du nourrisson (MSN), en particulier si les parents fument, montre une étude épidémiologique britannique publiée dans le Bristish Medical Journal.

Dirigée par Peter Blair du Royal Hospital de Bristol, cette étude cas-témoins, réalisée sur trois ans dans cinq régions de Grande-Bretagne qui comptent plus de 17 millions d’habitants, a considéré la totalité des morts subites du nourrisson (âgés de 7 à 364 jours). Au total, 325 bébés étaient décédés de MSN. Des entretiens avec les parents ont été conduits dans chaque cas. Cette étude a comporté 1300 contrôles appariés pour l’âge, la localité et le temps de sommeil.

Cette enquête épidémiologique montre qu’il existe un risque nettement accru de MSN pour un bébé qui dort dans le lit de ses parents (odds ratio = 48,99 ; IC 95 % : 5,04 à 475,60].

Les auteurs ont ainsi enregistré que 6,2 % des enfants décédés de MSN partageaient le lit de leurs parents contre seulement 0,5 % des contrôles. Parmi les mères fumeuses qui ont perdu un bébé de MSN, 23,2 % fumaient plus de 20 cigarettes par jour en gardant leur enfant dans leur lit.

L’analyse multivariée a cependant montré qu’il n’y avait pas de risque pour un bébé remis dans son berceau après s’être endormi dans le lit de ses parents (odds ratio 0,67, IC 95% : 0,22 à 2,00). De même, le risque n’est pas accru pour les enfants dont les parents ne fument pas, ou pour les bébés âgés de plus de 14 semaines.

Contrairement aux berceaux, conçus pour remplir certaines conditions de sécurité pour les bébés, les lits d’adulte ne répondent pas à ces exigences et un risque de suffocation accidentelle existe, soulignent les auteurs.

Ils notent que " ce n’est peut-être pas en soi le fait de partager le lit qui est dangereux mais plutôt que des circonstances particulières peuvent survenir ". Et de souligner que le risque semble être associé à une récente consommation d’alcool par les parents, à une très grosse fatigue de leur part, ou encore au fait que le nourrisson soit sous un duvet.

Dans un éditorial associé, Ed Mitchell, pédiatre à l’Université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), fait remarquer que le risque associé au fait que le bébé dorme dans le lit d’un adulte ne rend compte que de 6 % de tous les cas de MSN répertoriés dans cette étude. Il revient en revanche sur un autre chiffre, à savoir que 23 % des décès sont survenus chez des enfants qui dormaient dans le lit d’une mère qui fumait.

" Ceci confirme des travaux menés en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis, en Ecosse et dans les pays nordique. Il est temps de recommander que les mères qui fument ne doivent pas partager le lit avec leur bébé ", conclut-il.

BMJ, 1999, Vol.319, 1457-61, 1461-2.

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