Grippe : le prix des nouveaux vaccins a doublé pour une efficacité supérieure non démontrée

Grippe : le prix des nouveaux vaccins a doublé pour une efficacité supérieure non démontrée C'est le Syndicat National Des Jeunes Médecins Généralistes qui a vendu la mèche dans un communiqué la semaine dernière. Contre la grippe saisonnière l'assurance maladie prend désormais en charge 3 vaccins quadrivalents et un seul vaccin trivalent qui de toute façon n'est plus disponible en pharmacie. Si scientifiquement rien ne prouve une efficacité supérieure des vaccins quadrivalents sur les vaccins trivalents, il en coûtera tout de même deux fois plus par vaccin pour les finances publiques. Payer deux fois plus en l'absence d'amélioration du service médical rendu, voila qui a de quoi surprendre pour un gouvernement habituellement si prompt à réaliser des économies.

Les vaccins quadrivalents deviennent la norme alors que rien ne prouve qu’ils soient plus efficaces que les vaccins trivalents.

Pour la saison grippale 2018-2019, les 3 vaccins disponibles en pharmacie sont quadrivalents. Il s’agit d’InfluvacTetra  (MYLAN), FluarixTetra (GSK) et VaxigripTetra (SANOFI). Ils contiennent en effet quatre souches du virus de la grippe : deux souches de type A et deux souches de type B. S’ils étaient pour la plupart disponibles l’année passée, ils n’étaient pas remboursés par l’assurance maladie alors que cette année, ils le sont.

Au contraire, l’année dernière, seuls étaient remboursés les vaccins trivalents (deux souches A et une seule souche B). Mais cette année, un seul vaccin trivalent a été fabriqué sur commande pour le compte de collectivités. Les vaccins trivalents ne seront donc pas disponibles en pharmacie de ville pour cette saison hivernale.

De facto, les vaccins tétravalents sont devenus la norme. Si l’on pouvait être tenté de se dire que 4 valences seront toujours mieux que 3, rien ne prouve à ce jour qu’en France les vaccins tétravalents soient plus efficaces que les vaccins trivalents.

C’est en tout cas l’avis de Haute Autorité de Santé qui est constante depuis 2015 dans les avis qu’elle rend sur les vaccins tétravalents : l’amélioration du service médical rendu par rapport aux vaccins trivalents est inexistante.

De même pour le Haut Conseil de la Santé Publique qui estimait en 2016 que « les données épidémiologiques et virologiques disponibles à ce jour en France n’apportent pas d’éléments nouveaux permettant, en l’absence de données d’efficacité clinique comparatives, de privilégier l’utilisation des vaccins quadrivalents par rapport aux vaccins trivalents inactivés ni d’identifier une ou des populations chez lesquelles ce vaccin pourrait être recommandé de façon préférentielle ».

25 millions d'euros minimum, le prix de la nouvelle valence pour la sécurité sociale 

Pourtant l’addition pour l’assurance maladie risque d’être salée. Si le seul vaccin trivalent remboursé, l’influavac coûte 5,18 €, la sécurité sociale devra débourser presque le double pour les vaccins tétravalents soit 10,11 €.

En 2016, sur les plus de 11 millions de personnes à risques qui ont été invitées par l’assurance maladie à se faire vacciner, 5,4 millions y ont répondu favorablement. Si l’on retient l’hypothèse prudente de 5 millions de doses de vaccins remboursées par l’assurance maladie pour cette nouvelle saison hivernale, le surcoût des vaccins tétravalents par rapport aux trivalents peut être évalué à un minimum de 25 millions d’euros. Ce qui fait cher pour une amélioration du service médical rendu inexistante ou pour le moins pas encore prouvée. À l’heure où la campagne antifakemédecine bat son plein, cette largesse budgétaire accordée sans preuve scientifique a de quoi étonner. Après la démission fracassante de Nicolas Hulot cet été qui dénonçait le poids des lobbys, on pourrait même être tenté d’y voir là, la preuve d’une influence supplémentaire de ces groupes de pression dans les décisions gouvernementales.

Quoi qu’il en soit l’absence de communication gouvernementale sur les motivations de cette décision pose question.

Une aubaine pour l’industrie pharmaceutique

Si les finances publiques vont mal, le marché des vaccins antigrippaux se porte bien, voire très bien avec une tendance de 15 % de croissance sur les dernières années à en croire les résultats financiers publiés par Sanofi Pasteur, leader mondial des vaccins antigrippaux avec 200 millions de doses vendues dans le monde. Le groupe a même décidé en 2017 d’investir 170 millions d’euros dans une nouvelle unité de production à Val-de-Reuil, en France, afin d’augmenter la production de VaxigripTetra et d’approvisionner le marché mondial. Une bonne nouvelle pour l’emploi en France et un investissement qui sera d’autant plus vite rentabilisé avec un doublement du prix de vente de ses vaccins antigrippaux.

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