Les balles en caoutchouc ne sont pas adaptées pour le contrôle des mouvements de manifestation

Au travers d’une étude publiée dans la revue The Lancet, des médecins israéliens soulignent les dangers associés à l’utilisation de balles en caoutchouc pour contrôler les foules. L’examen de plus de 200 blessés montre que ce type de munitions n’est pas assez sûr pour être utilisé contre les foules ou les manifestants.

Les balles en caoutchouc ont été employées pour la première fois par les forces britanniques en Irlande du Nord en 1970. Ces projectiles sont normalement utilisés afin de dissuader les foules ou les manifestants hostiles. Leur composition est supposée causer des blessures légères, contrairement aux dégâts des munitions conventionnelles.

Des balles en caoutchouc à faible vitesse ont été utilisées par les forces de police israélienne en octobre 2000 afin de contrôler des émeutes menées par des arabes d’Israel.

Le professeur Michael Krausz (Rambam Medical Center, Haifa) et ses collaborateurs ont analysé le profil des blessures consécutives à ces évènements. Les médecins ont revu les données de 152 patients qui portaient au total 201 blessures infligées par des balles en caoutchouc.

Deux types de balles en caoutchouc ont été employés. Les premières étaient composées d’un projectile cylindrique formé de trois billes de métal enrobées d’un revêtement de caoutchouc de 0,2 cm d’épaisseur. Le projectile pèse 48 g et se dissocie en ses trois composants lorsqu’il est envoyé. Son rayon d’utilisation recommandé est de 40-70 mètres. Le deuxième type de projectile est composé de 15 balles en caoutchouc avec un noyau en métal, chacune pesant 17 g.

Ces projectiles doivent normalement être utilisés vers les membres inférieurs. Cependant, Krausz et ses confrères expliquent que les blessures observées étaient réparties sur l’ensemble du corps. On a recensé 73 blessures aux jambes, 61 à la tête ou au cou, 39 à la poitrine, 16 dans le dos et 12 dans l’abdomen.

« 93 patients (61 %) avaient des blessures non pénétrantes et 59 (39%) des plaies pénétrantes. La sévérité des blessures variait selon le type de balle employé, la distance du coup de feu et le site de l’impact. Ces blessures ont été la cause directe de deux décès et la cause indirecte d’un décès.

Selon Krausz, « La nécessité pour les autorités de contrôler les perturbations civiles est reconnue. Les techniques utilisées par les forces de police doivent être efficaces et capables d’éviter au maximum les blessures sérieuses auprès des manifestants ». Cependant, Krausz ajoute que les balles en caoutchouc (ou plutôt enrobées de caoutchouc) peuvent causer des blessures graves surtout lorsqu’elles sont reçues dans des zones plus vulnérables telles que la tête, le cou ou le torse. De plus, leur précision est limitée et leur force d’impact trop élevée dans cette utilisation.

Pour ces raisons, Krausz et ses collaborateurs estiment que ce type de munitions n’est pas approprié pour le contrôle des manifestations. Si elles doivent être employées, la zone ciblée devrait absolument être les membres inférieurs et les tirs réalisés à plus de 40 mètres.

Source : Lancet 2002 ;359 :1795-800

SR

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