Les enfants nés de mères séropositives sont fréquemment exposés au VIH via la muqueuse digestive

Les enfants nés de mères infectées par le VIH-1 ont fréquemment du virus dans le liquide d’aspiration gastrique et oropharyngée, indique une étude française publiée dans le numéro daté de novembre de la revue AIDS. Elle montre que l’exposition du foetus par voie orale est un des moyens de contamination per-partum, ce qui est d’ailleurs bien documenté en cas de transmission postnatale via l’allaitement.

“Même si cette exposition digestive n’entraîne pas toujours une infection du nouveau-né, notre étude souligne l’importance d’administrer une prophylaxie par antirétroviraux avant et surtout après l’accouchement”, déclare à caducee.net le Dr Laurent Mandelbrot, gynécologue-obstétricien au CHU Cochin-Port Royal (Paris).

Ces résultats confortent l’hypothèse selon laquelle le foetus est exposé au virus après déglutition de liquide amniotique ou durant l’accouchement lui-même lors d’une exposition au sang maternel lors du passage dans la filière génitale, quelque soit le mode de délivrance (voie basse ou césarienne).

Cette étude a été réalisée sur 101 paires mère-enfant chez lesquelles le virus a été recherché par amplification génique (RT-PCR) dans le liquide d’aspiration oropharyngé et gastrique du nouveau-né. Au total, le virus a été détecté chez 28% des enfants.

“Nous avons observé la présence d’ARN viral dans environ un tiers des aspirations réalisées chez les enfants nés de mères VIH+ qui prenaient un traitement prophylactique par AZT”, précise le Dr Mandelbrot.

La charge virale plasmatique maternelle était significativement plus élevée en cas d’aspiration positive pour le VIH (4,09 vs 3,0 log copies/ml).

Pour les accouchements par voie basse, l’ARN viral a été plus fréquemment détecté dans l’aspiration en cas d’épisiotomie ou de lésions périnéales que lorsque la région périnéale était intacte (35% vs 9%). De plus, une relation significative a été trouvée entre une colonisation bactérienne de l’aspiration et la présence d’ARN viral.

La détection du VIH dans ce liquide a également été plus fréquente en de survenue de MST pendant la grossesse. Ce résultat, à rapprocher du fait que les infections cervico-vaginales sont associées à une excrétion accrue du virus dans les voies génitales, montre l’importance de détecter et traiter toute infection génitale.

Enfin, la question se pose de savoir s’il convient de pratiquer une aspiration gastrique en routine chez les enfants nés de mères séropositives. ”Bien cette pratique présente un bénéfice potentiel chez l’enfant de mère VIH+ car elle peut faire diminuer la quantité de particules virales dans le tractus digestif, il faut particulièrement faire attention à ce que cette aspiration soit atraumatique pour ne pas créer de porte d’entrée”, conclut le Dr Mandelbrot.

AIDS, 1999, Vol.13, N°15, 2143-49.

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