L'utilisation systématique est influencée par le comportement

L'utilisation systématique du préservatif exige un changement radical de comportement chez beaucoup de personnes, surtout celles qui ont des partenaires multiples. Changer le comportement sexuel, comme d'autres sujets personnels, exige une progression sur plusieurs paliers. La personne doit d'abord envisager de changer de comportement, elle peut ensuite décider de suivre la nouvelle voie de temps en temps, et enfin, elle peut décider de s'y maintenir. Les préservatifs seraient peut-être mieux acceptés si des messages et des techniques différents pouvaient être appliqués aux personnes selon leur stade de comportement. Les campagnes publicitaires et le counseling commencent à adapter leurs messages en ce sens.

"Pour l'utilisation du préservatif, les gens sont à différents stades du changement de comportement, et il nous faut des messages pour chacun", estime Mme Donna Flanagan, spécialiste des changements de comportement à FHI. "Au tout début de l'épidémie du sida, nous pouvions mettre l'accent sur ce qu'étaient les préservatifs, où se les procurer, et comment savoir si l'on était à risque d'infection. Nous avons toujours besoin de ces informations, particulièrement pour les jeunes. Mais nous avons aussi besoin de slogans pour encourager ceux qui persévèrent, tels que : 'N'est-ce pas formidable d'être un homme responsable ?' et 'Félicitations, dites à vos amis que vous utilisez le préservatif'. Au cours d'un programme particulier, il faudrait estimer le stade d'évolution de la majorité des personnes faisant partie du groupe ciblé et produire les messages appropriés à ce stade."

Un projet mené au Brésil, au Honduras et à la Jamaïque, par des filiales de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) a montré que les recommandations faites aux femmes avaient évolué, passant de l'importance des méthodes de contraception, des effets secondaires et d'une utilisation correcte, à un contexte plus large de leur sexualité et des risques de MST, comme moyen de promouvoir les changements de comportement. Les prestataires des soins discutent des contraceptifs au moyen d'une approche dite "basée sur la sexualité". Ils posent aux clientes des questions sur leur partenaire sexuel du moment et les partenaires précédents, sur les voyages d'affaires éventuels de leur partenaire, sur la possibilité qu'il puisse avoir d'autres partenaires et leur expliquent comment tous ces facteurs sont liés au risque d'infection par les MST. Le projet a aussi accentué son ciblage sur les hommes en les éduquant sur les MST et l'utilisation du préservatif et en les incluant dans les séances de counseling.

Le changement de comportement peut être très difficile, car il implique l'utilisation systématique du préservatif. Une étude a analysé quels groupes de femmes avaient le plus besoin de counseling au sujet de l'utilisation systématique du préservatif. Il en ressort que les personnes qui avaient opté pour le préservatif comme moyen habituel de contraception avaient plus besoin de soutien que ceux qui l'utilisaient comme méthode supplémentaire. C'est parce que ceux qui l'ont choisi comme méthode unique de contraception ont sous-estimé la difficulté à l'utiliser systématiquement.1

Le counseling semble améliorer l'utilisation du préservatif quand il vise hommes et femmes qui sont dans une situation monogame et quand il porte l'accent sur la bonne manière de l'utiliser. Dans un projet mené sur six ans et réunissant tous les six mois 144 couples hétérosexuels dont l'un des partenaires était infecté par le VIH, il s'est avéré que l'utilisation du préservatif avait augmenté et qu'il n'y avait eu aucune séroconversion au VIH.2 Une autre étude a comparé des femmes qui avaient participé à plusieurs sessions de counseling de groupe de 90 minutes chacune sur l'utilisation du préservatif, suivies un mois plus tard par une session de rappel, et des femmes qui n'avaient reçu que des informations générales sur la santé. Trois mois plus tard, l'utilisation du préservatif avait plus que doublé au sein du premier groupe, mais n'avait augmenté que marginalement chez les femmes qui avaient reçu l'information générale.3

-- William R. Finger

-- William R. Finger

Notes

Notes

  1. Oakley D, Bogue E-L. Quality of condom use as reported by female clients of a family planning clinic. Am J Public Health 1995;85(11):1526-30.
  2. Padian NS, O'Brien TR, Chang Y, et al. Prevention of heterosexual transmission of human immunodeficiency virus through couple counseling. J Acq Immune Defic Syndr 1993;6(9):1043-48.
  3. Kelly JA, Murphy DA, Washington CD, et al. The effects of HIV/AIDS intervention groups for high-risk women in urban clinics. Am J Public Health 1994;84(12):1918-22.

    Network, Printemps 1998, Volume 18, Numéro 3 .
    img
    © Copyright 1999, Family Health International (FHI)




Descripteur MESH : Comportement , Grossesse , Maladie , Femmes , Personnes , Contraception , Hommes , Risque , Sexualité , Infection , Temps , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Soins , Washington , Santé , Virus , Amis , Partenaire sexuel , Méthodes , Jamaïque , Honduras , Contraceptifs , Comportement sexuel , Brésil

PUBLICITE