Cancer de la prostate : une large majorité d’hommes sont impuissants après prostatectomie totale

Dix-huit mois après prostatectomie radicale pour cancer de la prostate cliniquement localisé, 8,4 % des hommes sont incontinents et 59,9 % sont impuissants, rapporte une étude américaine qui s’est intéressée au suivi de 1.291 patients.

Publiée dans le JAMA, cette étude a été dirigée par Janet Stanford et ses collaborateurs de la division des sciences en santé publique du Fred Hutchinson Cancer Research Center (Seattle, Etat de Washington). La Prostate Cancer Outcomes Study, dont le suivi atteint 24 mois, a utilisé les registres des cancers de six régions géographiques des Etats-Unis.

A la connaissance des auteurs, c’est la première fois qu’on décrit le pronostic fonctionnel en termes de continence et de puissance de sujets cancéreux opérés par prostatectomie radicale à partir d’une cohorte longitudinale composée de patients non sélectionnés, issus de la population générale.

Outre le fait de montrer un pourcentage significatif de patients ayant des troubles de la fonction érectile et un déclin de la fonction urinaire, cette étude montre que parmi les hommes qui étaient puissants à l’inclusion, le pourcentage de ceux qui étaient devenus impuissants variait selon le geste chirurgical. On comptait ainsi 65,6 % de patients avec problèmes de la fonction érectile quand l’intervention ne respectait pas les bandelettes neuro-vasculaires, 58,6 % quand elle les épargnait d’un côté et 56,0 % quand la procédure les épargnait des deux côtés (p=0,001 entre la première et la troisième technique).

A 24 mois de suivi, une perte du contrôle urinaire a été observée chez 8,7 % des patients. Par ailleurs, 41,9 % des opérés ont rapporté des troubles de la fonction sexuelle qu’ils considéraient modérés à importants.

Les résultats en termes de continence et de puissance variaient avec l’âge. Ainsi, à 18 mois, 39,0 % des hommes âgés de moins de 60 ans avaient des érections normales, contre 15,3 % à 21,7 % parmi les patients plus âgés (p<0,001). De plus, à 18 mois ou plus, 13,8 % des hommes âgés de 75 à 79 ans avaient une incontinence urinaire, contre 0,7 % à 3,6 % chez les patients plus jeunes (p=0,3).

La fonction sexuelle dépendait, elle, à la fois de l’âge et du groupe ethnique. Ainsi, à 18 mois et plus, 38,4 % des noirs ont rapporté des érections normales, contre 25,9 % chez les hispaniques et 21,3 % chez les blancs (p=0,001).

Malgré les problèmes de continence et de puissance rapportés au cours des 24 mois de suivi de cette cohorte, " la plupart des hommes (75,5 %) se déclarent satisfaits ou contents de leur traitement et 71,5 % choisiraient encore la prostatectomie radicale ".

Selon les auteurs, ces données devraient être " particulièrement utiles " pour les médecins et leurs patients confrontés à différentes options thérapeutiques.

Dans la mesure où le suivi de cette étude se poursuit, il sera intéressant de disposer de données supplémentaires sur le pronostic fonctionnel de patients ayant subi une prostatectomie radicale pour cancer localisé. Elles pourraient permettre de prédire, à moyen et long terme, le pronostic des fonctions sexuelle et urinaire de patients appartenant à des groupes homogènes avant intervention chirurgicale.

Source : JAMA, 19 janvier 2000, Vol.283, N°3, 354-60.

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