L'obésité, un effet secondaire du clonage ?

Des études de suivi sur les animaux clonés ont récemment montré que la célèbre Dolly souffrait d'une forme précoce d'arthrite et que des souris clonées avaient une espérance de vie réduite. De nouveaux travaux mettent en avant une nouvelle complication du clonage chez les souris : l'obésité. Toutefois, ce défaut n'est pas transmis à la descendance.

Ces observations pourraient laisser penser que les animaux clonés sont obèses, rongés par l'arthrite et qu'ils ne feront pas de vieux os de toute façon. Cette vision est quelque peu schématique mais a néanmoins l'avantage de mettre en avant les complications inhérentes à cette technique.

D'une façon plus générale, ces résultats indiquent que les embryons clonés sont particulièrement exposés à la survenue de modifications épigénétiques qui restent compatibles avec la vie. On estime qu'une "erreur" de méthylation de l'ADN après le transfert nucléaire est capable d'entraîner une dérégulation d'un ou plusieurs gènes.

L'observation d'une obésité chez des souris clonées est décrite par Tamashiro et al dans la revue Nature Medicine du mois de mars. Ces travaux menés par des équipes de l'université de Cincinnati et de l'université d'Hawaii portaient sur ces souris clonées produites par transfert de noyau de cellules somatiques.

Les chercheurs ont étudié plusieurs paramètres du développement de ces animaux pour les comparer à des souris avec le même fond génétique mais issues d'une reproduction naturelle.

Les deux groupes d'animaux présentaient un poids similaire à la naissance, expliquent les auteurs. Par contre, le poids des souris clonées est devenu significativement plus élevé à partir de la 10° semaine.

Ce poids plus élevé était directement imputable à une augmentation du tissu adipeux. Par ailleurs, les animaux présentaient des taux élevés d'insuline et de leptine. Leur appétit n'était pas plus important que celui des souris témoins.

Il faut noter que ce caractère obèse n'a pas été transmis aux descendants naturels des souris clonées. De ce fait, cette obésité n'est pas due à une anomalie génétique pure c'est à dire une modification de la séquence ADN. On a plutôt affaire à une modification épigénétique anormale qui peut être rétablie par un processus de reproduction naturelle. Pour cette raison, Tamashiro et ses confrères conseillent d'utiliser la reproduction naturelle dès que le trait recherché a été obtenu par clonage.

Dans un article qui accompagne cette publication, Ian Wilmut (Roslin Institute) commente les résultats de Tamashiro et al et les replace dans le contexte global du clonage des mammifères. Ce chercheur qui a participé activement à la création de Dolly pose très clairement la question de savoir s'il existe actuellement un mammifère cloné normal. Selon-lui, cette question est primordiale pour pouvoir envisager le clonage dans des applications médicales ou d'élevage.

Source : Nature Med 2002;8:215-6, 262-7

SR

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