Une régression tumorale induite par l’inactivation transitoire d’un oncogène

L’inactivation transitoire de l’oncogène MYC permet d’induire la régression définitive de cellules de sarcome ostéogénique chez la souris, indique une étude américaine publiée dans la revue Science. En raison des similitudes entre le modèle animal utilisé et les sarcomes ostéogéniques humains, les chercheurs estiment que l’inactivation transitoire de MYC pourrait être efficace dans certains cancers.

Le rôle des oncogènes dans l’acquisition d’un phénotype tumoral est largement démontré et étudié. Des études sur l’inactivation de ces oncogènes pour lutter contre le cancer sont en développement mais cette démarche doit faire face à deux questions, comme l’expliquent Jain et al. dans le compte rendu de leurs travaux sur l’inactivation de MYC dans des cellules de sarcome ostéogénique.

« Ces approches pourraient être limitées par la toxicité causée par l’inactivation prolongée du proto-oncogène associé. De plus, l’arrêt de l’inactivation pharmacologique d’un oncogène pourrait conduire à un retour de la croissance de la tumeur », précisent ces chercheurs dans leur article.

Jain et ses confrères ont utilisé des souris transgéniques capables de surexprimer l’oncogène MYC. Dans ce modèle, MYC est exprimé en absence de doxycycline et inactivé en présence de doxycycline. Cette surexpression induit la formation d’un sarcome ostéogénique chez les animaux. Les chercheurs soulignent à ce propos que MYC est souvent surexprimé dans les sarcomes ostéogéniques humains et de rongeurs.

L’objet de leur étude était de définir les conséquences d’une inactivation transitoire (et non pas définitive) de MYC chez ces animaux.

Ils ont ainsi montré qu’une brève inactivation de MYC conduisait à une régression durable des tumeurs et à une différenciations des cellules de sarcomes ostéogéniques en des ostéocytes matures. Ces résultats montraient l’intérêt de l’inactivation de l’oncogène mais il restait à étudier les conséquences d’une réactivation.

Cette réactivation a été induite par l’arrêt de la doxycycline. De façon surprenante, cette réactivation de MYC n’a pas restauré un phénotype malin avec une prolifération cellulaire. Les cellules tumorales sont entrées en apoptose.

Ainsi, une inactivation transitoire de MYC serait suffisante pour que les cellules tumorales étudiées ici perdent leur phénotype néoplasique. Les chercheurs estiment toutefois que la généralisation des résultats est rendue délicate par la spécificité de leur modèle dont la validité reste à éprouver. Ils ajoutent aussi qu’il sera beaucoup plus difficile d’induire la régression des cancers humains par l’inactivation d’oncogènes.

Source : Science 2002 ;297 :102-4

SR

Descripteur MESH : Cellules , Sarcomes , Doxycycline , Phénotype , Animaux , Oncogènes , Apoptose , Croissance , Démarche , Face , Ostéocytes , Prolifération cellulaire , Rôle , Souris transgéniques , Tumeurs

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