Les américains d’origine chinoise moins touchés par le cancer du poumon à cause d’une clairance de la nicotine abaissée

Une recherche américaine donne une explication physiologique au fait que les sino-américains fument moins de cigarettes que la population de type caucasien. Le métabolisme de la nicotine serait diminué parmi cette population, ce qui abaisserait le besoin de tabac et donc diminuerait le taux de cancers du poumon enregistré parmi cette ethnie.

Les taux de cancers du poumon (dont 90% sont estimés être dus au tabac selon les auteurs) sont moins élevés chez les latinos et les asiatiques américains que parmi les blancs (facteur 5 entre asiatiques et blancs). Afin de savoir si ces chiffres s’expliquent par un métabolisme de la nicotine abaissé, Neal Benowitz et al (Université de Californie, Sa, Francisco, EU) ont comparé les niveaux de ce dernier et ceux de la prise journalière de nicotine, entre les différentes ethnies citées.

L’étude a comporté 37 sino-américains, 40 latinos et 54 blancs, chez lesquels de la nicotine marquée ainsi qu’un de ses métabolite (cotinine) ont été injectés simultanément et suivis dans le sang et les urines, afin de déterminer la clairance de la nicotine chez chacun des volontaires ainsi que le niveau d’absorption de nicotine à partir de la cigarette.

Les clairances totales de la nicotine ou de son métabolite ont été les mêmes entre latinos et blancs mais inférieures chez les asiatiques.Ce résultat confirme ceux précédemments enregistrés par les auteurs concernant une baisse d'activité chez les individus d'origine chinoise, de l'enzyme CYP2A6, intervenant dans le métabolisme de la nicotine.

La prise de nicotine par les asiatiques a été de 0,73 mg par cigarette contre 1,05 mg et 1,10 mg parmi les latinos et les blancs. Il a été trouvé des corrélations concernant tous les participants entre la clairance de la nicotine et la prise quotidienne de nicotine.

Les auteurs concluent de ces résultats que la clairance de nicotine trouvée abaissée chez les sino-américains explique la plus faible prise de nicotine par jour et donc les taux abaissés de cancers du poumon. Les taux de cancers du poumon retrouvés plus faibles chez les latinos pourraient s’expliquer parce que ceux-ci fument moins de cigarettes que les blancs.

Ces résultats ont selon les auteurs des implications sur les thérapies de sevrage du tabac entre les différentes ethnies. «Nos découvertes suggèrent que les chinois et les chinois d’origine américaine qui essaient d’arrêter de fumer ont besoin de doses différentes de nicotine médicamenteuse, par rapport aux blancs», concluent-ils.

Source : JNCI 16 janvier 2002 ;94(2):108-15.

Descripteur MESH : Nicotine , Poumon , Santé , Population , Métabolisme , Tabac , Recherche , Californie , Cotinine , Sang , Sevrage

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