Antibiotiques : conforter les acquis et amplifier la baisse

16%: c'est le niveau de baisse de prescriptions depuis 2002, année de démarrage du programme antibiotique. Cette diminution est surtout importante chez les enfants, premières cibles des résistances: elle atteint 20,6% chez les 0-6 ans. Deux études scientifiques récentes montrent que le nombre d'échecs thérapeutiques a augmenté chez eux mais que le phénomène est réversible.

Ce succès est le fruit de la mobilisation de tous : médecins, patients, l'Assurance Maladie, professionnels de l'enfance, associations de famille, médias…. Avec une consommation inappropriée jusqu'à 50%, il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre un niveau de consommation moyen, permettant de lutter contre les résistances. A la suite de 180 tables rondes petite enfance, une collaboration de fond entre les partenaires s'engage pour évacuer le malentendu entre parents, personnel de garde et médecins confortant le recours abusif à l'antibiotique.En 2004, la baisse de consommation inadéquate d'antibiotiques se confirme

A épidémie constante, l'Institut Pasteur a observé une diminution de prescriptions de 5,4% pour l'hiver 2003-2004 (soit 1,9 millions de traitements antibiotiques en moins), qui porte la baisse globale des prescriptions depuis 2002 à 16%, soit 6,4 millions de traitements inappropriés évités. Les familles d'antibiotiques les plus consommées dans le cadre d’infections respiratoires et ORL sont les plus concernées: -25,4% pour les pénicillines et -16,9% pour les macrolides depuis 2002. Les moins de 15 ans connaissent en 2003-2004 une diminution plus forte que la population globale (11,6% contre 5,4%). Alors qu'ils représentent à peine 1/5 ème de la population française, ils constituent près de la moitié de la baisse de prescriptions totale depuis 2002.

Les très bons résultats obtenus depuis 2002 ne doivent pas masquer les efforts encore à fournir pour parvenir à une diminution de 25%. L'atteinte de cet objectif qui classerait la France seulement parmi les consommateurs moyens en Europe et permettrait de commencer à lutter efficacement contre la résistance bactérienne.

Les résistances bactériennes chez les enfants: davantage d'échecs thérapeutiques, mais des preuves que le phénomène peut être enrayé

En 2002, les 0-5 ans représentaient 6% de la population et 19% des prescriptions d'antibiotiques. Ils sont les premières cibles des résistances : consommation excessive d'antibiotiques, mauvaise observance des traitements et vie en collectivité favorisent le développement et la transmission des bactéries résistantes. Des travaux menés entre 2000 et 2003 indiquent que la proportion d'échecs thérapeutiques dus aux résistances a considérablement augmenté chez les enfants : on constate 10% d’échec thérapeutique chez les "petits" atteints d’otites et dans plus d’un cas sur deux, les responsables sont les pneumocoques résistants. De même, on a observé une augmentation des streptocoques résistants de 6 à 22% chez les enfants atteints d’angine.

Cette situation est néanmoins réversible: des premières données scientifiques le prouvent. Dans le cadre de l'évaluation du vaccin anti-pneumococcique, on a observé qu'une baisse de la consommation inappropriée d'antibiotiques et le développement de la vaccination ont pour conséquence une baisse des résistances. Le nombre de pneumocoques très résistants aux pénicillines a ainsi diminué de 21 à 11% en trois ans alors que le nombre d'enfants vaccinés a augmenté de 8,5 à 59% et que la consommation d'antibiotiques a baissé de 51,5% à 42%.

1600 professionnels de la petite enfance prêts à accompagner l'action pédagogique du médecin

La gestion complexe de l'enfant malade en garde collective joue un rôle clé dans la consommation inadéquate d'antibiotiques. 1600 professionnels de la petite enfance, qui ont participé aux 180 tables rondes organisées en régions depuis décembre 2003, ont identifié l'origine du problème : un non dit généralisé, qui crée un malentendu entre parents, professionnels de la petite enfance et médecins. Chacun pense satisfaire la demande de l'autre en plébiscitant l'antibiotique, considéré comme la "super" pièce justificative qui permettra le retour de l'enfant en collectivité. Les personnels de garde, les médecins et les associations de familles ont dégagé trois voies de progrès susceptibles d'écarter ce malentendu: renforcer la formation des équipes, clarifier les règlements intérieurs, resserrer les liens avec le médecin de collectivité.

Conscients de l'enjeu de résistance bactérienne, plus de 80% des participants aux tables rondes estiment pouvoir agir auprès de leur équipes et des parents et sont prêts à servir de relais pour promouvoir le bon usage.

La mobilisation de tous les acteurs continue pour promouvoir le bon usage

Les efforts pour progresser dans le sens d'un meilleur usage des antibiotiques doivent être maintenus: ancrer de nouveaux comportements dans le quotidien est une action de longue durée et il reste du chemin à parcourir avant d'atteindre un niveau de consommation acceptable. La sensibilisation et l’information du public et des parents vont donc être poursuivies par une campagne TV, radio et presse à partir de novembre 2004. Avec 2,5 millions de Test de Diagnostic Rapide de l'Angine distribués et 58% des médecins formés à l'antibiothérapie, un des objectifs prioritaires reste aussi de faciliter la pratique des médecins.

Préserver l'efficacité des antibiotiques est désormais sorti du cadre strictement scientifique et médical: cet enjeu est aussi l'affaire d'autres acteurs de la société civile. C'est une évolution à laquelle l'Assurance Maladie souhaite apporter son soutien grâce au maillage cohérent et rigoureux que forme son réseau sur l'ensemble du territoire. Le programme 2005-2007 va ainsi se concentrer sur une étroite collaboration avec les acteurs de terrain: en premier lieu, aider les professionnels de la petite enfance à ancrer le bon usage dans la longue durée chez les parents.

Cette nouvelle phase du programme s'ouvre avec l’exposition Microbes en questions, inaugurée du 12 au 30 janvier 2005 à la Cité des Sciences, qui entamera ensuite un Tour de France pour aller à la rencontre des enfants et de leurs parents.

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