Décès de Maréva : 3 médecins interdits d’exercice pendant un an

Décès de Maréva : 3 médecins interdits d’exercice pendant un an Dans une affaire poignante où une fillette a perdu la vie faute d’avoir reçu les soins appropriés, une pédiatre, un radiologue et un chirurgien ont été frappés d'une interdiction d'exercer pour une durée d'un an, dont six mois avec sursis, effective dès le 1er février 2024. Cette décision intervient après une analyse rigoureuse des circonstances ayant mené au décès de Maréva en 2016 à l’hôpital de Cambrai.

Dans cette affaire, les trois médecins sont accusés d'avoir failli à leurs obligations déontologiques, comme le stipule l'article R4127-32 du Code de santé public, qui souligne le devoir du médecin d'assurer personnellement au patient des soins consciencieux et dévoués. Les faits remontent à octobre 2016. Maréva, trois ans et demi, avait été admise à l'hôpital souffrant de douleurs abdominales sévères, d'un ventre gonflé et de vomissements fréquents.

La fillette fut prise en charge par une pédiatre, qui, malgré une observation attentive, ne remarqua rien d'exceptionnel. Elle n'identifia pas l'état de choc de la petite patiente, une omission qu'elle regrette amèrement aujourd'hui. Pensant que l'enfant était simplement agitée, elle ne fit pas le lien avec une possible urgence médicale. Aux environs de 3h45, consciente de la nécessité d'un examen plus approfondi, la pédiatre sollicita la réalisation d'une échographie et l'avis du chirurgien.

Au moment où la pédiatre a sollicité le radiologue, celui-ci se trouvait à son domicile. Il lui a alors suggéré de procéder à un scanner, qu'il pourrait examiner à distance. Toutefois, l’Ordre des médecins a considéré que le radiologue n'avait pas rempli ses obligations de soins consciencieux, en choisissant de ne pas se rendre à l'hôpital. L'Ordre a également souligné que la réalisation d'une échographie aurait dû être privilégiée. En outre, l’Ordre a critiqué son manque d'engagement dans la prescription des examens d'imagerie nécessaires pour un diagnostic approprié, qualifiant cela de manquement aux obligations professionnelles.

Selon les informations rapportées par “La Voix du Nord”, c'est un interne qui a pris l'initiative de contacter le chirurgien, suivant la demande de la pédiatre. Cependant, le chirurgien a abruptement mis fin à l'échange, invoquant que le protocole interne de l'établissement hospitalier stipulait que seul un praticien hospitalier pouvait le solliciter. Cette attitude a été sévèrement jugée par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins. En effet, selon l'Ordre, le chirurgien aurait dû prodiguer un avis médical quant à la nécessité d'une intervention chirurgicale face à des douleurs abdominales aiguës, spécialement lorsque le médecin responsable (dans ce cas, la pédiatre) le jugeait indispensable, et ce, même dans des situations d'urgence impliquant de jeunes patients. Par son comportement, le chirurgien est considéré comme ayant failli à ses obligations de soins consciencieux et à son devoir de moralité.

Malheureusement, Mareva succomba à un volvulus. La chambre disciplinaire de l’Ordre a jugé que la pédiatre de garde a gravement sous-estimé l'état de choc de l'enfant, décidant même de quitter l'hôpital malgré la situation critique de la fillette et que les 3 médecins avaient manqué à leurs devoirs de soin consciencieux et de moralité. Cette décision de l’Ordre, bien que dure, reflète la nécessité de maintenir des normes élevées dans la pratique médicale, surtout quand il s'agit de la santé et de la vie de jeunes patients. Elle met en lumière le haut niveau de responsabilité qui pèse sur les médecins et les conséquences sévères encourues en cas de manquement.

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3 réaction(s) à l'article Décès de Maréva : 3 médecins interdits d’exercice pendant un an

  • MyPassion

    Thomas BONNET| 18/12/2023- REPONDRE

    La décision n'est pas dure, elle est juste et aurait même pu être beaucoup plus sévère (1 ou 2 ans pleins d'interdiction totale au lieu de 6 mois ferme + sursis par exemple). En tant que médecin moi-même, mais aussi en tant que père de famille, je pense que c'est un minimum, une pauvre fillette est morte à cause de leur négligence et aucun parent de peut s'en remettre. Nous ne pouvons que "faire avec" et continuer à avancer malgré le chagrin. Mes pensées vont à cette fillette et à ses parents, nous ne sommes pas infaillibles et pouvons faire des erreurs, mais il faut le cas échéant en payer les conséquences. Et en l'espèce c'est une juste condamnation mais qui aurait pu être encore plus sévère encore une fois, ça n'est au final pas si chère payé que ça.
  • MyPassion

    Angela Rousseva| 19/12/2023- REPONDRE

    Je ne comprends pas que le chirurgien soit si peu sévèrement puni ! Il a eu une réaction arrogante et inadmissible et ej aucun cas en rapport avec le serment d'Hippocrate ni avec aucun référentiel humain ni éthique.
    Que le pédiatrie se soit trompé, ainsi que le radiologue est déjà extrêmement grave et non compatible avec le fameux serment.
    Mais la pédiatre regrette. Toutefois, elle a délégué à un interne l'appel du chirurgien et d'après les informations, n'était pas là.
    En tant que médecin, je ne m'autoriserais plus personnellement la reprise d'une activité médicale. Pour aucun de ces médecins. En soulignant que la pire des attitudes est celle du chirurgien.
    Je lui suggère de s'imaginer sa réaction si la patiente était sa fille.

    On ne peut pas se satisfaire de l'adage " l'erreur est humaine " lorsqu'il s'agit d'arrogance et de déni!

    Dr Rousseva
  • MyPassion

    Valentine Falanga| 19/12/2023- REPONDRE

    Cette histoire est dramatique et ne semble être que le sommet de l'iceberg de toute une chaîne institutionnelle défaillante. Je m'inquiète pour l'interne qui semble avoir été le seul présent dans cette prise en charge en urgence. Il faut cesser les astreintes de médecins séniors à distance et les gardes tenues uniquement par des internes sur place. Cette pratique historique est une absurdité. Elle n'est sécurisante ni satisafaisante pour personne. Cette situation met toutes les parties en tension, mène à des erreurs de jugement et déséquilibre les responsabilités. L'institution a elle aussi une responsabilité à assumer dans l'organisation des soins qu'elle met en place.

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