Médicaments remboursables : une étude de l’Assurance Maladie pour comprendre les principales évolutions de l’année 2003

Au cours de l’année 2003, les différents régimes d’Assurance Maladie ont remboursé plus de 2,6 milliards de boîtes, flacons, ou autres présentations de médicaments acquises dans les 23000 pharmacies d’officines pour un montant total de 16,5 milliards d’euros ( 4,6% par rapport à 2002).

Comme elle le fait chaque année, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie a souhaité analyser les principales évolutions des prescriptions de ces médicaments. Ces informations sont nécessaires à l’Assurance Maladie pour mener à bien ses actions de régulation des dépenses de remboursement des médicaments* (accords de bon usage des soins avec les médecins, campagnes d’information du public, etc.).

Consommation et dépenses en hausse

En résumé, les principaux résultats de cette étude (voir encadré page suivante) montrent la poursuite de la croissance de la consommation de médicaments à un rythme relativement faible en termes de quantités vendues ( 0,7%), mais plus important en termes de montants ( 4,6%). Antalgiques et psychotropes demeurent les première et deuxième familles de médicaments les plus prescrits.

La progression de la consommation de médicaments peut s’expliquer dans de nombreux cas par des facteurs démographiques (la population augmente et vieillit) et médicaux (prévalence accrue de certaines maladies, par exemple le diabète). Néanmoins, on peut s’interroger sur le taux de croissance de certains médicaments notamment les antalgiques et les psychotropes, médicaments dont la France détient déjà la palme de la consommation.

L’étude porte sur les dépenses de médicaments délivrés par les officines de ville pour le compte des seuls assurés relevant du régime général (salariés hors fonctionnaires). Au total, les montants en jeu s’élèvent en 2003 à 11,9 milliards (soit 72% de la dépense totale des régimes d’assurance maladie). Les médicaments délivrés à l’hôpital à des patients non hospitalisés mettent en jeu des sommes nettement plus faibles (1,3 milliard d’euros en 2003) mais dont le rythme de croissance est beaucoup plus important ( 30% sur chacune des deux dernières années). Par ailleurs, rappelons que prés de 20 % des dépenses de médicaments sont prescrites par des médecins hospitaliers ou en centres de santé.

* pour en savoir plus sur les actions de régulation dans le domaine du médicament, voir pour mémoire en annexe III bis la fiche correspondante du communiqué de presse du 11 mai 2004.

La croissance du co ût des médicaments pour l’Assurance Maladie est bien plus forte que celle du nombre de médicaments ( 4,6% contre 0,7%). Cette croissance s’explique essentiellement par un effet dit de structure (part grandissante des médicaments chers dans les prescriptions).

Face à cette situation, l’Assurance Maladie renforcera l’évaluation des conditions réelles de prescription des médicaments (bon usage du médicament, respect des indications thérapeutiques remboursables), notamment les plus chers, après leur mise sur le marché. Par ailleurs, rappelons que les médicaments prescrits hors AMM ne sont pas remboursables (le médecin doit faire figurer la mention non remboursable sur l’ordonnance).

Cette augmentation des dépenses de remboursement s’observe malgré la baisse du taux de remboursement des médicaments à service médical rendu (SMR) faible, la moindre prescription de médicaments à SMR insuffisant, le développement du marché des génériques et la baisse du nombre de prescriptions d’antibiotiques.

-L’économie réalisée par la baisse intervenue en avril 2003 du taux de remboursement de 616 médicaments à SMR faible est de l’ordre de 360 millions sur 12 mois, pour l’ensemble des régimes.

-les médicaments à SMR insuffisant ont enregistré une baisse de 7 % (en nombre de boîtes) et de 9 % (en dépenses).

-Les génériques ont connu une progression sensible au cours de l’année 2003 et ont conquis des parts de marché importantes sur des produits phares. A fin mai 2004, le taux de génériques, exprimé en terme de nombre de boîtes délivrées parmi l’ensemble des produits généricables atteignait 56%. Depuis, l’arrivée sur le marché des génériques du MOPRAL ® a entraîné pour l’assurance maladie une économie de 6,4 M€ sur le seul mois de juin 2004.

Mais, globalement, il y a encore une réelle marge de progression pour ce taux de génériques. Il est en effet aujourd’hui très inégal d’une région à l’autre (voir en annexe la carte de France montrant le taux de délivrance de génériques par canton à la fin du troisième trimestre 2003).

-La baisse de la consommation d’antibiotiques a été de l’ordre de 10% en 2003.

Les médicaments les plus vendus (en nombre de boîtes)

En termes de quantité (nombre de boîtes, flacons, etc.…) les antalgiques sont toujours les plus vendus (cf. annexe II). Les antalgiques à base de paracétamol seul (Doliprane®, Efferalgan®, Dafalgan®), ou associé (Di-antalvic®) restent les quatre produits les plus prescrits, avec toujours une forte évolution, notamment pour DOLIPRANE® 8,9% et pour DAFALGAN® 10,7%.

DI ANTALVIC® voit son marché régresser de près de 31%, en raison d’une part de ses génériques qui constituent aujourd’hui 68% du marché mais aussi des prescriptions de PROPOFAN®, ( 7% - rang6-), un produit dont la composition est très proche du DI­ANTALVIC® et qui est commercialisé par le même laboratoire.

Au total, ces cinq produits ont totalisé 164 millions de boîtes remboursées (215 millions si l’on s’intéresse aux molécules).

