Un taux élevé d'acide urique est associé à une augmentation de la mortalité par maladie cardiovasculaire

Une uricémie élevée semble bien liée à une augmentation du risque de décès par maladie cardiovasculaire. Bien que cette relation ait déjà été mise en évidence, elle restait incertaine en raison de résultats contradictoires.

Les Drs J. Fang et M. Alderman viennent de publier dans le Journal of American Medical Association les résultats d'une large étude concernant près de 6.000 individus. Leur objectif premier était d'évaluer la relation entre le taux d'acide urique et la mortalité par maladie cardiovasculaire.

Ces médecins ont analysé les données et les résultats d'une vaste enquête épidémiologique (NHANES I Epidemiologic Follow-up Study ou NHEFS) débutée en 1971 et dont le suivi avait conduit à une première analyse en 1987. Cinq ans de suivi complémentaire (jusqu'en 1992) ont permis aux auteurs de disposer de données plus complètes et d'analyser un nombre plus élevé de décès (892 en 1987 et 1.593 en 1992).

La cohorte étudiée était composée de 5.926 individus âgés de 25 à 74 ans. La concentration plasmatique en acide urique avait été déterminée au début de l'étude.

La mortalité par maladie cardiaque ischémique, maladie cardiovasculaire en général ainsi que la mortalité toutes causes confondues ont été comparées en fonction de l'uricémie initiale des sujets.

Après un suivi moyen de 16,4 ans, 1.593 décès ont été enregistrés dont 45,9 % (731) ont été attribués à une maladie cardiovasculaire. La mortalité par maladie cardiovasculaire a été associée de façon positive à une augmentation du taux d'acide urique et ce quel que soit le sexe ou l'origine ethnique.

Plus précisément, le risque de décès par maladie cardiaque ischémique était plus élevé chez les sujets avec la plus forte uricémie (supérieur à 416µM chez les hommes et supérieur à 333 µM chez les femmes) par rapport au groupe qui présentait l'uricémie la plus faible (inférieur à 321 µM chez les hommes et inférieur à 238 µM chez les femmes). Ce risque (risk ratio) était égal respectivement à 1,77 et à 3,00 pour les hommes et les femmes avec l'uricémie la plus élevée.

Les résultats ont été ajustés en fonction de plusieurs facteurs : âge, origine ethnique, indice de masse corporelle, tabac, alcool, cholestérolémie, antécédents d'hypertension et de diabète, prise de diurétiques.

Cet ajustement montre que chaque élévation de 59,48 µM de la concentration en acide urique multiplie le risque de décès par maladie cardiaque ischémique par 1,17 chez les hommes et par 1,30 chez les femmes.

Les auteurs de cette étude estiment donc qu'une élévation du taux d'acide urique est associée de façon significative et indépendante à un risque de mortalité par maladie cardiovasculaire. Cependant, cette tendance n'a pas pu être mise en évidence ni chez les hommes sous traitement diurétique ni chez les hommes avec un facteur de risque cardiovasculaire ou plus.

Source : JAMA 2000;283:2404-2410

Descripteur MESH : Maladie , Acide urique , Mortalité , Accident vasculaire cérébral , Risque , Hommes , Femmes , Diabète , Diurétiques , Hypertension artérielle , Indice de masse corporelle , Médecins , Sexe , Tabac

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