Digitaliser les services d’Anatomie et Cytologie pour mieux soigner les cancers 

Digitaliser les services d’Anatomie et Cytologie pour mieux soigner les cancers  Discipline essentielle dans le diagnostic du cancer, l’anatomopathologie accuse un retard dans sa digitalisation. Pourtant, celle-ci permet aux professionnels de poser un diagnostic à distance, de gagner du temps et de combler les déserts médicaux grâce au télétravail. Autant de bénéfices qui s’inscrivent parfaitement dans le plan cancer 2021-2030 du gouvernement. 

Les diagnostics du cancer sont en chute libre. En 2020, les retards et les annulations de rendez-vous dans les consultations et examens médicaux n’ont cessé de s’accumuler sous l’effet de la pandémie. Or, dans la guérison des cancers, le moment de la prise en charge est primordial. Plus la tumeur est repérée et traitée en amont, plus le patient a des chances de rémission. Cancers du sein, du côlon, de la prostate ou du poumon, pour chaque mois de retard de diagnostic, la mortalité dans les années à venir augmente de 6 %. Or, en 2020, le nombre de nouveaux diagnostics des cancers pour l’ensemble des patients en France a chuté de 23,3 % (source Unicancer)*. Une situation dont l’effet boomerang va se payer cher avec, dans les années futures, un taux de mortalité de plusieurs milliers de décès supplémentaires. 

Avec des hôpitaux en sous-effectifs et un afflux de patients conséquent, la pandémie n’a fait que confirmer l’urgence d’accélérer la digitalisation du secteur pour soutenir le personnel médical. Si certaines spécialités disposent de technologies de pointe, d’autres comme les anatomopathologistes — discipline consistant à repérer sur les tissus ou les cellules les anomalies liées à une maladie de type cancer — accusent un retard. Amorcée en France depuis quatre ou cinq ans, la numérisation de cette spécialité reste insuffisante. À ce jour, seuls les services d’Anatomie et cytologie pathologiques de l’Hôpital Bicêtre et du CHU de Rennes sont presque entièrement numérisés.

L’IA en soutien au diagnostic médical

Grâce à la numérisation des lames histologiques de patients, les anatomopathologistes peuvent lire des lames virtuelles depuis leur ordinateur. Ils peuvent ainsi poser un diagnostic à distance et proposer leurs services à d’autres structures de santé qui, dotées de scanners de lames, envoient leurs images. Cette numérisation offre donc aux médecins non seulement la possibilité d’assurer à distance la continuité de leurs activités en période de confinement, mais leur permet aussi de lire des images d’autres établissements et donc de combler le désert médical de certaines régions. 

Numérisées, ces lames peuvent être analysées par des technologies d’Intelligence Artificielle. Ainsi, des algorithmes de Deep Learning entrainés sur des images issues de diagnostics histologiques effectués par des médecins, passent au crible des lames virtuelles pour repérer d’éventuelles lésions pathologiques. Dans ce processus, l’IA compte les cellules et pointe les anomalies. Cette automatisation permet non seulement de libérer les professionnels d’une tâche chronophage et aussi de les aider dans leurs diagnostics. En complément de données cliniques, radiologiques et histologiques, ces techniques d’IA et de lames virtuelles augmentent de 15 % le nombre de patients dépistés… Un taux qui devrait croître de façon conséquente au fur et à mesure de l’évolution de ces technologies. 

Digitaliser pour mieux prévenir les cancers

Télédiagnostic, réduction du temps d’interprétation, hiérarchisation des cas urgents, la numérisation et l’IA répondent à bien des problématiques du secteur médical. C’est pourquoi, au regard de la situation sanitaire et de la croissance du nombre de cancers, il faut, dès aujourd’hui, déployer ces technologies au sein des établissements de santé afin qu’ils soient plus rapides et performants dans le diagnostic du cancer. Il est urgent de donner aux services de diagnostics les moyens de les détecter au plus vite. C’est non seulement une question de vies humaines, mais aussi économique, le prix du diagnostic varie entre 60 et 600 euros selon le nombre de biopsies histologiques à analyser alors que celui d’une immunothérapie pouvant atteindre les 50 000 euros par an et par patient pour certains produits. Le diagnostic précoce pouvant éviter des traitements lourds comme celui de l’immunothérapie ou de la chimiothérapie est donc primordial que ce soit pour la santé du patient ou l’aspect économique. Plusieurs startups françaises proposent aujourd’hui des solutions innovantes et performantes. Mais attention à ne pas, une fois encore, laisser partir notre R&D et nos compétences à l’étranger comme nous savons si bien le faire. 

Le 4 février dernier, Emmanuel Macron lançait la nouvelle stratégie cancer du gouvernement sur les 10 prochaines années (2021-2030), dont un volet est consacré au diagnostic précoce. Passé sous le radar pour cause de pandémie, il est temps de lui redonner toute la place qu’il mérite !

 

Digitaliser les services d’Anatomie et Cytologie pour mieux soigner les cancers   Marie Sockeel, Fondatrice et médical advisor chez Primaa

 

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