Comme en 2002, on retrouve trois produits psychotropes dans les 25 médicaments les plus prescrits. Le premier reste STILNOX® (rang 5 comme en 2002), hypnotique qui représente près de 15 millions de boîtes prescrites et remboursées, le deuxième Deroxat® (rang 10 contre 11 en 2002), antidépresseur dont les prescriptions progressent de 8,2% à 11,5 millions de boîtes remboursées et le dernier TEMESTA ® (rang 21 contre 25 en 2002) en évolution de 6,9% (8,6 millions de boîtes).

Les psychotropes génériqués continuent de baisser, la plus forte chute étant celle de l’antidépresseur PROZAC® (-32,2%) qui passe du rang 42 à la 71ème place et ce malgré la forme comprimé dispersible, non génériquée. Notons que les génériques de DEROXAT® et DIVARIUS® (mésilate de paroxétine), commercialisés fin 2003, ont réalisé 3% des boîtes de paroxétine.

On rappellera ici que la consommation de psychotropes croît très rapidement avec l’âge (voir étude du 6 novembre 2003 sur ameli.fr/espace presse) Une récente étude de l’Assurance maladie sur la consommation médicamenteuse des personnes âgées décédées durant la canicule d’ao ût 2003 (cf. point de conjoncture n°26-27 – juillet 2004) a montré que les trois quarts de ces personnes avaient consommé des psychotropes dans les mois précédant leur décès*.

Les médicaments à service médical rendu insuffisant

Les leaders de ces produits restent incontestablement les veinotoniques, avec au premier rang le DAFLON® qui poursuit sa progression ( 2% en unités vendues). Les autres spécialités les plus vendues sont respectivement un vasodilatateur TANAKAN®, un produit adjuvant des régimes dans les hypertriglycéridémies et, chez les diabétiques en surcharge pondérale, MEDIATOR®, en progression de 6,2% en unités, une spécialité à base de magnésium, MAGNE B6® et, toujours de façon aussi étonnante, CYSTINE BAILLEUL B6 ®, essentiellement préconisée comme traitement d’appoint des affections phanériennes – ongles et cheveux fragiles), avec 6,3 millions d’unités, en progression de 6,7%.

La concentration des dépenses

La concentration des dépenses sur les premières spécialités pharmaceutiques reste importante en 2003 : les 100 premiers produits représentent pratiquement la moitié (en fait 48%) des dépenses totales et les 10 premiers représentent 14% de ces mêmes dépenses.

Les cinq premiers produits remboursés représentent près de 10% des dépenses (9,5% exactement contre 8,7% en 2002). Si on extrapole ces dépenses à l'ensemble des régimes d'assurance maladie, chacun de ces produits représente à lui seul une dépense de plus de 200M€ ; (MOPRAL® : 440M€ ; TAHOR®: 330M€; PLAVIX®: 329M€; SERETIDE®: 249M€ et ELISOR®: 216M€).

Le classement des premiers produits pharmaceutiques est peu modifié en 2003 : les neuf premières spécialités sont les mêmes qu’en 2002 et elles sont toutes en forte progression à l’exception de MOPRAL® [voir Tableau 2]

Si MOPRAL® -antiulcéreux- reste le premier produit remboursé avec un peu plus de 316 millions d’euros, il affiche pour la première fois de son histoire une croissance nulle; cette situation pour 2003 n’est pas encore liée à l’arrivée des génériques puisque la molécule n’est tombée dans le domaine public qu’en 2004 mais à la pénétration fulgurante de INEXIUM®, dont la molécule ésomeprazole est l’isomère actif de l’oméprazole (MOPRAL®) : le laboratoire exploitant les deux spécialités a donc bien anticipé la perte du brevet de sa molécule phare. INEXIUM®, commercialisé en 2002, occupe déjà, en 2003, la 14ème place avec un montant remboursé de 79 M€. La globalisation de MOPRAL® et d’INEXIUM ® approche les 400 millions d’euros (395,7M€).

Les médicaments anti-choléstérols quant à eux ne démentent pas leur progression toujours très forte : leur taux d’évolution varie de 14,7% pour TAHOR® (rang2 – 237,3M€) à près de 17% pour ELISOR® (rang5-155,8M€), ZOCOR® (rang6 – 142,1M€) et VASTEN® (rang7- 123,2M€), la pravastatine (ELISOR®, VASTEN®) globalisant près de 290M€. A elles seules ces 4 spécialités représentent 5,5% des dépenses de remboursement à 658,3M€ sur un total de 11,9 milliards d’euros.

Sur les 20 premiers médicaments présentés au remboursement, on trouve 8 médicaments cardiovasculaires (contre 10 en 2002), 4 liés au système nerveux central, 3 médicaments utilisés en gastroentérologie, 2 liés au système locomoteur (VIOXX®- CELEBREX®) 2 anti-asthmatiques, 1 antibiotique (ORELOX®).

ANNEXE I : Les seize classes pharmaco-thérapeutiques

ANNEXE II Les 100 premiers produits prescrits et remboursés (en quantités) en 2003

ANNEXE III : Les 100 premiers produits prescrits et remboursés (en montant) en 2003

ANNEXE IV : Les actions de l’Assurance Maladie en matière de régulation médicalisée des dépenses de médicaments

ANNEXE V : Le taux de délivrance des génériques par canton (septembre 2003) : des disparités géographiques encore considérables

Source

Revue de presse :

France: toujours plus de médicaments

Nouvel Observateur- 3sept2004

La consommation de médicaments a grimpé de 8% en 2003

Le Figaro- 2sept2004

Antidouleurs et antidéprime ont la cote

Libération- 2sept2004

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