Le statut socioéconomique : un facteur déterminant pour le traitement et la survie du cancer du sein

Aux Etats-Unis, on connaît depuis longtemps l'existence de différences dans le diagnostic, le traitement et l'évolution du cancer du sein selon l'origine ethnique des patientes. Toutefois, une étude nouvellement publiée montre que l'origine ethnique n'est pas le déterminant principal des variations observées. Des conditions socioéconomiques défavorables en sont la cause essentielle.

Dans le cas du cancer du sein, diverses études ont permis d'établir que les patientes afro-américaines recevaient un diagnostic à un stade plus avancé de la maladie ou avaient une survie réduite par rapport à la population blanche américaine. Toutefois, ces observations posent toujours la question de l'origine profonde de ces différences.

Afin de mieux appréhender ce problème, le Dr Cathy Bradley et ses confrères de l'Université d'Etat du Michigan ont revu les dossiers de 5.719 patientes avec un cancer du sein. Parmi elles, 593 bénéficiaient du Medicaid et avaient des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Les autres patientes souscrivaient à d'autres formes d'assurance maladie ou n'étaient pas assurées.

L'analyse brute des données montre que comparées aux patientes blanches, les patientes afro-américaines avait un risque multiplié par 1,53 de recevoir un diagnostic de cancer du sein à un stade avancé de la maladie. Par ailleurs, le risque de ne pas bénéficier d'une radiothérapie après une chirurgie conservatrice était multiplié par 1,26. Le risque de ne pas recevoir de chirurgie était multiplié par 2 et le risque de décès multiplié par 1,39.

Après avoir pris en compte le statut socio-économique des patientes, ces différences selon l'origine ethnique ne sont plus significatives, excepté pour ce qui est du choix de l'opération chirurgicale. Chez les femmes qui bénéficiaient d'une opération, la chirurgie conservatrice était 1,63 fois plus fréquente chez les Afro-américaines.

Enfin, si l'on centre la comparaison sur les patientes sous Medicaid, c'est à dire les plus démunies, ces dernières recevaient un diagnostic à un stade avancé plus fréquemment (risque multiplié par 1,41), bénéficiaient moins souvent d'une radiothérapie post-chirurgicale (- 44 %) et avaient un risque de décès multiplié par trois par rapport à celles qui n'étaient pas couvertes par le Medicaid.

D'après les auteurs, ces travaux montrent une fois de plus que la pauvreté est un frein puissant à l'accès au dépistage et aux traitements. De ce fait, les plus pauvres sont celles dont l'évolution est la plus péjorative.

Dans un éditorial, le Dr Otis Brawley (Emory University) ajoute que la disparité dans la mortalité par cancer du sein entre les patientes blanches et les patientes afro-américaines a continué d'augmenter chaque année au cours des 20 dernières années. "Trouver les vraies raisons de cette disparité est essentiel si l'on veut effectivement réduire cela", explique Brawley.

"Plutôt que de parler en termes d'origine ethnique ou de race pour les populations blanches ou afro-américaines, il est plus approprié de parler en termes socioéconomiques de ceux qui 'ont' et de ceux qui 'n'ont pas' ", conclut Brawley.

Source : J Natl Cancer Inst 2002;94:490-6.SR

Descripteur MESH : Survie , Tumeurs du sein , Diagnostic , Risque , Maladie , Pauvreté , Radiothérapie , Assurance , Assurance maladie , Éditorial , Femmes , Michigan , Mortalité , Population

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