Le risque de paludisme est potentiellement multiplié par deux chez les femmes enceintes

Selon une étude anglaise publiée dans le Lancet, le risque de piqûre par Anopheles gambiae (le vecteur principal du paludisme) est deux fois plus élevé chez les femmes enceintes. Des modifications physiologiques et comportementales seraient à l'origine de ce risque accru. Ces modifications pourraient se révéler essentielles pour la mise en place de stratégies destinées à protéger cette population à risque.

Le paludisme est une cause majeure de maladie et une cause indirecte de décès chez les femmes enceintes. Cette maladie entraîne également une mortinatalité et une mortalité néonatale importante.

Afin d'évaluer le risque d'infection durant la grossesse, l'équipe du Dr S. Lindsay (Université de Durham, Angleterre) a comparé le nombre de moustiques attirés par les femmes enceintes ou non. Cette étude a été réalisée en Gambie en zone rurale auprès de 36 femmes enceintes et 36 femmes "contrôles". Chaque nuit, 3 femmes enceintes et trois femmes "contrôles" ont dormi seules, sous une moustiquaire et dans 6 huttes identiques.

Les auteurs ont comptabilisé le nombre de moustiques (et éventuellement de piqûres) dans chaque hutte le lendemain matin.

Les femmes enceintes ont attiré deux fois plus de moustiques Anopheles gambiae : 6,3 moustiques en moyenne par nuit contre 3,1.

Deux facteurs physiologiques peuvent expliquer ce résultat. Premièrement, les femmes enceintes expirent plus d'air (+ 21 %), laissant ainsi échapper plus de molécules qui peuvent être utilisées par le moustique pour repérer le sujet. Deuxièmement, les auteurs ont montré que la température de l'abdomen était augmentée de 0,7 °C chez les femmes enceintes : ceci peut favoriser la libération de substances volatiles et aider le moustique à détecter sa cible plus rapidement.

Le Dr Linsay et ses collègues notent que des changements des habitudes contribuent vraisemblablement à multiplier ce risque : les femmes enceintes se levaient deux fois pendant la nuit et ne bénéficiaient plus de la protection de la moustiquaire.

Dans un communiqué de presse du Lancet, le Dr Lindsay précise que "cette étude souligne l'importance de la protection, particulièrement chez les femmes durant leur première grossesse".

Des mesures simples, comme l'utilisation de moustiquaires traitées avec des insecticides, peuvent facilement limiter ce risque.

"Notre prochain défi sera de développer des stratégies pour réduire l'attraction des moustiques pour les femmes enceintes". Les scientifiques envisagent l'utilisation d'agents bactéricides cutanés pour réduire les signaux chimiques produits par des bactéries. "…nous envisageons également de collaborer avec des scientifiques allemands afin d'identifier quels composants chimiques sont les plus attractifs pour les moustiques".

Source : Lancet 2000;355:1972. Communiqué de presse du Lancet

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