Le vaccin d’AstraZeneca ne serait pas moins efficace contre le « variant anglais » devenu majoritaire en France

Le vaccin d’AstraZeneca ne serait pas moins efficace contre le « variant anglais » devenu majoritaire en France Alors que la vaccination contre la covid-19 vient de débuter en médecine de ville et que le variant dit anglais devient majoritaire en France selon Sante Publique France, des doutes subsistent sur l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca notamment contre ce variant plus contagieux. Il est vrai que les essais cliniques ont été pour le moins chaotiques et ont fragilisé les résultats obtenus qui restent à ce jour incomplets. Néanmoins d’après les études les plus récentes publiées en PrePrint, son efficacité estimée à 67 % ne différerait pas des autres lignées génétiques. En revanche contre le variant « Sud-Africain » son efficacité n’a pas été démontrée.

Un vaccin à vecteur viral

Le vaccin ChAdOx1-S commercialisé par AstraZeneca repose sur un vecteur viral, en l’occurrence un adénovirus de chimpanzé modifié de telle sorte à embarquer le gène de la protéine « spike » et à diminuer ses capacités de réplication. Ces modifications génétiques ont pour objet de générer la réponse immunitaire attendue contre le coronavirus SARS-Cov-2 tout en limitant les effets indésirables.

Des essais chaotiques

Si les protocoles initiaux des essais prévoyaient une seule dose, les études d’immunogénicité ont poussé les promoteurs à ajouter une autre injection, 28 jours après la première. En pratique, pour la majorité des participants ce délai a été porté à 42 jours voire à 12 semaines pour un grand nombre d’entre eux.

Jusqu’à fin janvier 2021, les données publiées sur l’évaluation de l’efficacité du vaccin d’AstraZeneca étaient issues de deux essais cliniques randomisés en simple aveugle dont les résultats étaient partiels. Seule la moitié des données des 21 000 personnes initialement enrôlées dans les essais ont pu être analysées dans les résultats finaux en raison de diverses erreurs dans le protocole ou de tests sérologiques positifs à l’inclusion. Ce qui rend les résultats présentés particulièrement fragiles.

Un vaccin qui serait efficace à 70 %, mais avec des données fragiles et des incertitudes sur certains groupes

Dans ces essais, la diminution relative du risque d’être atteint par la covid-19 était d’environ 70 %. Même si elle est probable, la réduction de ce risque versus les formes graves de la covid-19 n’a pu être démontrée. L’incertitude concernant les participants qui avaient au moins un facteur de risque est encore plus importante que pour l’ensemble des sujets étudiés.

Les effets indésirables sont fréquents et consistent essentiellement dans des réactions locales et/ou systémiques qui se traduisent par un syndrome pseudogrippal de 24 ou 48 heures.

Les données les plus récentes ne changent pas la donne

Depuis les premières publications, deux nouveaux essais cliniques sur des effectifs plus limités ont été publiés. Une étude portant sur l’analyse groupée des 4 essais disponibles a été publiée dans le Lancet le 19 février dernier.

Les données de 17 000 sujets sans antécédent de la covid-19 ont donc pu être analysées. 15 jours après la seconde injection, 248 cas de la covid-19 ont été diagnostiqués dans le groupe témoin contre 84 dans le groupe vaccin. Ces chiffres positionnent l’efficacité du ChAdOx1-S d’AstraZeneca à 67 % avec un IC à 95 % de (57,74). On compte deux hospitalisations dans le groupe vaccin contre 22 dans le groupe témoin. En dépit des nouvelles données, l’efficacité vaccinale chez les sujets de plus de 55 ans n’a toujours pas été démontrée.

Il convient de noter que ce vaccin n’est toujours pas commercialisé aux États-Unis ni en Suisse dont les autorités attendent encore des données complémentaires.

Un vaccin aussi efficace contre le variant dit « Anglais »…

Sur les 8500 patients anglais enrôlés dans un des 4 essais pris en compte dans les données d’évaluation clinique, 120 cas symptomatiques et 34 cas asymptomatiques se sont produits dans la cohorte d’efficacité primaire finalement retenue. Ces cas ont fait l’objet de prélèvements dont la lignée génétique a été analysée.

Sur les 120 cas symptomatiques, 34 avaient le variant « anglais » et 86 un autre variant. Cette proportion est de 14 et 30 sur les 44 cas asymptomatiques. L’efficacité du vaccin d’AstraZeneca contre le variant anglais n’a pas différé de façon statistiquement significative par rapport aux autres variants : 74,6 % d’efficacité avec un IC à 95 % [41,6 %, 88,9 %].

Les auteurs de l’essai ont également conclu que « la vaccination avec le ChAdOx1 entraîne une réduction de la durée de l’excrétion et de la charge virale, ce qui peut se traduire par un impact important sur la transmission de la maladie ».

Mais sans efficacité démontrée contre le variant « Sud-Africain »

Un autre essai randomisé vient d’être publié sur medRxiv le 10 février dernier. Il a été réalisé en Afrique du Sud sur 1 500 personnes de moins de 65 ans, suivi pendant environ 4 mois après l’administration de la seconde dose de ChAdOx1-S.

15 jours après la seconde dose, 19 cas de covid-19 symptomatiques se sont produits dans le groupe vaccin et 23 dans le groupe placebo. Sur les 42 patients positifs, 39 l’étaient avec la souche 501Y.V2 dite variant « sud-africain ».

Pour les auteurs « Un schéma à deux doses de ChAdOx1-nCoV19 n’a pas montré de protection contre les formes légères ou modérées de la Covid-19. Son efficacité contre les formes graves reste indéterminée. » 

L’absence de certaines données d’évaluation clinique, la fragilité des résultats établis, la fréquence des syndromes pseudogrippaux constatés notamment à l’occasion de la vaccination dans les établissements de soins ainsi qu’une efficacité sensiblement inférieure à celle des vaccins à Arn Messager contribuent à semer le doute dans l’esprit de certains médecins sur l’opportunité d’inoculer ce vaccin à leur patient.

À tel point qu’au moment où nous écrivions ces lignes, on apprenait que d’une semaine sur l’autre le nombre de médecins de ville volontaires pour l’injecter était passé de 29 000 à 20 000.

Le Docteur Szepetowski refuse de vacciner ses patients avec le vaccin ChAdOx1-S d’AstraZeneca… le Pr Fisher lui répond

C’est le cas notamment du Dr Szepetowski qui exerce dans une région particulièrement touchée par la covid-19, les Alpes Maritimes. Il explique dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, les raisons qui le poussent à refuser de vacciner ses patients avec le ChAdOx1-S d’AstraZeneca.

Un message, peu gouté par le Pr Fischer, immunologue et président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale qui lui a également répondu par le biais d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux.

Dans son message le Pr Fischer fait référence à une étude en prépublication sur le site de l’université d’Édimbourg qui établit sur une cohorte comprenant plus d’un million de personnes vaccinées que le vaccin d’AstraZeneca a une efficacité sensiblement supérieure au vaccin Pfizer sur le critère nombre d’hospitalisations, 28 jours après la 1re dose (94 % vs 85 %). Si on limite la même analyse aux patients de plus de 80 ans, l’efficacité est identique pour les 2 vaccins (95 %).

Ces chiffres, s’ils passent l’étape de la validation, ont de quoi redorer le blason d’un vaccin qui n’a pas bonne presse en France.

Il n’y a pas lieu de considérer que ce vaccin est un vaccin de deuxième catégorie Pr FISCHER

 

Sur le sujet : 60 % plus létal, le variant anglais serait associé à deux fois plus de risque de formes sévères nécessitant une prise en charge en réanimation

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