La plupart des allergies rapportées aux bêta-lactamines chez les enfants n’en sont pas

Seul un petit nombre d’enfants suspects de faire une allergie aux bêta-lactamines sont réellement allergiques à ces antibiotiques. En fait, la plupart des réactions rapportées sont probablement dues aux maladies infectieuses ou à des interactions entre les médicaments et les agents infectieux, rapportent des médecins français dans la revue Pediatrics.

Le Dr Claude Ponvert et ses collègues de l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris) ont étudié des enfants qui leur étaient adressés pour suspicion clinique d’allergie aux bêta-lactamines. Forte de 325 enfants (169 garçons set 156 filles) âgés de 8 mois à 17 ans, cette série représente à ce jour la plus grande cohorte de ce type.

Des tests cutanés (prick tests et injections intradermiques) ont été réalisés avec les formes solubles de la bêta-lactamine incriminée (ou de celle la plus proche) ainsi qu’avec des bêta-lactamines d’autres classes. La réaction a été évalué après 20 minutes (réaction immédiate), à 8 heures (réaction accélérée), puis entre 48 et 72 heures (réaction différée). Des tests de provocation par voie orale ont également été effectués avec les bêta-lactamines en question.

78% de fausses allergies aux pénicillines

Les tests cutanés et de provocation par voie orale ont conduit à poser le diagnostic d’allergie chez respectivement 7,4% et 4,6% des enfants. Ainsi, seuls 12% des enfants se sont révélés réellement allergiques après ces tests diagnostiques.

La plupart des sensibilisations IgE-dépendantes (84,6%) ont été diagnostiquées par les tests cutanés. En revanche, 70,6% des sensibilisations semi-tardives ou retardées ont été révélées par les tests de provocation par voie orale. Ces résultats montrent donc que “les tests cutanées ont une faible valeur diagnostique et prédictive vis-à-vis de l’hypersensibilité non immédiate aux bêta-lactamines chez les enfants”.

Parmi les enfants reconnus comme allergiques sur les résultats des tests cutanés et de provocation par voie orale, 11,7% l’étaient aussi vis-à-vis de plusieurs classes de bêta-lactamines.

Les auteurs indiquent que la plupart des réactions rapportées étaient probablement causées par les maladies infectieuses. Ils rappellent que l’urticaire aigu et l’oedème de Quincke sont principalement causés par des infections, en particulier des viroses bénignes, indépendamment du traitement. De même, les mycoplasmes et les virus sont responsables d’urticaire morbilliforme et de rash chez les enfants. Par ailleurs, une éruption maculopapuleuse, un syndrome de Stevens-Johnson, une épidermolyse nécrosante suraiguë (syndrome de Lyell) peuvent résulter de la destruction des cellules épithéliales infectées par des lymphocytes T cytotoxiques.

Enfin, ils soulignent que des réactions cutanés peuvent être le fait d’une interaction entre des agents infectieux et des antibiotiques, comme l’attestent des observations faites lors d’infections par le virus d’Epstein-Barr, le virus influenzae ou le virus du sida.

Interrogé par caducee.net, le Pr Pierre Scheinmann,co-auteur de l’article et chef de service de pneumologie-allergologie pédiatrique à l’hôpital Necker, indique qu’il faut “absolument tester les enfants qui ont eu un accident sévère, de type anaphylactique, aux pénicillines de façon à déterminer si on est en présence d’une véritable allergie et trouver un antibiotique de susbstitution quand cela est possible”.

“Surtout, si l’on est contraint d’utiliser l’antibiotique auquel l’enfant est allergique, il importe que ce jeune malade soit adressé dans un service spécialisé où l’on pourra réaliser une accoutumance, qui consiste dans un premier temps à administrer une dose infinitésimale pour arriver en quelques heures à la dose thérapeutique utile par voie intraveineuse, par exemple en cas de mucoviscidose ou de septicémie”, conclut ce spécialiste.

Pediatrics, Vol.194, N°4, octobre 1999.

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