L'OMS engage les pays à adopter de nouveaux antipaludiques non résistants

Dans l'action qu'ils mènent pour combattre le paludisme et pour atteindre le but déclaré, à savoir sauver d'ici à 2010 la vie de la moitié des 800 000 jeunes enfants victimes chaque année de cette maladie, les Etats africains ont, entre autres tâches difficiles, celle d'interrompre la hausse des niveaux de pharmacorésistance

.Les médicaments les plus économiques et les plus faciles à se procurer sont de moins en moins efficaces. C'est pourquoi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dans son programme Faire reculer le paludisme, invite instamment les pays à adopter un nouveau type d'association médicamenteuse lorsque tout porte à croire que les médicaments classiques existants ne fonctionnent plus.

Les nouvelles associations thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT), dérivées en partie d'une plante chinoise, sont les antipaludiques les plus prometteurs. Elles éliminent le parasite du paludisme très rapidement, grâce à quoi le malade récupère vite, en provoquant très peu d'effets secondaires.

Les ACT associent deux médicaments qui agissent différemment, ce qui réduit le risque de résistance du parasite du paludisme - devenu rapidement résistant aux monothérapies - à ces associations médicamenteuses.

L'OMS vient d'ajouter l'une de ces associations médicamenteuses (artéméther/lumefantrine) à sa liste des médicaments essentiels - liste des médicaments essentiels prioritaires pour les pays.* Ce médicament, connu sous son nom de marque Coartem, est le seul qui associe dans un même comprimé un composé de l'artémisinine et un autre composé. L'OMS recommande également, là où ces médicaments demeurent efficaces, l'utilisation d'autres associations de composés d'artémisinine et de médicaments actuellement utilisés tels que l'amodiaquine ou la sulfadoxine-pyriméthanine.

Le Fond mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, réuni à New York, est convenu de financer des actions proposées pour "Faire reculer le paludisme" à Zanzibar et en Zambie, et notamment l'achat et l'utilisation progressive des nouvelles ACT.

"Nous espérons que le Fond et d'autres mécanismes de financement seront utilisés pour acheter des ACT là où elles sont nécessaires pour traiter le paludisme et améliorer la lutte contre la maladie dans les communautés à risque," a déclaré le Dr Gro Harlem Brundtland, Directeur général de l'OMS. "L'OMS s'est efforcée, en collaboration avec divers partenaires, dont les fabricants, de réduire le prix des ACT dans les pays en développement. Il est important que les pays qui en ont besoin puissent se les procurer et les utiliser durablement."

Pendant des décennies, l'antipaludique le plus connu a été la chloroquine, médicament peu coûteux qui a sauvé des millions de vies. Ces dernières années, cependant, le parasite du paludisme est devenu résistant à la chloroquine, qui n'est donc plus efficace dans de nombreux pays. Dans de nombreux pays d'Afrique orientale, centrale et australe, on observe déjà des niveaux de résistance élevés à la chloroquine, et cette résistance est aussi de plus en plus fréquente en Afrique occidentale.

C'est pourquoi de nombreux pays ont adopté comme traitement de première intention la sulphadoxine-pyriméthamine, connue sous le nom de SP ou "Fandisar". Cependant, la résistance à la SP gagne aussi du terrain.

Des données nouvelles indiquent que le nombre des décès d'enfants dus au paludisme a commencé à augmenter par suite de l'inefficacité et de la mauvaise qualité des médicaments. Des données récentes indiquent également que, sous l'effet des niveaux de pharmacorésistance croissants, près de la moitié de l'argent consacré aux antipaludiques sert à payer des traitements inadaptés. Cela montre aussi qu'il importe de privilégier davantage la prévention du paludisme, et de recourir à des mesures économiques d'une efficacité avérée comme les moustiquaires imprégnées d'insecticides.

Il faut du temps pour modifier une politique pharmaceutique et introduire les changements. Il faut trouver de nouvelles sources de produits et de financement, former du personnel et mettre en place des canaux de distribution. A mesure que des pays plus nombreux commencent à utiliser ces nouvelles associations thérapeutiques, on s'attend à ce que leur production augmente en réponse à la demande. Des informations supplémentaires sur l'innocuité de ces médicaments pour des groupes à risque comme les nourrissons et les femmes enceintes devront être publiées. Et il faudra améliorer le conditionnement de ces médicaments pour aider à faire en sorte que les malades observent le traitement dans sa totalité.

L'OMS recommande que les pays entament cette transition dès que les niveaux de résistance dépassent 15% et que le changement soit opéré avant que la résistance n'atteigne 25%.

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