Le mésothéliome devient la 31e maladie à déclaration obligatoire (MDO) en France

Par décret n° 2012-47 du 16 janvier 2012, les mésothéliomes s'ajoutent à la liste officielle des maladies à déclaration obligatoire ( DO ). Cette DO est mise en oeuvre par l'Institut de veille sanitaire (InVS) à la demande du ministère de la santé. Elle constitue une des mesures du Plan cancer « 2009-2013 » qui vise notamment l'amélioration de la surveillance des cancers liés à l'environnement professionnel (action 9.1). Tout nouveau cas de mésothéliome, quel que soit son site anatomique (plèvre, péritoine, péricarde...), devra désormais être notifié au médecin de l'Agence Régionale de Santé (ARS), par tout médecin (pathologiste ou clinicien) exerçant en France métropolitaine ou ultramarine et qui en pose le diagnostic.

Cette DO s'inscrit plus largement dans la lutte contre le cancer et en particulier des cancers liés à l'exposition à l'amiante qui représente un enjeu important de santé publique. Cette exposition, qui a pu survenir plusieurs dizaines d'années avant l'apparition de la maladie représente actuellement le seul facteur de risque avéré de mésothéliome. Elle est le plus souvent professionnelle mais peut également être d'origine « environnementale ».La DO des mésothéliomes répond essentiellement à des objectifs de connaissance : mieux suivre le nombre de cas survenant sur le territoire, leurs caractéristiques et mieux comprendre leur lien possible avec une exposition non professionnelle à l'amiante. Pour cela, des enquêtes environnementales seront mises en œuvre lorsqu'aucune exposition professionnelle n'aura été repérée. Trois populations particulières, dont la cause de la maladie peut s'expliquer par une exposition non professionnelle à l'amiante seront alors enquêtées : les femmes, les moins de 50 ans et les mésothéliomes non localisés à la plèvre et notamment du péritoine. La DO vient compléter la surveillance assurée par le Programme national de surveillance des mésothéliomes (PNSM) pleuraux dans 23 départements métropolitains et mis en place en 1998. En effet, si celui-ci reste la référence, il ne permet pas de suivre les mésothéliomes pleuraux dans les départements non couverts (70% de la population), ni les autres localisations de mésothéliomes dans les départements couverts. Il est important de noter que la DO ne se substitue en aucune façon au système de déclaration des maladies professionnelles.Cette DO est mise en place après une phase de test pilotée par l'InVS en partenariat avec l'Institut national du Cancer (INCa) qui s'est déroulée du 1er janvier au 30 juin 2011, dans 6 régions [Aquitaine, Ile de France (93,94), PACA (6, 13, 83), Auvergne, Lorraine et Midi Pyrénées]. C'est grâce notamment à l'appui des sociétés de professionnels concernés (pathologistes, pneumologues, chirurgiens, oncologues...), des réseaux régionaux de cancérologie, des équipes PNSM et des Cellules interrégionales d'épidémiologie que les résultats de cette phase pilote ont été globalement satisfaisants. Ils ont permis de fixer ensemble les facteurs clés paraissant déterminant pour la généralisation du système1.Les pathologistes qui posent formellement le diagnostic du cancer, jouent un rôle majeur dans la réussite de cette notification. Les cliniciens, qui sont en contact avec leur patient doivent également déclarer leurs cas en renseignant la notion d'exposition professionnelle à l'amiante, pour orienter les enquêtes d'exposition. Pour faciliter ces notifications, deux formulaires distincts 'pathologiste' et 'clinicien' sont disponibles.La participation de l'ensemble des médecins (pathologistes et cliniciens) est essentielle pour répondre aux objectifs attendus du système, et atteindre le bénéfice escompté pour la santé publique. Rappelons qu'on estime aujourd'hui que chaque année en France surviennent entre 800 et 1 200 nouveaux cas de mésothéliome.Pour déclarer un nouveau cas, le médecin doit remplir le formulaire dédié ('pathologiste' ou 'clinicien' et région d'exercice), le dater, le signer et l'adresser rapidement par fax au médecin de l'ARS, au numéro figurant sur le formulaire. Ces formulaires sont téléchargeables sur le site de l'InVS : www.invs.sante.fr.SurveillanceDepuis 1998, la France s'est dotée d'un système de surveillance épidémiologique des mésothéliomes pleuraux : le programme national de surveillance des mésothéliomes (PNSM) qui couvre actuellement 23 départements de 12 régions métropolitaines (représentant environ 30 % de la population). Il est piloté par l'InVS. Ses objectifs dépassent largement ceux de la surveillance et comprennent l'expertise diagnostique anatomo-pathologique et clinique, la recherche sur les expositions professionnelles à l'amiante et le suivi médico-social des déclarations en maladies professionnelles. Le PNSM est la référence dans le domaine et sa pertinence est plus que jamais d'actualité.Données épidémiologiquesLe nombre de nouveaux cas de mésothéliomes survenant chaque année en France est actuellement estimé entre 800 et 1 200, soit 0,3% de l'ensemble des cancers. Le mésothéliome est un cancer localisé au niveau des séreuses, principalement la plèvre, parfois le péritoine et rarement le péricarde ou la vaginale testiculaire. Il prédomine chez les hommes qui représentent deux tiers des cas. Le pronostic du mésothéliome pleural est parmi les plus sombres de tous les cancers (taux de survie relative à 5 ans estimé à 7% pour les patients diagnostiqués de 1989 à 1997). Selon le PNSM, on estime que chez les hommes environ 83% [77% - 90%] des mésothéliomes pleuraux sont attribuables à une exposition professionnelle à l'amiante. Chez les femmes, cette proportion tombe à 38% [27% - 50%], sans que l'on puisse clairement en expliquer les raisons. Les expositions environnementales sont encore mal connues.1. Les résultats et enseignements de la phase pilote font l’objet d’un rapport et d’une synthèse : Déclaration Obligatoire ( DO ) des mésothéliomes : Résultats de la phase pilote et recommandations pour le déploiement. Saint Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire, Chérié-Challine L., Imbernon E.  novembre 2011 disponible sur www.invs.sante.fr

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