De 7 % à 11 % : la progression continue des médecins formés hors de France
Définitions et périmètres : distinguer nettement les indicateurs
L’OCDE retient deux catégories : foreign-born (nés à l’étranger) et foreign-trained (diplômés à l’étranger). Ces jauges décrivent des réalités distinctes mais complémentaires pour mesurer la dépendance aux mobilités internationales de soignants.[1]
En France, la DREES et le CNOM observent avant tout la part de médecins à diplôme étranger. Cette mesure n’équivaut pas à « médecins étrangers ». Comparer sans précaution ces périmètres crée des écarts apparents avec les synthèses fondées sur les catégories OCDE.
« 11 % des médecins ont un diplôme étranger au 1er janvier 2025, après 7 % au 1er janvier 2012. »[2]
Ce constat de la DREES éclaire une trajectoire longue, alimentée par les flux de diplômés hors de France et par les effets d’offre de formation.
À noter : « La plupart des pays de l’OCDE comptent moins de professionnels de santé formés que nés à l’étranger », ce qui explique qu’un même pays présente des taux différents selon l’indicateur mobilisé.[10]
Où les diplômés étrangers pèsent le plus : un gradient par spécialités
La cartographie du CNOM met en évidence une présence accrue dans les disciplines hospitalières :
- 21,7 % des spécialistes chirurgicaux en activité ont un diplôme étranger au 1er janvier 2025 ;
 - 18,0 % des spécialistes médicaux ;
 - 6,5 % des médecins généralistes.[3]
 
Toujours selon l’Atlas 2025, la part de médecins à diplôme étranger a presque doublé depuis 2010 chez les actifs réguliers (de 7,2 % à 14,6 % en 2025). Les pays d’obtention les plus fréquents sont, au sein de l’UE (hors France) : Roumanie, Belgique, Italie ; hors UE : Algérie, Tunisie, Syrie.[3]
Sur le terrain, les départements à faible densité médicale recourent proportionnellement davantage à ces praticiens, signe d’un effet d’amortisseur dans les zones sous-dotées.[3]
La France dans la dynamique OCDE : dépendance contenue, tendance haussière
Le rapport OCDE confirme, depuis le début des années 2000, une hausse structurelle de la part de médecins et d’infirmiers foreign-born ou foreign-trained dans de nombreux pays, avec des enjeux de reconnaissance et des risques pour les pays sources.[10]
| Indicateur | Pays leaders (>40 %) | France (estimée ~11–15 %) | Observations OCDE | 
|---|---|---|---|
| Nés à l'étranger (médecins, 2020/21) | Australie (>50 %), Luxembourg, Nouvelle-Zélande ; Irlande, Israël, Suisse, Royaume-Uni (>40 %) | ~10–15 % (non chiffré précisément) | Hausse globale ; risques pour pays sources. | 
| Diplômés à l'étranger (médecins, 2023) | Israël (59 %), Norvège (44 %), Irlande (43 %), Nouvelle-Zélande (42 %), Suisse (40 %), Royaume-Uni (36 %), Australie (31 %) | 11 % (2025) | France dans le bas du spectre ; appui structurel ailleurs. | 
| Nés à l'étranger (infirmiers, 2020/21) | Nouvelle-Zélande (42,7 %), Australie (41,1 %), Israël (40,5 %) | Non chiffré | Tendance similaire, moins documentée en France. | 
| Diplômés à l'étranger (infirmiers, 2023) | Irlande (52 %), Nouvelle-Zélande (33 %), Suisse (27 %), Royaume-Uni (23 %), Australie (18 %) | ~5–10 % (estimé) | Focus sur reconnaissance des qualifications. | 
Listes de métiers en tension. « Les listes de métiers en tension continuent d’être très utilisées […] Les professionnels de santé sont presque toujours inclus sur la liste […] France […] ». La France fait partie des pays qui recourent à cet outil pour accélérer les recrutements sur des fonctions en pénurie.[10]
Procédures et statuts : un parcours PADHUE encore sous tension
Au-delà des courbes, l’accès à l’exercice dépend des autorisations et des EVC qui encadrent les PADHUE (praticiens à diplôme hors UE). L’année 2025 a été marquée par des mobilisations et par des décrets d’ajustement, avec des effets encore contrastés dans les établissements.[4][6] Pour des repères pratiques et des retours d’expérience, plusieurs dossiers et témoignages sont accessibles sur Caducee.net.[7][8][9]
