L'Académie nationale de médecine appelle à repenser l'intérim médical dans les hôpitaux publics

L’Académie nationale de médecine appelle à repenser l’intérim médical dans les hôpitaux publics L'Académie nationale de médecine a publié un communiqué abordant les problèmes posés par l'essor de l'Intérim médical et de son encadrement par la loi Rist. Elle propose des pistes pour améliorer la situation.

L'essor préoccupant de l'intérim médical

La pandémie a mis en lumière et aggravé le manque de personnel médical dans de nombreux services hospitaliers. Ce déficit est dû à plusieurs facteurs, notamment les réglementations sur les horaires de travail, les normes d'encadrement et la tendance à vouloir réduire le temps consacré à la vie professionnelle. Dans certaines zones peu attractives, les postes budgétaires de médecin titulaire restent vacants. Ce manque de médecins met en péril la qualité et la pérennité des soins, ainsi que la réponse aux urgences sanitaires locales.

Initialement conçu pour pallier des problèmes ponctuels, l'intérim médical a connu une croissance importante, avec une augmentation de 70 % depuis 2019 (1). Le nombre de médecins intérimaires a doublé entre 2013 et 2022, passant de 6 000 à 12 000 praticiens (2). Ce mode d'exercice séduit par sa flexibilité, son contrôle sur les congés et les niveaux de rémunération élevés.

Une régulation nécessaire des rémunérations

Pour tenter de maîtriser les tarifs d'intérim, qui coûtaient 1,5 milliard d'euros par an à la collectivité (3) et pouvaient atteindre 2 500 euros par journée, le ministère chargé de la santé a fixé un montant maximal de rémunération des médecins intérimaires (4). Depuis le 3 avril 2023, une garde de 24 heures est plafonnée à 1 390 euros brut avec prise en charge des frais de déplacement.

Cette mesure a provoqué l'opposition du syndicat représentant les médecins intérimaires, qui a préconisé des arrêts de travail pouvant entraîner la fermeture de certains services, notamment d'accueil des urgences. Le Conseil national de l'Ordre des médecins leur a demandé de respecter "le tact et la mesure dans les rémunérations sollicitées auprès des établissements de santé" et estime que leurs pressions n'ont "déontologiquement plus lieu d'être" (5).

Les propositions de l'Académie nationale de médecine

Face à ces difficultés, l'Académie nationale de médecine propose plusieurs mesures. Elle appelle à une organisation des soins hospitaliers qui permette aux hôpitaux d'être attractifs pour les médecins titulaires, notamment en termes de rémunération, tout en répondant aux besoins de la population. Elle soutient que le recours aux médecins intérimaires fragilise l'hôpital à long terme et souhaite que les Agences Régionales de Santé (ARS) privilégient les regroupements de services pour limiter les remplacements ponctuels.

Enfin, l'Académie nationale de médecine souligne l'importance d'une équipe médicale stable et structurée pour assurer la qualité des soins. Elle estime donc que les contrats proposés aux médecins intérimaires doivent exiger une préparation et une implication de leur part dans la vie et l'organisation de l'établissement pendant leur période de travail. Cela permettrait de garantir la qualité et la continuité des soins aux patients.

L'intérim médical est devenu un enjeu majeur pour les hôpitaux publics en France. La situation actuelle menace la qualité et la pérennité des soins, et appelle à une réflexion approfondie sur l'organisation des services hospitaliers. L'Académie nationale de médecine invite les acteurs du système de santé à repenser les pratiques et à privilégier des solutions pérennes pour garantir des soins de qualité à la population. La régulation des rémunérations et la mise en place de mesures incitatives pour les médecins titulaires pourraient contribuer à sortir les hôpitaux publics du piège de l'intérim médical.

Crédit photo : DepositPhotos

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