Santé respiratoire : des "lacunes importantes" pour la Cour des comptes

Santé respiratoire : des "lacunes importantes" pour la Cour des comptes Après la périnatalité et les soins primaires, la Cour des comptes s'est intéressée à la santé respiratoire. Elle livre une fois de plus une analyse très critique des politiques de santé qu'elle décrit comme lacunaires, peu efficaces, peu lisibles, mal pilotées et peu évaluées.

État des lieux des maladies respiratoires en France

La commission des affaires sociales du Sénat a récemment mandaté la Cour des comptes pour évaluer les politiques de prévention et de lutte contre les principales maladies respiratoires : la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), l'asthme et le cancer du poumon. Ces pathologies, touchant 10 % des Français, entraînent des conséquences significatives sur la qualité de vie et représentent un coût élevé pour le système de santé. En 2021, les dépenses de l'assurance maladie pour les maladies respiratoires chroniques ont atteint 3,7 milliards d'euros, auxquelles s'ajoutent 3 milliards d'euros pour les cancers du poumon, soit un total de 6,7 milliards d'euros.

Augmentation des maladies respiratoires malgré les efforts de prévention

En France, plus de 10 % de la population est affectée par une maladie respiratoire, avec une prévalence plus élevée chez les femmes. L'asthme touche quatre millions de personnes, la BPCO 3,5 millions et le cancer du poumon 160 000 individus. Ces maladies sont en hausse, notamment à cause du tabagisme et du vieillissement de la population pour la BPCO et le cancer du poumon, tandis que l'asthme se développe sous l'influence de facteurs environnementaux. Malgré les efforts de prévention, comme la lutte contre le tabac, la consommation de celui-ci ne diminue pas suffisamment rapidement, surtout chez les femmes et les populations modestes. De plus, les polluants atmosphériques et le réchauffement climatique exacerbent les risques respiratoires.

Renforcement nécessaire des parcours de soins

Les dépenses publiques pour la prévention et les soins des pathologies respiratoires sont en augmentation. Depuis 2018, les dépenses de prévention contre le tabac ont doublé et celles de soins ont augmenté de 1,3 milliard d'euros entre 2017 et 2021. Cependant, la prise en charge des maladies respiratoires chroniques reste sous-optimale en raison de lacunes dans la détection précoce et d'une offre de proximité insuffisante, entraînant des hospitalisations en urgence évitables et coûteuses pour les finances publiques. Le cancer du poumon bénéficie d'une prise en charge plus structurée, mais souvent à un stade avancé. La BPCO, encore mal connue, pourrait être mieux gérée avec des traitements non médicamenteux comme l'éducation thérapeutique et l'activité physique adaptée, qui restent peu accessibles et prescrits.

Gouvernance et organisation à clarifier

Si la France innove dans la prise en charge et le financement avec les expérimentations « article 51 », coordonnant des équipes pluridisciplinaires pour une prise en charge globale des patients, ces initiatives restent insuffisantes face à la saturation de l'offre de premier recours. Les « patients experts » et les outils connectés pourraient jouer un rôle clé, notamment pour les jeunes patients. La santé respiratoire relève de la « santé environnement », impliquant plusieurs ministères et plans sans cohérence garantie. Pour améliorer l'efficacité, il est essentiel d'intégrer la santé respiratoire dans la stratégie nationale de santé, en assurant la cohérence avec le plan national santé environnement et la feuille de route pour la BPCO et l'asthme.

Conclusion et recommandations

Pour les Sages, la stratégie actuelle de prévention et de soin des pathologies respiratoires présente des lacunes importantes. En effet, ces maladies ne sont pas incluses dans la stratégie nationale de santé, et la planification pour les prévenir et les combattre est inégale. Contrairement au cancer du poumon, la BPCO et l’asthme n'ont pas de feuille de route spécifique. Pourtant, une planification cohérente et suivie dans le temps, comme en Finlande, peut avoir des effets positifs.

La santé respiratoire est également négligée dans le domaine de la santé environnementale. Elle n'est pas mentionnée dans le plan national santé environnement (PNSE) et ce dernier manque d'objectifs mesurables en termes de santé respiratoire et de finance. De plus, la superposition des compétences entre les différents acteurs nationaux et le manque de coordination entre les services locaux de l'État nécessitent une révision du pilotage global des politiques de prévention et de lutte contre les maladies respiratoires.

En réponse à ces constats, la Cour des comptes propose les recommandations suivantes :

Intégration dans la stratégie nationale de santé : Inclure des objectifs sanitaires chiffrés en matière de santé respiratoire et les harmoniser avec ceux du PNSE (ministère de la Santé).

Adoption d'une feuille de route pour les maladies respiratoires chroniques : Élaborer une feuille de route spécifique pour la BPCO et l’asthme, cohérente avec le PNSE et la stratégie nationale de santé, avec des objectifs quantitatifs clairs (ministère de la Santé).

Objectifs sanitaires mesurables dans le PNSE : Doter le PNSE d’objectifs mesurables pour l’asthme, la BPCO et le cancer du poumon. Confier le suivi de ces objectifs au groupe santé environnement et les décliner dans les plans régionaux. Ajouter un indicateur de suivi des dépenses (ministère de la Santé).

Qualité de l'air dans les contrats locaux de santé : Intégrer systématiquement un volet consacré à la qualité de l'air extérieur et intérieur dans les contrats locaux de santé (ministère de la Santé).

 

Voir le rapport

Descripteur MESH : Santé , Soins , Poumon , Asthme , Objectifs , Environnement , Patients , Lutte , France , Population , Femmes , Contrats , Air , Tabac , Maladie , Vie , Face , Finlande , Assurance maladie , Assurance , Polluants atmosphériques , Thérapeutique , Personnes , Vieillissement , Réchauffement , Éducation , Prévalence , Qualité de vie , Tabagisme , Santé environnementale , Physique , Rôle , Temps

Pratique médicale: Les +