Dans un contexte de pénuries classées en « métiers en tension », l’OCDE renvoie explicitement au Code de pratique mondial de l’OMS. Le rapport souligne qu’« il est essentiel que tous les pays mettent pleinement en œuvre » ce cadre pour le recrutement international des personnels de santé. Concrètement, le Code promeut la transparence des recrutements, le suivi des flux, des accords bilatéraux mutuellement bénéfiques et le renforcement des capacités dans les pays sources. Il offre un référentiel pour calibrer l’attractivité sans fragiliser les systèmes d’origine.[10]
La DREES souligne que la croissance des effectifs depuis 2012 est portée par les médecins à diplôme étranger, sans pour autant résorber les difficultés d’accès aux soins dans certains territoires. Autrement dit si la contribution est réelle, elle ne remplace pas une politique d’attractivité et d’organisation des soins à l’échelle locale.[2]
Références
[1] OCDE, International Migration Outlook 2025 — chapitre 5 « International migration of health professionals to OECD countries », publication en ligne, 3 novembre 2025. https://www.oecd.org/en/publications/international-migration-outlook-2025_ae26c893-en/full-report.html
[2] DREES, « 237 200 médecins sont en activité en France au 1er janvier 2025 », jeu de données, 28 juillet 2025 : « 11 % des médecins ont un diplôme étranger au 1er janvier 2025, après 7 % au 1er janvier 2012. » https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/jeux-de-donnees/250728-DATA-demographie-des-medecins
[3] Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), Atlas de la démographie médicale 2025 — Tome 1, données au 1er janvier 2025 : 21,7 % des spécialistes chirurgicaux, 18,0 % des spécialistes médicaux, 6,5 % des généralistes à diplôme étranger ; pays d’obtention les plus fréquents et focus territorial. https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/analyse_etude/1lz38w1/cnom_atlas_demographie_2025_tome_1.pdf
[4] Le Monde, « Les médecins à diplômes étrangers de nouveau mobilisés », 23 février 2025. https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/23/les-medecins-a-diplomes-etrangers-de-nouveau-mobilises_6560242_3224.html
[5] Les Échos, « Un médecin sur cinq est étranger en France », 3 novembre 2025. https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/un-medecin-sur-cinq-est-etranger-en-france-2196357
[6] Village de la Justice, « Concours interne pour les PADHUE : un labyrinthe sans sortie ? », 3 juin 2025. https://www.village-justice.com/articles/concours-interne-pour-les-padhue-labyrinthe-sans-sortie,53557.html
[7] Caducee.net, « Simplification de la régularisation des médecins PADHUE », 4 juin 2025. https://www.caducee.net/actualite-medicale/16595/simplification-de-la-regularisation-des-medecins-padhue.html
[8] Caducee.net, « Médecins PADHUE du GHEF : entre précarité et scandale administratif », 21 juillet 2025. https://www.caducee.net/actualite-medicale/16619/medecins-padhue-du-ghef-entre-precarite-et-scandale-administratif.html
[9] Caducee.net, « Déserts médicaux : les propositions du Dr Marty pour rétablir l’accès aux soins », 30 octobre 2024. https://www.caducee.net/actualite-medicale/16457/deserts-medicaux-les-propositions-du-dr-marty-pour-retablir-l-acces-aux-soins.html
[10] OCDE, Perspectives des migrations internationales 2025 — chapitre « Migrations internationales des professionnels de santé vers les pays de l’OCDE », version française, en ligne, 3 novembre 2025 : passages sur listes de métiers en tension, Code de pratique OMS, disponibilité NHWA/Tableau 5.7. https://www.oecd.org/fr/publications/perspectives-des-migrations-internationales-2025_695789d1-fr/full-report/international-migration-of-health-professionals-to-oecd-countries_fea88ae4.html
Descripteur MESH : Médecins , France , Santé , Infirmiers , Soins , Suisse , Australie , Irlande , Conseil , Israël , Tunisie , Norvège , Luxembourg , Italie , Roumanie , Belgique , Syrie , Algérie , Statuts , Renforcement des capacités , Médecins généralistes , Politique , Démographie , Croissance

