Prématurés de très faible poids : la déxaméthasone remise en question

L'administration de doses modérées de déxaméthasone à des prématurés ne modifie pas la survie des enfants ni l'incidence des pathogies pulmonaires chroniques. De plus, le traitement induit des perforations gastriques et un retard de croissance. Ceci est la conclusion d'une étude randomisée conduite auprès de 220 prématurés.

Cet essai randomisé avec contrôle placebo est publié dans l'édition du 11 janvier du New England Journal of Medicine.Dans cet article, Stark et al soulignent que la déxaméthasone, administrée rapidement après la naissance, peut réduire le risque de maladie pulmonaire chez les prématurés mais est associée à plusieurs complications. L'objectif ici était d'évaluer l'efficacité et le profil de sécurité de doses plus faibles de déxaméthasone.

L'essai a été mené sur 220 nouveau-nés dont le poids de naissance était compris entre 501 g et 1000 g. Ces enfants ont été placés sous assistance respiratoire dans les 12 heures qui suivaient la naissance et ont reçu de la déxaméthasone ou un placebo. La déxaméthasone était administrée dans les 24 heures après la naissance à 0,15 mg/kg et par jour pendant trois jours. Le dosage était réduit progressivement sur une période de 7 jours.

Le risque de pathogie pulmonaire chronique ou de décès (36° semaine "d'âge gestationnel") était similaire chez les enfants sous placebo ou déxaméthasone (groupe déxaméthasone RR = 0,9 ; IC 95 % = 0,8-1,1).

A 28 jours après la naissance, l'apport en oxygène était moins fréquent chez les enfants sous déxaméthasone mais plusieurs complications ont été notées : hypertension (P < 0,001) et hyperglycémie nécessitant un apport d'insuline (P = 0,02).

De plus, les perforations gastro-intestinales étaient plus fréquentes dans le groupe déxaméthasone au cours des deux premières semaines (13 % vs 4% ; P = 0,02).

Enfin, à la 36° semaine "d'âge gestationnel", la déxaméthasone était associée à un poids et à une circonférence crânienne plus faible (P = 0,02 et P = 0,04 respectivement).

"Cette étude montre que des doses modérées de déxaméthasone n'augmentent pas la survie des prématurés, ne préviennent les maladies pulmonaires et peuvent mettre en danger leur santé", a déclaré le Dr Duane Alexander, Directeur du National Institute of Child Health and Human Developpement (NICHD) qui a participé à cette étude.

"Etant donné ces complications sérieuses et le manque de bénéfice visible", notent les auteurs, "nous pensons qu'un traitement rapide par déxaméthasone pour prévenir les maladies pulmonaires chez les nouveau-nés de très faible poids n'est pas indiqué".

Source : NICHD. N Engl J Med 2001;344:95-101

Descripteur MESH : Anesthésie , Réanimation , Obstétrique , Survie , Incidence , Croissance , Placebo , Maladies pulmonaires , Risque , Âge gestationnel , Hyperglycémie , Hypertension artérielle , Insuline , Maladie , Édition , Oxygène , Poids de naissance , Santé , Sécurité

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