Le diabète de type 1 déclenché par les anticorps maternels ?

Des expériences menées sur des souris montrent que les anticorps maternels joueraient un rôle primordial dans le développement du diabète de type 1. Cette étude rigoureuse est particulièrement intéressante car l'on considère actuellement le diabète de type 1 comme une maladie auto-immune médiée par les lymphocytes T et dans laquelle les auto-anticorps dirigés contre les cellules bêta-pancréatiques ne sont que des marqueurs.

Comme dans tous les travaux conduits sur un modèle animal, il faut insister sur le caractère expérimental des résultats. Bien que le rôle essentiel des auto-anticorps maternels dans l'apparition du diabète de type 1 paraisse indiscutable dans ces expériences sur des souris, il n'est pas certain qu'un mécanisme similaire soit impliqué chez l'homme.

Ces nouveaux travaux sur les anticorps maternels ont été réalisés par Greeley et al qui publient leurs résultats dans la revue Nature Medicine du mois d'avril.

Ces chercheurs ont travaillé sur des souris diabétiques non-obèses (NOD). Comme l'on retrouve des anticorps dirigés contre les cellules bêta-pancréatiques chez ces animaux, les auteurs ont émis l'hypothèse que la transmission de ces anticorps pouvait favoriser ou déclencher le développement d'un diabète de type 1 à la descendance.

Cette hypothèse a été testée en empêchant la transmission de ces anticorps à la descendance.

Pour cela, les chercheurs ont utilisé des souris femelles NOD dépourvues de lymphocytes B et donc incapables de produire des anticorps. Elles ont été croisées avec des mâles NOD "classiques". La descendance, qui ne peut donc pas être exposée aux anticorps de la mère, a développé un diabète de type 1 avec une incidence réduite : 25 % comparé à 65 % pour un croisement NOD classique, expliquent les auteurs.

Dans une autre expérience, les femelles utilisées possédaient des lymphocytes B mais étaient dépourvues d'anticorps auto-réactifs. Dans ce cas, un diabète de type 1 s'est développé chez 20 % de la descendance.

Cette deuxième expérience confirmait donc le rôle apparemment essentiel des anticorps maternels auto-réactifs (et dirigés contre les cellules bêta-pancréatiques) pour l'apparition du diabète de type 1 dans la descendance.

Mais le résultat le plus frappant des travaux de Greeley et al a été obtenu par des expériences de transfert d'embryons. Les chercheurs ont eu recours à des embryons de souris NOD. Ces embryons prédisposés au diabète de type 1 ont été implantés sur des souris "normales" ou sur des souris NOD. L'incidence du diabète de type 1 a été de 15 % lors des implantations dans les souris "normales" comparé à 73 % lors des implantations sur les souris NOD. En résumé, outre la prédisposition génétique de l'embryon au diabète de type 1, l'exposition à l'environnement de la mère participe activement au risque de développer ce diabète.

Matthias Von Herrath (La Jolla Institute for Allergy and Immunology, San Diego) et Jean-François Bach (Hôpital Necker, Paris) discutent de ces résultats dans un éditorial du journal. Ils soulignent tout d'abord "qu'il n'y a pas encore de preuve directe de la responsabilité des anticorps spécifiques des îlots bêta dans ce contexte".

Par ailleurs, ils expliquent que des expériences menées chez l'homme ont évalué le risque de diabète de type 1 en fonction de la présence transitoires de ces auto-anticorps chez le nouveau-né : il n'y avait pas de risque plus élevé de diabète chez ceux qui avaient le taux d'auto-anticorps (vraisemblablement d'origine maternelle) le plus élevé avant huit mois.

Source : Nature Med 2002;8:331-3, 399-402SR

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