CH de Lavaur : l’Unité Psychiatrique de Castres au bord de la rupture

CH de Lavaur : l’Unité Psychiatrique de Castres au bord de la rupture Dans le Tarn, l’Unité Psychiatrique de Castres (UPC), rattachée au Centre Hospitalier (CH) de Lavaur, traverse une crise persistante liée à un manque d’effectifs depuis plus d’un an. Le Syndicat Liberté Santé (SLS) a déclenché une procédure officielle d’alerte, pointant des risques graves pour la sécurité des patients et la santé des soignants. Cette situation illustre la fragilité de la prise en charge en psychiatrie dans un hôpital public déjà sous tension.

Une procédure d’alerte face à des risques immédiats

Le 1er septembre 2025, Matthieu Baïsse, représentant du SLS au CH de Lavaur, a saisi le registre des dangers graves et imminents (DGI). Cet outil légal permet de signaler tout risque direct pour la sécurité. Une réunion du Comité technique (F3-SCT), organisée le 15 septembre avec la CGT, FO, CFDT et les représentants du personnel, a confirmé la gravité du problème sans apporter de solution immédiate.

Dans une lettre ouverte datée du 16 septembre et adressée au Préfet du Tarn, le syndicat décrit des conditions de travail dégradées et cite plusieurs conséquences : perte des soins relationnels essentiels, augmentation du risque suicidaire ou agressif, multiplication des arrêts maladie et exposition accrue des soignants à des violences graves. Le syndicat rappelle le drame de Pau en 2004 pour souligner la réalité de ce type de menaces.

La direction est accusée de maintenir une politique de réduction budgétaire, imposant un fonctionnement en « mode dégradé ». Un renfort annoncé pour novembre est jugé insuffisant. Le recours à des remplacements temporaires issus d’autres unités et à l’intérim fragilise l’organisation, y compris aux urgences de Castres.

Le 17 septembre, le SLS a diffusé un communiqué appelant le Préfet, l’ARS Occitanie, les élus locaux et l’Inspection du Travail à intervenir rapidement pour restaurer des conditions de soins et de travail sécurisées.

Une mobilisation relayée par les médias et les collectifs

France 3 Occitanie a rapporté le 19 septembre que la « qualité des soins et la sécurité des patients [sont] compromises ». Le média mcInform@ctions a rappelé les nombreuses fiches d’événements indésirables restées sans suite. Le 13 septembre, une manifestation au CH de Lavaur, soutenue par le Printemps de la Psychiatrie et la CGT, dénonçait déjà le manque d’effectifs et la fermeture de lits (13 sur 25 supprimés en psychiatrie depuis juin 2025).

D’autres services du CH de Lavaur, notamment les urgences, subissent le même phénomène. La Dépêche a rapporté en septembre que les soignants y sont sous tension permanente, appelant à défendre l’hôpital public. Sur les réseaux sociaux, l’appel du SLS a rencontré un écho limité mais témoigne d’une inquiétude partagée par les collectifs locaux.

Dans ce contexte, le professeur Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, déclarait récemment : « La psychiatrie française est au bord de la rupture, faute de moyens et de reconnaissance pour les équipes » (Le Monde, juin 2025). Un constat qui trouve un écho direct à Castres.

Réponse partielle de la direction, silence des autorités

Le 18 septembre, la direction du CH de Lavaur a reconnu les difficultés mais mis en avant les recrutements prévus en 2025, dont plusieurs médecins psychiatres. Aucune mesure immédiate n’a été annoncée pour l’UPC. Ni le Préfet ni l’ARS n’ont, à ce jour, formulé de réponse publique malgré l’avertissement syndical quant à leur responsabilité en cas de drame.

Interrogée par France 3 Occitanie, la présidente de la Commission Médicale d’Établissement du CH de Lavaur, Dr Claire Martin, a averti : « Nous ne pouvons plus garantir la continuité et la sécurité des soins sans un soutien urgent de l’État » (France 3, 19 septembre 2025).

Une crise qui reflète un problème national

Le cas de l’UPC s’inscrit dans une crise plus large de la psychiatrie française, régulièrement dénoncée par les professionnels. À Lavaur, des grèves en 2024 et 2025 avaient déjà pointé la suppression de postes et l’insuffisance de moyens. Dans le Tarn, les collectifs parlent d’une « dégradation sans précédent » du secteur.

Comme le rappelait François Braun, ancien ministre de la Santé, lors d’un débat à l’Assemblée nationale en mars 2025 : « La psychiatrie est le parent pauvre de notre système de santé depuis trop longtemps. » Une phrase qui résonne fortement dans l’actualité de Castres.

Le SLS maintient la pression et prévient qu’il restera mobilisé. Cette affaire questionne la capacité des pouvoirs publics à agir face à une situation qui met directement en jeu la santé et la sécurité des patients.

Références

  1. Lettre ouverte au Préfet du Tarn, Syndicat Liberté Santé, 16 septembre 2025 — lien
  2. Communiqué de presse, Syndicat Liberté Santé, 17 septembre 2025 — lien
  3. Article sur la veille acteurs santé, septembre 2025 — lien
  4. Reportage France 3 Occitanie, 19 septembre 2025 — lien
  5. Post X, @SyndicatSLS, 17 septembre 2025 — lien
  6. Mobilisation Printemps de la Psychiatrie, juillet 2025 — lien
  7. Article La Dépêche, avril 2025 — lien
  8. Rapport Contrôleur général des lieux de privation de liberté, 2020 — lien
  9. Mouvement de grève CH Lavaur, juin 2024 — lien
  10. Dégradation psychiatrie Tarn, juillet 2025 — lien

Descripteur MESH : Santé , Psychiatrie , Patients , Sécurité , Liberté , Sécurité des patients , Soins , France , Travail , Face , Urgences , Risque , Réunion , Lettre , Grèves , Médecins , Politique , Pression , Mars , Lits , Rupture , Maladie

Hôpital: Les +