Un malade attaque l'Etat pour non-dépistage du cancer du côlon

Un patient atteint d'un cancer du côlon a décidé d'engager une action contre le ministre de la Santé pour son inaction fautive dans la mise en place d'un dépistage organisé du cancer colorectal en France. Dentiste à Pau, marié et père de trois enfants, Jean-Rémy DELYFER a appris qu'il avait un cancer du côlon en avril 2001. Faute d'avoir été dépisté à un stade précoce de sa maladie, il a dû subir des traitements lourds (chimiothérapie, radiothérapie), des opérations (pose d'un anus artificiel, ablation d'une partie de l'intestin, etc.), des hospitalisations répétées ainsi qu'un arrêt de travail de plusieurs mois.

L'action de Jean-Rémy DELYFER est largement soutenue par l'Association nationale pour le dépistage du cancer colorectal. Créée en 1999 pour "assurer la défense des personnes victimes d'un défaut de dépistage du cancer colorectal sur le territoire français", l'ANDECACO se bat pour la généralisation d'un dépistage précoce. Elle entend bien financer les frais d'un éventuel procès en cas de refus du ministre de répondre favorablement au recours préalable de Jean-Rémy DELYFER.

Le cancer du cancer du côlon et du rectum touche 33.000 Français par an et en tue près de 16.000. Il représente aujourd'hui la deuxième cause de mortalité par cancer chez l'homme, après le cancer du poumon, et chez la femme, après le cancer du sein. Près de la moitié des patients souffrant de cette pathologie décède dans les 5 ans qui suivent le diagnostic. Or cette mortalité pourrait être considérablement revue à la baisse grâce à un diagnostic précoce.

Depuis 1994, un rapport demandé par le gouvernement au professeur Dubois recommandait l'utilisation d'un test simple de dépistage commercialisé sous le nom d'Hemoccult®II, qui permet de rechercher les saignements occultes dans les selles. Ce test réduirait ainsi de 30 à 44 % la mortalité par cancer colorectal. Il permettrait également de traiter la moitié des cancers colorectaux sans anus artificiel, avec 95 % de survie à 5 ans.

Alors que la plupart des pays occidentaux ont adopté le dépistage de masse du cancer colorectal depuis de nombreuses années, la France n'a décidé qu'en 2001 son expérimentation, dans douze des cent départements français. A l'heure actuelle, cette expérimentation n'est toujours pas effective, faute de décret d'application. Un retard dramatique pour des milliers de personnes que dénonce l'ANDECACO.

En intentant une action contre l'Etat, Jean-Rémy DELYFER espère non seulement obtenir la réparation de son préjudice et de celui de sa famille, évalué à 420.000 euros, mais aussi accélérer la généralisation d'un dépistage national de masse. Et d'éviter à des milliers de Français et de Françaises de souffrir autant que lui.

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