La HAS recommande le subventionnement d'une démarche individuelle active de sevrage tabagique

Dans le cadre des mesures et réflexions relatives à la lutte contre le tabagisme, le ministre de la Santé et des Solidarités a souhaité, par une lettre en date du 10 octobre 2006, disposer de l'avis de la Haute Autorité de Santé sur les analyses disponibles et les moyens d'encourager et d'aider au sevrage tabagique.

Dans son avis du 18 janvier 2007, la Haute Autorité de Santé rappelle que la réussite du sevrage tabagique est fortement liée à la motivation de chaque personne et à son degré de dépendance à l'égard du tabac, plutôt qu'aux moyens thérapeutiques permettant de parvenir à ce sevrage. Au vu de l'analyse de la littérature, des expériences nationales et internationales et au regard de l'enjeu pour la santé de la population, la HAS souligne l'importance d'une aide au sevrage tabagique. Elle rappelle que son efficacité est renforcée dès lors qu'elle s'inscrit dans un programme global, associant diverses mesures et permettant le développement d'une démarche active de sevrage. Dans ce cadre, la HAS souligne l'efficience démontrée de la prise en charge financière de la démarche. Elle rappelle enfin que si toute la population des fumeurs est concernée, les personnes atteintes de maladies causées ou aggravées par le tabac et les femmes enceintes le sont au premier chef. La Haute Autorité de Santé recommande donc le subventionnement d'une démarche individuelle active de sevrage tabagique, plutôt que le *remboursement des thérapeutiques selon les modalités de droit commun. Elle préconise que la prise en charge financière des thérapeutiques d'aide au sevrage soit à l'avenir conditionnée à l'implication dans une démarche structurée et adaptée, en fonction du niveau de dépendance et de motivation de chacun.

Arrêt du tabac : des bénéfices prouvés

Les bénéfices de l'arrêt du tabac ont été clairement prouvés, en termes de mortalité comme de morbidité pour l'ensemble des maladies liées au tabac, notamment les maladies cardio-vasculaires et le cancer broncho-pulmonaire. Or, en l'absence de toute aide pharmacologique ou non pharmacologique à l'arrêt, les taux de sevrage tabagique apparaissent faibles, de l'ordre de 3% à 5% à 6 -12 mois.

La prise en charge médicale

La prise en charge du fumeur motivé à l'arrêt du tabac repose sur une évaluation clinique initiale permettant de déterminer le degré de dépendance à la nicotine, de repérer les troubles anxio-dépressifs et de dépister une co-dépendance (alcool, cannabis, etc.). Un suivi prolongé des patients tabagiques s'impose toujours. En cas de rechute, un soutien psychologique prolongé associé à une thérapie comportementale et cognitive est recommandé. Selon les recommandations de l'Afssaps, l'aide au sevrage tabagique peut néanmoins prendre des formes variées et plus ou moins intensives selon l'importance des dépendances et des difficultés à l'arrêt, allant du conseil minimal donné par tout professionnel de santé à l'intervention de tabacologues pour les formes les plus sévères.

La prise en charge financière

S'agissant d'une dynamique globale de changement de comportement, la HAS est favorable à la mise en place d'un subventionnement de la démarche de sevrage tabagique. Cette orientation ne conduit pourtant pas à recommander l'inscription sur la liste des produits remboursables des produits ou thérapeutiques visant le sevrage. En effet, l'aide au sevrage tabagique ne peut être réduite à l'approche par produit, diverses stratégies d'accompagnement (accompagnement psychologique et social, aide comportementale, etc.) ayant aussi montré leur efficacité dans la littérature. L'initiation et la poursuite de la démarche de sevrage doivent donc bénéficier d'un soutien global, l'aide financière n'étant qu'un élément de cette approche d'ensemble, qu'elle contribue à favoriser.

La méthode de travail

La HAS présente ici la synthèse des données disponibles issues de l'analyse de la littérature scientifique et des expériences françaises et internationales en matière d'aide au sevrage tabagique, tant en termes de stratégies thérapeutiques que de couverture financière. Afin d'apporter, dans des délais utiles, une contribution scientifique aux décisions susceptibles d'être prises, la HAS a réalisé elle-même cette analyse extensive de la littérature, qu'elle a ensuite soumise à un groupe pluriprofessionnel de relecteurs experts.

L'avis du Collège et la synthèse des données disponibles sur ce thème sont en ligne sur www.has-sante.fr

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