Des Français ont réalisé un essai de thérapie génique chez des bébés

Quatre enfants âgés de moins d'un an, atteints d’un déficit immunitaire sévère de l’immunité, ont été traités cette année par thérapie génique à l'hôpital Necker-Enfants-Malades de Paris.

Cet essai de thérapie génique a été conduit sous la direction du Pr Alain Fischer et du Dr Marina Cavazzana-Calvo. Cette équipe Inserm travaille depuis plusieurs années sur la mise au point du transfert de gène dans le déficit immunitaire combiné sévère (SCID) lié à l’X (ou SCIDXl, pour SCID-X linked).

Ce déficit héréditaire met en jeu le pronostic vital et touche à la fois l’immunité cellulaire et humorale. Il se caractérise par un arrêt précoce du développement des lymphocytes T et des cellules NK (Natural Killer). A ce jour, le meilleur traitement du SCID est une greffe de moelle osseuse à partir d'un donneur HLA-identique.

Cette maladie génétique, rare, résulte de mutations dans le gène IL2RG qui code pour la chaîne gamma du récepteur de l’interleukine 2. Cette chaîne gamma est commune aux récepteurs de plusieurs autres cytokines, en l’occurrence les interleukines IL-4, IL-7, IL-9 et IL-15. Pour cette raison, elle a été baptisée cytokine receptor gamma chain ou " gamma c" ou encore " gammac ".

Il y a tout juste un an, l’équipe de l’Inserm U.429 et du centre de transfusion sanguine de l’Hôpital Necker (Paris) rapportait dans Blood des résultats encourageants sur le transfert du gène gammac, via un vecteur rétroviral, dans les cellules souches hématopoïétiques de souris SCIDXl. Ces chercheurs avaient obtenu une différenciation lymphocytaire T in vitro à partir des progéniteurs hématopoïétiques murins après culture de cellules de moelle osseuse CD34+ dans un milieu complexe composé de plusieurs cytokines et de facteurs de croissance : stem cell factor, FLT-3L, d’IL-7, d’IL1 et d’IL-15. C'est ce même gène gammac que les chercheurs français ont transféré ex vivo dans les cellules de moelle osseuse chez quatre bébés.

Cette même équipe se refusait mardi en début d’après-midi à apporter toute précision sur cet essai de thérapie génique, tandis que l’Inserm indiquait que les résultats de ces travaux, qui seront prochainement soumis à publication dans une revue scientifique internationale, ne peuvent évidemment pas être commentés par les auteurs avant parution.

La possibilité qu’un protocole de thérapie génique puisse restaurer le déficit immunitaire observé dans SCIDXl a été validé, in vivo chez l’animal, par une étude américaine publiée le mois dernier dans Blood.

Des chercheurs américains du National Heart, Lung and Blood Institute (NIH, Bethesda, Maryland) ont également utilisé un rétrovirus comme vecteur du gène humain gamma c dans des cellules souches hématopoïétiques de souris atteintes de SCIDXl.

W.J. Leonard et ses collaborateurs indiquaient avoir réussi à restaurer quantativement et qualitativement les populations lymphocytaires affectées dans un modèle murin de SCIDXl, observant que ces animaux une augmentation des lymphocytes T et B, des cellules NK, une normalisation du ratio CD4/CD8 et des taux sériques d’immunoglobulines. Une prolifération cellulaire avait été observée en réponse à l’IL-2.

Le Sunday Times croit savoir qu'un des quatre enfants SCID traités par thérapie génique à Paris n’avait que 4 semaines. " Chez les deux premiers enfants traités, les taux lymphocytes T sont revenus à des niveaux normaux ", peut-on lire.

Un des enfants, britannique, est suivi par le Dr Graham Davies, pédiatre immunologiste au Great Ormon Street Hospital de Londres. A en croire, ce médecin, cité par le journal britannique, les résultats montrent clairement que le transfert de gène a " corrigé " la maladie de ce petit patient.

Et le Sunday Times de publier la photographie de son fils dans les bras de son père et de titrer " Un bébé britannique pour la première fois guéri par thérapie génique ".

Signalons à cet égard qu’un autre SCID, lié à un déficit enzymatique en adénosine désaminase (ADA), a été la première maladie génétique traitée par transfert de gène.

Depuis 1990, date du premier essai de thérapie génique sur deux patients ADA-SCID, cinq essais cliniques, utilisant des différentes approches, ont été conduits auprès de 11 patients. Les résultats publiés font apparaître que le transfert de gène dans les cellules souches hématopoïétiques, via un rétrovirus recombinant, n’est pas encore suffisant pour se traduire par un réel bénéfice clinique.

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