Variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob : un nouveau test plus sensible

Des chercheurs anglais publient dans le Lancet du 21 juillet un article sur un nouveau test de dépistage du prion pathogène. Ce test a permis de mesurer la concentration de prion dans plusieurs tissus périphériques et pas seulement dans le cerveau ou les amygdales. D'après les chercheurs, ce test pourrait être utile pour évaluer le risque de transmission iatrogénique.

La protéine prion pathogène (PrPSc) est actuellement détectable dans le cerveau et les amygdales. Cependant, il est très difficile de mesurer la présence de PrPSc dans les tissus périphériques et les autres organes. Cette difficulté pose non seulement le problème de l'infectiosité d'instruments utilisés en chirurgie ou pour des biopsies mais aussi celui de la détection de la maladie dans sa forme préclinique.

Un nouveau test de détection plus sensible a été mis au point par des chercheurs anglais sous la direction du professeur John Collinge de l'Imperial College of Medicine à Londres. Ce test est basé sur une précipitation sélective de PrPSc couplée à une méthode d'immunodétection par Western-Blot.

Cette technique permet de mesurer la concentration de PrPSc dans un tissu par rapport à celle retrouvée dans le tissu cérébral. Néanmoins, on ne connaît pas encore la sensibilité absolue du test, c'est à dire la concentration minimale de PrPSc détectable par ce nouveau test.

Collinge et ses collaborateurs ont utilisé ce test pour étudier des échantillons de tissus prélevés sur des patients décédés et pour lesquels un diagnostic de variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob avait été posé. Le corps d'autres patients exempts de maladie neurologique a été utilisé pour les contrôles.

Le test permet de détecter des concentrations de PrPSc 10.000 fois inférieures aux concentrations de PrPSc dans le cerveau de patients avec une vMCJ confirmée.

Chez ces patients, PrPSc a été détecté dans les amygdales, la rate et les ganglions lymphatiques à des concentrations allant de 0,1 % à 15 % de celles retrouvées dans le cerveau, avec les concentrations les plus élevées dans les amygdales.

La protéine prion PrPSc était également présente dans la rétine et au niveau du nerf optique de patients avec une vMCJ, les autres régions de l'œil étaient négatives. La concentration en PrPSc dans la rétine et le nerf optique représentait respectivement 2,5 % et 25 % de celle retrouvée dans le cerveau.

Les autres tissus étaient négatifs mais de faibles concentrations de PrPSc ont été mises en évidence au niveau du rectum, du thymus et des glandes surrénales chez un patient décédé d'une vMCJ.

Il faut noter que le sang et l'appendice étaient chaque fois négatifs.

En conclusion, ce test facilite la détection de PrPSc dans les différents tissus. Les chercheurs estiment qu'une attention particulière doit être portée à l'évaluation de la contamination éventuelle des tissus gastro-intestinaux chez les sujets avec une vMCJ, notamment en raison d'un risque potentiel de transmission par les instruments chirurgicaux. De même pour la chirurgie de l'œil.

Par ailleurs, ces données confirment l'intérêt d'une biopsie des amygdales pour rechercher la présence de PrPSc.

Dans un commentaire de ces travaux, David Bolton (New York State Institute for Basic Research in Mental Retardation and Developmental Disabilities) estime que ces données semblent confirmer que le prion pathogène est principalement présent dans le cerveau et les tissus lymphoïdes, mais il ajoute qu'il faut examiner plus d'échantillons et plus de tissus chez encore plus de patients.

Source : Lancet 2001;358:171-80, 164-5.

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