Les internes en grève les 18 et 19 juin revendiquent de ne pas travailler plus de 48 h par semaine

Les internes en grève les 18 et 19 juin revendiquent de ne pas travailler plus de 48 h par semaine L’InterSyndicale Nationale des Internes (ISNI) se mobilise pour que la règlementation européenne qui limite le temps de travail hebdomadaire à 48 heures soit appliquée aux internes en médecine. Si un appel à la grève est lancé pour les 18 et 19 juin, une manifestation est également prévue le samedi 19 juin.

58,4 heures de travail hebdomadaires pour les internes en France

En 2019, selon Gaétan Casanova, président de l’ISNI, les internes ont travaillé en moyenne 58,4 heures, soit 10 heures de plus que le maximum légal fixé par la règlementation européenne. Cette moyenne cache de grandes disparités, certains internes travaillant bien plus certaines semaines.

C’est le cas d’Olivia, qui à 26 ans confie sur France Inter avoir travaillé jusqu’à 96 h par semaine et 26 jours d’affilée. Avec une telle charge de travail, les conséquences sur sa santé mentale sont loin d’être neutres et Olivia a fait un burnout.

« j’ai fait des crises d’angoisse, je ne dormais plus, je faisais des cauchemars, et j’ai réalisé que j’allais mal quand je pensais à l’hôpital, et surtout à mon retour à l’hôpital. Impossible de retourner au travail. En fait, je ne me voyais pas revenir m’occuper de patients alors que moi-même j’allais si mal »

Olivia n’est pas la seule interne à souffrir ainsi au travail. Déjà en 2017, l’ISNI avait révélé des chiffres édifiants. 2 internes suis trois présentent des troubles de l’anxiété, soit 4 fois plus qu’en population générale. 28 % d’entre eux sont dépressifs. Pire, si 23 % des internes déclaraient avoir eu des idées suicidaires, 3,8 % d’entre eux soit 738 jeunes médecins avaient tenté de passer à l’acte. Ce qui est d’autant plus facile lorsqu’on a accès à toute la pharmacopée française. Pour l’INSI, le constat est clair « les futurs médecins sont des centaines à être en danger de mort durant leur formation. »

Les facteurs de risques sont bien connus et ne se limitent pas à la charge de travail illégale que doivent supporter les étudiants en médecine : un cursus éducatif très sélectif et très exigeant, la confrontation à la mort, des responsabilités immenses, mais aussi un encadrement souvent défaillant ou absent, parfois délétère.

Chaque année en France, entre dix et vingt internes en médecine mettent fin à leurs jours.

48 heures de grève pour 48 heures de travail par semaine

Depuis fin mars et après les suicides des internes qui ont défrayé la chronique en ce début d’année 2021, l’INSI a lancé la campagne #ProtegeTonInterne pour mobiliser l’opinion sur les conditions de travail des internes.

Leur principale revendication est on ne peut plus simple et plus légitime : que la règlementation européenne du travail qui limite à 48 h la durée maximale de travail hebdomadaire soit appliquée à leur endroit. En effet, si les internes sont soumis à une charge de travail illégale c’est en raison d’un article du code de la santé publique qui définit en demi-journée et non en heure le temps de travail des internes, ce qui laisse le champ libre à une multitude d’interprétations. Selon les hôpitaux et l’encadrement, une demi-journée varie de 4 à 12 heures selon les besoins réels des services.

L’INSI a rencontré par deux fois, le ministre de la Santé Olivier Véran, par ailleurs ancien président de l’INSI. Si le ministre a affirmé vouloir améliorer leurs conditions de travail, l’INSI est ressortie frustrée de ces deux entretiens.

« Alors que chaque année, nous souffrons en silence brisés par une omerta totale sur nos conditions de travail, le cabinet du ministre Olivier Véran a affirmé ne pas vouloir mettre en place un décompte horaire du temps de travail des internes au cours d’une réunion le 20 mai dernier.

Force est de constater que le ministre de la Santé Olivier Véran n’a pas l’intention de faire respecter la loi pour protéger les internes, mais aussi les patients.

Un soignant épuisé est un soignant qui va mal et qui prendra en charge moins bien son patient malgré lui. »

L’ISNI appelle donc à 48 heures de grève les 18 et 19 juin ainsi qu’à une manifestation nationale le 19 h juin à 13 h à la Pitié Salpêtrière.

Les internes en grève les 18 et 19 juin revendiquent de ne pas travailler plus de 48 h par semaine

Plus d’informations : https://www.facebook.com/events/809753519665613/?active_tab=discussion

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