La consommation de caféine une nouvelle fois liée à une réduction du risque de maladie de Parkinson

La consommation de café et de caféine provenant d'autres aliments est associée à une diminution de l'incidence de la maladie de Parkinson. Bien que cette association ait déjà été mise en évidence, elle restait controversée. Une étude prospective portant sur plus de 8.000 patients avec un suivi de 30 ans semble aujourd'hui confirmer cette tendance.

Aucun traitement préventif ou permettant un net ralentissement de la progression de la maladie n'est aujourd'hui disponible. Le vieillissement croissant de la population indique que le nombre de cas devrait augmenter dans les décennies à venir et l'identification de facteurs qui favorisent ou préviennent la maladie devient primordiale.

Des médecins et chercheurs américains publient dans le dernier numéro du JAMA les résultats d'une large étude sur la possible relation entre la prise de café et caféine et l'incidence de la maladie de Parkinson. Cette étude dirigée par le Dr G. Webster Ross (Department of Veterans Affairs, Honolulu) montre une nette corrélation entre une consommation élevée de café ou de caféine et une diminution de l'incidence de la maladie mais ne conclue pas pour autant à un effet direct.

Cette étude a porté sur le suivi pendant 30 ans d'une cohorte composée de 8.004 sujets masculins américains d'origine japonaise (tous habitant Hawaï) et âgées de 45 à 68 ans. Ces sujets ont été inclus dans ce programme entre 1965 et 1968.

L'incidence de la maladie de Parkinson a été évaluée à partir des registres d'hospitalisation, des certificats de décès de l'Etat d'Hawaï, des dossiers des neurologues et d'un examen de la totalité des sujets encore en vie en 1991.

La consommation de café et caféine a été déterminée (ml et mg) au début du programme (1965-1968) puis en 1971-1974.

Au cours des 30 ans de suivi, 102 cas de maladie de Parkinson ont été recensés. L'ajustement des données en fonction de l'âge montre que l'incidence de la maladie diminue avec l'augmentation de la consommation de café : 10,4 pour 10.000 et par an chez ceux qui ne buvaient pas de café et 1,9 pour 10.000 et par an chez ceux qui buvaient au moins 840 ml/jour.

Cette association s'est également vérifiée pour la consommation totale de caféine contenue dans le café ou dans d'autres sources alimentaires. "D'autres nutriments contenus dans le café, dont la niacine (acide nicotinique, vitamine B3 ou PP) n'ont pas eu d'effet sur l'incidence de la maladie de Parkinson".

Les auteurs précisent que cet effet était indépendant de la consommation de tabac.

"Ces données suggèrent que ce mécanisme est lié à la prise de caféine et non pas à d'autres nutriments contenus dans le café", précisent le Dr Ross et ses collaborateurs. "La possibilité que la caféine puisse avoir un effet protecteur contre la maladie de Parkinson devrait être envisagée par d'autres recherches épidémiologiques, cliniques et fondamentales".

On peut souligner que cette étude ne portait que sur des hommes déjà âgés au début de l'étude et qui n'étaient pas représentatifs de la population totale. L'influence de facteurs autres que la consommation de caféine avant le début de l'étude est donc difficile à évaluer.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet apparent bénéfice. La caféine pourrait avoir un effet direct ou indirect sur les mécanismes impliqués dans la maladie. Une autre possibilité implique un facteur intrinsèque aux sujets consommateurs de café. Des travaux ont en effet suggéré que les personnes sujettes à des dépendances (café, tabac) pourraient présenter un taux plus élevé de dopamine, ce qui pourrait retarder l'apparition de la maladie ( voir dépêche du 05/05/2000).

Source : Journal of American Medical Association 2000;283:2674-2679

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