Soins intensifs : une solution d’alimentation immunonutritive pourrait réduire les coûts directs d’hospitalisation jusqu’à 30%

L’administration à des patients hospitalisés en unité de soins intensifs d’une solution d’alimentation entérale immunonutritive réduit les coûts directs d’hospitalisation jusqu’à 30% par rapport à une solution standard, indique une étude présentée au 12e Congrès annuel de l’European Society of Intensive Care Medicine.

Le Dr David Bihari, aujourd’hui au Prince of Wales Hospital de Sydney (Australie), a conduit son analyse à partir des données d’un essai clinique qu’il avait conduit au Guy’s Hospital de Londres entre 1992 et 1994 sur une cohorte de 398 patients admis en soins intensifs. Les résultats de cette analyse économique ont été soumis à la revue Critical Care Medicine.

La solution immunonutritive utilisée (Impact®, Novartis Nutrition) renferme des ARN de levure (uracile), des acides gras polyinsaturés oméga 3 (dérivés de l’acide linolénique) et de l’arginine. Cet acide aminé est non essentiel, mais la synthèse endogène peut devenir insuffisante en cas de stress métabolique et donc en quelque sorte devenir essentiel.

Cette analyse de coût-efficacité a évalué le nombre de toutes les interventions thérapeutiques réalisées quotidiennement chez les patients recevant une immunonutrition ou une solution d’alimentation standard isocalorique et isoazotée. Elle s’appuie sur les données obtenues au cours d’une étude prospective, randomisée, menée en double-aveugle comparant les deux types de solutions d’alimentation entérale équivalentes sur le plan énergétique mais différentes en termes de suppléments immunomodulateurs.

Au total, 390 patients ont été évaluables dans cette analyse en intention-de-traiter (ITT) sur les 398 sujets inclus : 197 patients dans le bras ‘immunonutrition’ et 193 sous ‘solution standard’ dans le bras contrôle. Par ailleurs, 101 patients (50 sous immunonutrition et 50 dans le groupe contrôle) ont reçu une alimentation entérale précoce adéquate, en l’occurrence plus de 2,5 litres dans les 72 heures suivant l’admission en unités de soins intensifs (USI).

Les patients ayant reçu cette immunonutrition précoce ont pu être sevrés plus tôt de la ventilation mécanique, au bout de 6 jours [1-40] vs. 11 jours [10-204], p=0,007. De même, ils sont restés en USI en moyenne 4,5 jours de moins que les patients du groupe contrôle (7,5 jours vs. 12 jours). En effet, un moindre nombre d’interventions thérapeutiques par patient a été enregistré : dans le groupe ‘immunutrition’ que dans le groupe contrôle : 265 [50-1670] vs. 380 [41-5622], p= 0,02.

Considérant que le prix de la solution immunonutritive est 3 à 12 fois plus élevé que la celui de la solution standard à 3 dollars le litre, le Dr Bihari a calculé à partir des 197 patients inclus de cette analyse en ITT que le surcoût par patient recevant l’immunonutrition se situe entre 201 et 1.293 dollars, ce qui représente entre 1,2 et 7,4% des coûts totaux en USI.

5.000 dollars d’économie par patient sous immunutrition précoce adéquate

Surtout, ce clinicien déclare avoir observé “une réduction moyenne des coûts associés à l’immunonutrition de 4.945 dollars par patient admis en USI recevant précocement une quantité de solution immunonutritive adéquate”. Ceci représente une diminution en moyenne de 30% des soins directs en USI (IC 95% compris entre 15% et 43%) pour ce sous-groupe de patients.

"Au total, précise à caducee.net le Dr Bihari, le coût des soins en USI par patient a été de 11.395 dollars dans le groupe immunonutrition vs. 16.340 dollars dans le groupe contrôle".

Les données présentées montrent que l’utilisation de la solution immunonutritive est en fait coût-efficace pour l’ensemble des patients admis en USI. En effet, ajoute le Dr Bihari, “le surcoût, estimé entre 200 et 1.300 dollars par patient est en fait contrebalancé par l’économie de 5.000 dollars réalisée pour chaque patient recevant une immunonutrition précoce adéquate. Au total, nous estimons qu’il serait possible d’économiser entre 2.000 et 8.000 dollars chez tout patient en USI qui absorbe la solution”

Le Dr Bihari souligne cependant que le taux de mortalité étant identique dans les deux groupes [41% dans le groupe imunonutrition (n=80) vs. 38% dans le groupe contrôle (n= 74)], la supériorité de l’immunonutrition réside par conséquent dans la diminution du taux de complications et de la durée du séjour en USI, qui se traduit par une réduction des coûts.

“Afin de savoir si la composition de cette solution immunonutritive peut être améliorée, une étude randomisée, menée auprès de 1.200 patients, à comparer l’administration de la solution immunonutritive Impact® à celle d’une nouvelle formulation comprenant en plus de la glycine, un acide aminé dont des études ont montré qu’il pourrait protéger des lésions d’ischémie-reperfusion. Cet essai a associé mon équipe à Sydney ainsi que le Guy’s Hospital, le St. Thomas, le St. Georges de Londres et l’University of Wales Hospital à Cardiff. Il vient juste de se terminer”, confie le Dr Bihari à caducee.net.

Source : European Society of Intensive Care medicine,12th Annual Congress, Berlin. 3-6 octobre 1999.

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