Une piste pour éradiquer les infections de l’estomac de la moitié de la population mondiale

Une piste pour éradiquer les infections de l’estomac de la moitié de la population mondiale Une collaboration franco-indienne a identifié un mécanisme important dans la transmission de résistances aux antibiotiques qui sont la cause majeure de l’échec des thérapies visant l’éradication de Helicobacter pylori, bactérie qui infecte la moitié de la population mondiale. Ce résultat fait l’objet d’une publication dans Nature Communication, le 25 novembre 2019.

La bactérie Helicobacter pylori infecte l’estomac de la moitié de la population mondiale. Cette infection est à l’origine d’une série de pathologies qui vont des gastrites au cancer gastrique, en passant par les ulcères. Depuis la mise en évidence en 1982 de ce pathogène comme agent étiologique des ulcères, le traitement avec des antibiotiques a permis de guérir ces pathologies et éviter des cancers. 

Cependant, les dernières années ont vu une augmentation spectaculaire de souches de H. pylori résistantes au traitement. Ceci est dû à l’impressionnante plasticité du génome de cette bactérie. Au-delà de la mutagenèse très élevée chez ce pathogène, sa transformation naturelle contribue énormément à l’acquisition et propagation de gènes de résistance aux antibiotiques. Par cette voie, certaines espèces bactériennes peuvent capter et incorporer dans leur génome de l’ADN présent dans l’environnement.
Chez H. pylori, ce processus est très efficace, mais la machinerie moléculaire qui permet la capture et l’internalisation de l’ADN transformant est mal connue. 


Une équipe de l’institut de biologie François Jacob (CEA/Université de Paris/Université Paris-Sud-Paris-Saclay), en collaboration avec des biochimistes de l’Institut de biologie intégrative de la cellule (CEA/CNRS/Université Paris-Sud-Paris-Saclay) et de l’Indian Institute of Sciences (Bangalore), a identifié un acteur clé pour l’internalisation de l’ADN : la protéine ComH. Leur étude est publiée dans Nature Communication, le 25 novembre 2019.


ComH, qui n’a pas d’homologues dans d’autres espèces, est présente dans le périplasme (1) de H. pylori. Cette protéine lie avec une forte affinité l’ADN présent dans l’environnement direct de la bactérie. Par son interaction avec une protéine du pore de la membrane interne, elle entraîne ensuite cet ADN transformant dans le cytoplasme (2).


Son identification dans le processus de transformation naturelle de H. pylori ouvre la possibilité d’une nouvelle cible thérapeutique pour bloquer la propagation de souches les plus virulentes ou résistantes aux antibiotiques, en vue d’éradiquer l’infection mondiale liée à ce pathogène.
 
 
La moitié de la population mondiale infectée par Helicobacter pylori
Il est aujourd’hui admis que la bactérie Helicobacter pylori est l’agent causal de pathologies de l’estomac chez l'Homme : elle est responsable de gastrites chroniques, d’ulcères gastriques et duodénaux et elle joue un rôle important dans la genèse des cancers gastriques (adénocarcinomes et lymphomes). Ceci a conduit à réviser le traitement de la maladie ulcéreuse désormais considérée comme une maladie infectieuse, et pose d’une façon plus générale la question de l’éradication de cette bactérie (qui infecte 50 % de la population mondiale) comme moyen de prévention des cancers gastriques. 


L’infection à H. pylori est l’une des infections chroniques les plus répandues dans le monde : de 20 à 90 % des individus adultes sont infectés selon les pays. Pour un pays donné, la prévalence varie en fonction du statut socio-économique des individus, du degré de promiscuité et des conditions sanitaires dans lesquelles ils vivent. L’infection est plus fréquente dans les pays en voie de développement (80 à 90 %) que dans les pays industrialisés (25 à 30 %). La bactérie se transmet directement d’homme à homme principalement par voie orale et l’infection est acquise durant la petite enfance le plus souvent par une transmission intrafamiliale (mère/enfant, fratrie). (Source : Institut Pasteur)
 

 
(1) Dans certaines bactéries (dites à Gram négatif), le périplasme est l’espace entre les deux membranes interne et externe qui constituent la paroi de ladite cellule.

(2) Le cytoplasme désigne l’espace limité par la membrane interne et qui contient le génome bactérien. 

 

CEA

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