Troisième édition du baromètre annuel « santé et médicament » Leem/Ifop

Des attentes majeures autour de la préservation de l’accès aux soins, priorité aux efforts de comportement et à la protection de la recherche, image ambivalente mais haut niveau de confiance pour le médicament et ses entreprises

Les Entreprises du Médicament et l´Ifop rendent public aujourd´hui les principales conclusions de la troisième édition du baromètre «santé et médicament» qui synthétisent annuellement les tendances lourdes de l´opinion des français sur la santé, le médicament et la recherche thérapeutique. Cette troisième édition a été constituée à partir des deux enquêtes conduites du 6 au 7 mai, puis du 10 au 12 mai 2004, soit au moment du débat sur la réforme de l´Assurance Maladie, sur un échantillon représentatif de la population française.

Une inquiétude majeure, une priorité nationale, mais une méconnaissance des co ûts réels.

Les français sont 45 % à estimer que leur système de santé va mal, et désormais une majorité (56 %) à penser que ce système se détériorera dans les années à venir (contre 37 % seulement en 2002, 48 % en 2003).

Même si le débat conduit autour de la réforme leur paraît redonner à la santé une place suffisante par rapport aux autres grands enjeux nationaux (57 % des interrogés, proportion inversée par rapport à 2003 où une majorité de 56 % jugeait cette place insuffisante), leur taux d´implication est à la hauteur de leur inquiétude : «très concernés» pour 48 % et «plutôt concernés» pour 43 %.

La priorité économique progresse vraiment : «retrouver un équilibre des comptes» passe de 36 % à 51 %, mais sans pour autant reléguer aux arrières plans la priorité médicale et sociale ; «garantir un accès aux soins pour tous» reste à

50 % (52 % en 2003).

La méconnaissance par les français de la répartition réelle des dépenses de l´Assurance Maladie reste cependant flagrante : les médicaments sont cités par 44 % des français comme premier poste de dépenses, suivi par l´hôpital (32 %) et les consultations des professionnels de santé (23 %) ; ces chiffres sont à comparer avec la réalité des faits, médicaments = 19 % de la dépense, hôpital = 49 %, consultations = 19 %.

Le satisfecit fort qui existe par ailleurs sur l´ensemble des dimensions du système entretient l´angoisse de la détérioration, qu´il s´agisse de la compétence des pharmaciens, des médecins, de l´efficacité des médicaments et de leur taux de remboursement, ou encore de la qualité des soins à l´hôpital. Les français, et ce, de manière très homogène, se déclarent globalement satisfaits (80 % en moyenne sur ces dimensions, et ceci, de façon stable depuis 2002).

Historiquement, le prix des médicaments reste noté à 51 % de français satisfaits, sans amélioration ou dégradation depuis 2002.

La bonne opinion sur le médicament demeure, toujours marquée en parallèle par la même ambivalence.

L´image du médicament reste largement positive : les français ont confiance dans les médicaments à hauteur de 89 % en 2004 (90 % en 2003), score très élevé.

Mais cette image est aussi ambivalente :

- forte sur l´efficacité, la recherche et l´innovation, l´impact sur la qualité de vie,

- plus nuancée ou sévère sur l´utilité de tous les médicaments, sur le principe de risque qui va avec l´efficacité du principe actif, sur le niveau de prix -jugé élevé d´une part, fixé par les entreprises d´autre part, là où il est en réalité, à quelques exceptions près, déterminé par le Comité Economique des produits de santé après discussion avec les entreprises,

- l´impact du médicament sur la réduction de l´hospitalisation reste encore mal connu.

Cette image duale est fortement inscrite dans les schémas de pensée, car elle n´a pas évolué depuis 2002, alors que sans aucun doute l´information sur le médicament et la recherche a occupé une place plus importante dans les médias ces dernières années.

Les solutions privilégiées par les français pour améliorer l´efficacité et les comptes du système : contrôler les abus et développer les génériques.

Ce sont en effet, les deux mesures préférées citées respectivement par 51 % et 42 % des français quand une dizaine de solutions leur sont proposées. Les solutions «désagréables» au niveau individuel sont reléguées à l´arrière plan : diminuer ou supprimer certains remboursements (7 %), augmenter les cotisations (3 %), un écart qui traduit sans doute la difficulté du grand public à assumer les réelles contraintes financières qui doivent peser sur chacun : les français continuent de souhaiter que les comptes de l´Assurance Maladie s´améliorent, sans que «leur facture personnelle» n´augmente trop.

Si les français consomment trop de médicaments, les solutions qu´ils évoquent en 2004 restent les mêmes qu´en 2003 : la discipline individuelle (89 %), un effort à moins prescrire par les médecins ( 84 %) une information sur le bon usage

(82 %).

La diminution des publicités, des visites médicales, ou encore la modification des conditionnements ne sont pas citées comme les solutions les plus importantes.

En ce qui concerne les génériques, 71 % des français affirment ne pas percevoir de différence de qualité entre eux et leurs médicaments princeps, et ceci quel que soit le profil de l´interviewé. Le tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) et l´alignement des prix qui a pu se faire sur certains médicaments ne sont pas connus et pour 54 % des cas «cela leur est complètement égal».

