VIH/SIDA : un vaccin multiprotéique empêche la progression vers le stade Sida chez le singe

Une équipe de chercheurs américains a développé une stratégie de vaccination qui paraît particulièrement prometteuse. Le vaccin permet de contrôler efficacement l'infection lorsque le virus est inoculé sept mois après la dernière injection. Une réponse cellulaire et humorale soutenue a été observée chez les singes vaccinés.

Les résultats de cette étude ont été mis en ligne sur le site du journal Science. Ils seront prochainement publiés dans la revue "papier". L'efficacité du vaccin et du schéma vaccinal a été testée chez des macaques rhésus infectés par un virus hybride particulièrement virulent : SHIV-89.6P. Cette souche est construite à partir du SIV (simian immunodeficiency virus) et du HIV.

Amara et al ont utilisé une stratégie de "primo-immunisation/rappel" ou prime-boost.

La primo-immunisation (prime) a été effectuée avec un ADN codant plusieurs protéines virales du SIV : Gag, Pol, Vif, Vpx et Vpr. Cet ADN exprimait également des protéines du HIV-1 : Env, Tat et Rev.

Le rappel (boost) faisant appel à l'injection d'un virus de la vaccine modifié qui exprimait les protéines Gag et Pol du SIV ainsi que la protéine Env du HIV-1.

Deux injections de primo-immunisation avec l'ADN ont été effectuées à 8 semaines d'intervalle. Le rappel a eu lieu à la 24° semaine. Deux doses d'ADN ont été testées ainsi que deux sites d'injection (intramusculaire ou intradermique). 24 singes ont été immunisés et un groupe contrôle était constitué de 4 autres macaques.

L'administration intrarectale de la souche SHIV virulente a été effectuée sept mois après le rappel. Deux semaines après l'infection, les titres en ARN viral plasmatique étaient au moins 10 fois plus faibles chez les singes immunisés. A cinq semaines, le nombre de CD4 était stable chez les singes vaccinés (sauf un). Par contre, il avait profondément diminué chez les animaux témoins.

A la 23° semaine suivant l'infection, trois des quatre animaux témoins étaient décédés du Sida alors que les 24 singes vaccinés étaient en bonne santé.

"Les réponses prolifératives des lymphocytes T ont démontré que des CD4 spécifiques du virus ont survécu à l'infection et étaient capables d'assurer une réponse immunitaire antivirale", écrivent les auteurs. Une réponse humorale a été détectée par la présence d'anticorps neutralisants après l'infection.

"Nos résultats démontrent clairement qu'un vaccin multiprotéique de type DNA/MVA [ADN/vaccine modifiée] peut générer une réponse immunitaire mémoire capable de contrôler une infection par un virus d'immunodéficience très virulent", concluent les auteurs. Bien qu'il n'empêche pas l'infection, ce vaccin pourrait permettre de réduire de risque de progression vers le stade Sida et de limiter la transmission du virus en réduisant la charge virale circulante.

Source : www.sciencexpress.org . Control of a Mucosal Challenge and Prevention of Aids in Rhesus Macaques by a Multiprotein DNA/MVA Vaccine. R. R. Amara et al, Science 2001: sous presse.

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