Syndrome de détresse respiratoire chez le prématuré : les surfactants naturels présentent moins de risques que les surfactants synthétiques

Une étude anglaise, qui avait pour but de comparer l'efficacité de deux surfactants sur la durée de l'hospitalisation en soins intensifs de prématurés en détresse respiratoire, a été stoppée en raison d'une mortalité anormalement élevée chez les prématurés recevant un surfactant synthétique, le Pumactant, utilisé seulement en Angleterre. Les résultats de cet essai paraîtront samedi dans le Lancet.

Deux types de surfactants sont actuellement utilisés pour le traitement du syndrome de détresse respiratoire. On distingue les surfactants synthétiques et les surfactants d'origine animale (porc ou bœuf). Les propriétés des surfactants d'origine animale diffèrent par la présence de phospholipides et de protéines nommées "surfactant-associated proteins". Les surfactants d'origine animale permettent une réponse plus rapide chez l'enfant.

Plusieurs essais thérapeutiques ont déjà été pris en compte lors d'une analyse globale : les surfactants naturels ont été associés à une diminution du nombre de pneumothorax et à une possible réduction de la mortalité chez les nouveau-nés.

L'équipe du Dr Ainsworth (Newcastle Neonatal Service, Newcastle upon Tyne) et des médecins du Women's Hospital de Liverpool ont comparé un surfactant synthétique, le Pumactant, et un surfactant naturel, le Poractant-alpha. Ces deux produits sont largement utilisés en Angleterre mais le Dr A. Jobe (Children Hospital Center, Cincinnati) précise dans un commentaire que le Pumactant est disponible uniquement en Angleterre. L'objectif était de comparer la durée du séjour en unité de soins intensifs selon le traitement prescris.

Cet essai multicentrique concernait des prématurés nés entre la 25° et la 30° semaine de gestation. Ils présentaient une détresse respiratoire et ont été intubés en raison d'une déficience supposée en surfactant. Sur les 202 nouveau-nés inclus dans l'étude, 105 ont reçu du Poractant-alpha et 107 du Pumactant. Douze prématurés ont été exclus de l'essai pendant cette étude. Le Dr Jobe souligne par ailleurs que "cette étude ne présente aucune information sur la sévérité de la maladie ou sur la procédure de ventilation".

Les auteurs rapportent que l'essai a été arrêté avant son terme initial sur les recommandations d'un comité de sécurité qui s'appuyait sur une première analyse des données disponibles : 14 % de mortalité dans le groupe Poractant-alpha contre 31 % dans le groupe Pumactant.

Le Poractant-alpha était significativement associé à une mortalité plus faible et ce même après un ajustement en fonction de la durée de la gestation, du poids à la naissance, du sexe et des naissances multiples. Après ajustement, l'odds ratio, qui est une estimation du risque relatif, était égal à 0,27 pour le groupe Poractant-alpha (le risque dans le groupe pumactant étant défini comme égal à 1).

Les médecins précisent toutefois qu'ils ne peuvent écarter l'éventualité d'une surestimation du risque associé au Pumactant du fait que l'essai n'a pas été conduit jusqu'à son terme. Néanmoins, cet essai semble confirmer que les surfactants naturels présentent un avantage significatif face aux surfactants synthétiques.

Source : Lancet 2000;355:1387-92,1380-81

Descripteur MESH : Prématuré , Mortalité , Angleterre , Soins intensifs , Soins , Hospitalisation , Risque , Médecins , Phospholipides , Ventilation , Syndrome , Sexe , Sécurité , Protéines , Pneumothorax , Maladie , Face , Essais , Enfant , Durée du séjour , Commentaire

Recherche scientifique: Les +