L’appendicite aiguë de la femme enceinte reste une affection de diagnostic difficile

Comme on le sait, la grossesse modifie les signes cliniques habituellement rencontrés dans un tableau appendiculaire, d’une part, et les lésions anatomiques, ainsi que la rapidité diagnostique et thérapeutique déterminent le pronostic maternel et fœtal, d’autre part. Au terme d’une étude publiée dans la ‘Revue Française de Gynécologie-Obstétrique’, dont le but était d’identifier les facteurs épidémiologiques, les difficultés diagnostiques et les moyens thérapeutiques des appendicites aiguës chez la femme enceinte, des gynécologues–obstétriciens et des chirurgiens tunisiens soulignent que « l’appendicite aiguë chez la femme enceinte est rare et son diagnostic reste difficile ».

Cette étude rétrospective a porté sur 18 cas d’appendicite aiguë chez des femmes enceintes, confirmée en per-opératoire et par examen anatomo-pathologique. Ces patientes ont été prises en charge aux services de chirurgie générale et de gynécologie-obstétrique du CHU Farhart Hached de Sousse, entre le 1° janvier 1992 et 31 décembre 1997.

Au cours de cette période d’étude, 48357 femmes ont accouché à la maternité de Sousse et 400 appendicectomies ont été réalisées chez la population féminine au service de chirurgie générale du même hôpital. L’appendicite aiguë est survenue, à un âge moyen de 26 ans, une fois pour 2686 grossesses.

La plupart des patientes ont consulté pour un syndrome douloureux abdominal, associé à des nausées e/ou des vomissements avec un délai d’évolution de quelques heures à une semaine.

Le délai moyen entre le début de la symptomatologie clinique et l’hospitalisation était de 490 heures.

Les cliniciens ont noté que la douleur abdominale était le signe le plus important pour le diagnostic. Une défense généralisée a été notée dans 11,1 % de cas, et une fièvre supérieure à 38°C dans 27,8 % des cas

Le diagnostic d’appendicite aiguë a été retenu sur un faisceau d’arguments cliniques et biologiques chez toutes les patientes dans un délai moyen de 12,5 heures après leur admission, indiquent les auteurs.

Les auteurs soulignent que tout retard diagnostique implique un double risque maternel et fœtal dû à l’évolution de la pathologie abdominale, avec une morbidité maternelle non négligeable représentée par les complications pariétales, respiratoires et obstétricales.

Ces dernières complications sont dominées par l’avortement et l’accouchement prématuré. La fréquence de l’accouchement prématuré lors des appendicites aiguës était de 22,2 % dans la série rapportée.

Enfin, le taux de mortalité totale est significativement augmenté lors des appendicites aiguës compliquées de perforation et de péritonite.

Pour les auteurs, la coelioscopie avant la 20e semaine d’aménorrhée permet d’améliorer la prise en charge de cette l’appendicite aiguë de la femme enceinte. Au-delà de ce terme, le doute diagnostic impose l’exploration chirurgicale tout en sachant « qu’une laparotomie blanche n’a que peu d’effets sur le pronostic fœtal », concluent-ils.

Source :Rev Fr Gynécol Obstr, 94, 6, 486-91.

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