Chez le singe, un vaccin contre le SIDA permet de contrôler le virus et d'empêcher le passage au stade SIDA

Un nouveau type de vaccin contre le SIDA, testé chez le singe, assure une augmentation de la réponse immunitaire, un contrôle de la virémie et bloque l'évolution vers un syndrome d'immunodéficience. Ce vaccin ne protège pas de l'infection, mais il permet de ralentir la progression de la maladie.

Cet essai de vaccination chez des singes rhésus a été conduit par Dan Barouch et plusieurs collaborateurs du Beth Israel Deaconess Medical Center de Boston et d'autres centres de recherche américains. Ce groupe de recherche publie ses résultats dans le numéro de Science du 20 octobre.

L'objectif de ce vaccin est double : induire une réponse immunitaire contre des protéines virales et stimuler cette réponse immunitaire.

Les chercheurs ont immunisé les singes en leur injectant un plasmide (séquence d'ADN circulaire) codant pour des protéines correspondantes aux gènes Gag et Env du virus, afin d'induire une réponse contre le virus.

Pour stimuler la réponse immunitaire, les singes ont également reçu de l'interleukine 2 (IL-2). L'IL-2 était couplée à un fragment d'immunoglobuline (fragment Fc d'IgG). L'intérêt de cette protéine de fusion (IL-2/Ig) est d'accroître la demi-vie de l'IL-2 dans l'organisme. Deux "formes" d'IL-2 ont été évaluées : soit la protéine de fusion purifiée, soit l'injection d'un plasmide codant cette protéine de fusion.

Après l'injection d'une souche particulièrement virulente (SHIV-89.6P), les auteurs ont observé l'évolution des singes immunisés ou non. Vingt singes ont été étudiés.

Le vaccin n'a pas empêché l'infection mais les singes immunisés ont beaucoup mieux répondu au virus.

Les singes non-immunisés ont montré une faible réponse des lymphocytes T cytotoxiques (CD8+), une diminution rapide des CD4 et aucune réponse spécifique de CD4 contre le virus. De plus, outre une charge virale élevée, une progression clinique vers un syndrome d'immunodéficience a été notée, conduisant au décès de 50 % (4/8) des singes 140 jours après l'infection.

L'évolution des huit singes immunisés était significativement différente : réponse secondaire des CD8, nombre de CD4 stable et réponse des CD4 préservée. Enfin, 140 jours après l'infection, la virémie était très basse (voire indétectable) et aucune évolution clinique n'a été observée. Aucun des singes n'a succombé à l'infection.

Quatre singes n'ont reçu que l'ADN codant pour les protéines virales. Ces derniers ont montré une réponse intermédiaire. Deux ont présenté les signes cliniques de la maladie.

Evidemment, ce vaccin a été évalué chez des singes et ne protège pas de l'infection. Néanmoins, ces résultats très encourageants montrent qu'il serait possible de ralentir très significativement l'évolution de la maladie, de diminuer la charge virale et donc réduire les risques de transmission.

Source : Science 2000;290:486-492

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