Des cannabinoïdes pour les troubles de l’anxiété

Des travaux récents viennent de montrer que les cannabinoïdes endogènes et leurs récepteurs jouent un rôle central dans la disparition des réactions d’aversion face à une situation stressante bien définie. Selon les chercheurs qui ont travaillé sur des souris, ces résultats indiquent que le système cannabinoïde endogène pourrait être une cible pour le traitement du syndrome de stress post-traumatique (PTSD) ou certaines phobies.

Ces recherches ont été conduites sous la direction de Beat Lutz de l’Institut Max Planck de Munich. Ces scientifiques se sont intéressés au phénomène de mémorisation des situations stressantes et d’évitement liées à des stimuli précis. Plus précisément, l’objet de leur étude était la perte de cette mémoire d’évitement. Ils publient aujourd’hui leurs résultats dans la revue scientifique Nature.

Un modèle animal de choix pour cette étude est « le conditionnement par la peur ». Dans ces expériences, ont soumet l’animal à un stimulus neutre (une lumière, un son) auquel est couplé un stimulus d’aversion comme une légère décharge électrique sur une patte. Lorsque ces expériences sont répétées, l’animal finit par développer des symptômes qui évoquent la peur de la décharge lorsqu’il entend le son qui lui est normalement associé. D’une certaine façon, ce protocole s’apparente aux chiens de Pavlov.

Un élément important de ce processus est la disparition progressive du sentiment de peur et d’évitement lorsque le stimulus neutre (le son) n’est plus suivi par un stimulus désagréable. En d’autres termes, l’animal apprend qu’il n’a plus besoin d’avoir peur de ce son. C’est justement la disparition de cette mémoire qu’ont étudié Lutz et ses collaborateurs.

Ces chercheurs ont en effet montré que le système cannabinoïde endogène a un rôle crucial dans cette réadaptation. Chez la souris, ce phénomène fait intervenir le récepteur CB1 (cannabinoid receptor 1) et deux cannabinoïdes endogènes majeurs : l’anandamide et le 2-arachidonoylglycérol. D’après leurs travaux, la disparition de cette mémoire d’aversion implique l’activation des récepteurs CB1 par les cannabinoïdes endogènes.

Ces résultats pourraient avoir une incidence sur la prise en charge des troubles de l’anxiété, estime le groupe de Lutz. Le système cannabinoïde endogène « pourrait représenter une cible thérapeutique pour le traitement des maladies associées à une rétention inappropriée des souvenirs d’aversion ou à des réponses inadéquates lors de situations d’aversion, comme les troubles de stress post-traumatique, les phobies ou certaines douleurs chroniques », concluent les chercheurs.

Source : Nature 2002 ;418 :530-4

SR

Descripteur MESH : Cannabinoïdes , Rôle , Face , Syndrome , Peur , Mémoire , Chiens , Incidence , Lumière , Précis , Thérapeutique

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