Qu´il s´agisse des médicaments (58 %), des médicaments génériques (54 %) ou des entreprises qui les cherchent et produisent (67 %), les français considèrent toujours qu´ils manquent d´information et aimeraient être mieux informés des efforts de l´industrie en matière de recherche (47 %), de sa contribution aux progrès de santé (36 %) ou de sa place dans le système (30 %).

Par ailleurs, si le public français connaît bien certaines contrefaçons, c´est beaucoup moins le cas pour celle qui concerne particulièrement le médicament : sans doute parce que le français reste protégé en la matière ; 53 % des français n´ont jamais entendu parler de contrefaçon/copie illégale de médicaments qui affecte maintenant une grande partie du monde. En revanche, une fois informé, il considère qu´il y a là un sujet d´inquiétude (79 %) voire même de très grande inquiétude (54 %).

L´aspiration au progrès et à la recherche reste énorme.

Les traitements contre le cancer (70 %) et contre le sida (54 %, 83 % chez les 15/25 ans), sont aux yeux des français les deux priorités absolues pour les années à venir en matière de progrès thérapeutiques, devant la maladie d´Alzheimer

(32 %) et les maladies cardiovasculaires.

La plupart des français considèrent que ce progrès thérapeutique avance plus vite qu´antérieurement (43 %) ou au moins aussi vite (35 %). Seuls 21 % d´entre eux considèrent qu´il avance moins vite.

Mais, comme les années précédentes, c´est surtout la recherche sur le médicament qui constitue un enjeu majeur :

- toujours pas assez de moyens ( 67 % des français),

- une recherche effectuée avant tout par les Entreprises du Médicament (47 %, 59 % auprès des CSP ), plus que par les laboratoires de recherche publics (32 %),

- cofinancée, selon les français, par trois acteurs : les Entreprises du Médicament (38 %, 56 % pour les CSP , plus conscients de la réalité des financements), les organismes de recherche publics (32 %), les citoyens par leurs dons (15 %) ; pour les français «l´idéal» reste un équilibre de financement entre public et privé, là où aujourd´hui l´effort majeur de financement est conduit très largement par l´industrie,

- un manque de soutien chronique de la part des pouvoirs publics qui, aux yeux des français n´aident pas assez la recherche thérapeutique (71 %),

- une inquiétude forte (79 %) si une recherche effectuée en France venait à diminuer (ce qui n´est pas encore la perception actuelle), inquiétude manifestée surtout pour l´accès aux médicaments plus que pour l´emploi ou «le prestige national».

- des français qui restent d´accord (68 %) pour payer une partie du médicament eux-même si cela est affecté à la recherche, beaucoup plus (51 %) que dans l´hypothèse d´une affectation au financement de la Sécurité Sociale (même si on observe une progression de 45 % à 51 % sur cette réponse, du fait du débat actuel).

Par ailleurs, les français perçoivent que la mise au point des médicaments de demain co ûterait plus chère (76 %) et 40 % d´entre eux pensent qu´elle nécessiterait plus de temps.

Mais ils méconnaissent la révolution technologique en cours : 71 % n´ont jamais entendu parler des médicaments issus des biotechnologies, alors qu´un nouveau médicament sur deux en provient désormais. Ce pourcentage descend cependant à 48 % chez les CSP .

Néanmoins, même s´ils connaissent mal ces nouveaux médicaments, l´image induite est positive : les français pensent à 71 % (81 % chez les CSP ) que les biotechnologies contribuent à faire avancer le progrès thérapeutique. Ils acceptent même (63 %) l´idée d´un prix supérieur, même non remboursé, si l´efficacité est elle aussi supérieure.

Les Entreprises du Médicament sont critiquées, mais bénéficient toujours d´un haut niveau d´opinion

76 % des français ont une bonne opinion des Entreprises du Médicament. C´est une valeur absolue, largement supérieure à de très nombreux autres secteurs. Ce jugement reste positif mais un peu plus critique chez les CSP (67 % de bonnes opinions).

Les Entreprises du Médicament ont une bonne image sur les aspects qui touchent à leur activité et à leur mission : progrès en santé, amélioration de la qualité de vie, recherche et innovation, réflexion à long terme, souci de l´efficacité des médicaments sont très bien notés. L´image des entreprises est plus nuancée sur certains éléments de proximité, souci des maladies rares, place accordée au patient, ambiance de travail. Elles sont, par ailleurs, clairement perçues par les français comme un acteur majeur au centre d´un vaste système économique et social, et conscientes de leurs responsabilités : 69 % les considèrent comme éthiques et respectueuses de la déontologie, 63 % comme conscientes de leur responsabilité sociale.

Personne ne s´oppose à l´idée d´une activité privée sur des produits de santé comme les médicaments : 71 % des français y sont favorables. Dans le même registre, 83 % des français sont favorables à la protection des médicaments par des brevets.

Les français sont en effet très conscients de l´importance de cet acteur privé, dont la principale activité reste, selon eux, de «chercher des médicaments» (43 %), devant les items «vendre» (31 %) et «produire» (26 %). Comparée aux autres grands secteurs industriels nationaux, l´industrie du médicament est pour les français le deuxième secteur où il est très important que la France «soit forte» au niveau mondial derrière l´industrie agro-alimentaire, devant l´énergie, l´automobile, les télécommunications ou l´aérospatial.

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