Vaccins covid arnm : pas d’excès de mortalité à 4 ans chez 28 millions de Français (EPI-PHARE)

Vaccins covid arnm : pas d’excès de mortalité à 4 ans chez 28 millions de Français (EPI-PHARE) Près de quatre ans après les premières injections de vaccins à ARN messager (ARNm) contre le Covid-19 — Comirnaty (BNT162b2, Pfizer-BioNTech) et Spikevax (mRNA-1273, Moderna) — une étude d’envergure nationale menée par EPI-PHARE (Groupement d’Intérêt Scientifique associant l’ANSM, Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, et la CNAM, Caisse nationale d’assurance maladie) conclut à l’absence d’augmentation de la mortalité toutes causes chez les adultes de 18 à 59 ans. Publiée le 4 décembre 2025 dans JAMA Network Open, l’analyse porte sur 22,8 millions de personnes vaccinées et 5,9 millions de non-vaccinées avec un suivi médian de 45 mois. Les auteurs rapportent une réduction de 25 % du risque de décès toutes causes (wHR 0,75 [0,75–0,76]) et une baisse de 74 % de la mortalité liée au Covid-19 (wHR 0,26 [0,22–0,30]) chez les vaccinés.[1–3]

Une cohorte nationale et un suivi prolongé

Élaborée à partir du SNDS (Système national des données de santé), la cohorte inclut l’ensemble des personnes 18–59 ans vivantes au 1er novembre 2021. L’« exposition » correspond à une première dose d’ARNm (Comirnaty ou Spikevax) entre mai et octobre 2021 ; les non-vaccinés se voient assigner une date index aléatoire alignée sur les calendriers vaccinaux. Pour contrer le biais de temps immortel, le suivi débute 6 mois après la date index dans les deux groupes. Les modèles de Cox pondérés intègrent des caractéristiques socio-démographiques et 41 comorbidités.[3]

Des résultats concordants par causes de décès

Entre le début du suivi et mars 2025, 98 429 décès (0,4 %) ont été observés chez les vaccinés et 32 662 (0,6 %) chez les non-vaccinés.[1,3] La réduction du risque est cohérente pour les principales causes : tumeurs (wHR 0,85 [0,83–0,88]), maladies de l’appareil circulatoire (wHR 0,76 [0,73–0,79]), troubles endocriniens (wHR 0,73 [0,65–0,83]) ou respiratoires (wHR 0,66 [0,59–0,74]), parmi d’autres catégories de la CIM-10.[3] Une estimation d’incidence relative montre aussi une mortalité 29 % plus faible dans les 6 mois suivant la vaccination (RI 0,71 [0,69–0,73]).[3]

Comirnaty (BNT162b2) vs Spikevax (mRNA-1273) : un écart à interpréter avec prudence

Stratifiée sur le premier vaccin reçu, l’association suggère une réduction de 27 % de la mortalité toutes causes avec BNT162b2 / Comirnaty (Pfizer-BioNTech) (wHR 0,73 [0,72–0,74]) et de 12 % avec mRNA-1273 / Spikevax (Moderna) (wHR 0,88 [0,87–0,90]) par rapport aux non-vaccinés.[3] Les auteurs rappellent toutefois le risque de confusion résiduelle et l’influence potentielle de facteurs contextuels (profil des primo-vaccinés, périodes d’accès, pass sanitaire), invitant à une lecture non comparativiste entre produits.[3]

Une étude sans équivalent par son périmètre et sa puissance statistique

Par son périmètre, cette étude se distingue nettement dans la littérature : elle s’appuie sur l’intégralité du SNDS, couvre 28 millions d’adultes de 18 à 59 ans et suit les participants pendant une médiane de 45 mois.[1–3] Elle observe plusieurs dizaines de milliers de décès dans chaque groupe d’intérêt (vaccinés versus non-vaccinés), ce qui confère une puissance statistique élevée pour détecter des écarts même modestes.[1,3]

L’architecture analytique est également robuste : choix d’une date index comparable chez les vaccinés et les non-vaccinés, début de suivi à 6 mois pour neutraliser le biais de temps immortel, modèles de Cox pondérés intégrant des caractéristiques socio-démographiques et 41 comorbidités, analyses par grandes causes de décès selon la CIM-10, et estimations complémentaires d’incidence relative à 6 mois.[3] L’ensemble des estimations est ensuite relu dans un cadre évaluatif externe, avec une publication dans JAMA Network Open le 4 décembre 2025.[2–3]

Enfin, l’étude n’examine pas seulement la mortalité toutes causes : elle met en regard la mortalité liée au Covid-19 et les grandes causes (tumeurs, cardio-vasculaire, endocrinien, respiratoire), et propose des analyses stratifiées selon le premier vaccin reçu (Comirnaty ou Spikevax).[3] Pour les cliniciens, ce niveau de détail permet de renseigner des questions concrètes, au-delà du seul signal global de sécurité.

Limites et nuances méthodologiques

Étude observationnelle : un biais de sélection des vaccinés (« healthy vaccinee bias ») reste possible. Dit autrement, les personnes qui se vaccinent peuvent, en moyenne, être en meilleure santé ou adopter des comportements plus protecteurs que celles qui ne se vaccinent pas. L’E-value de 1,99 signifie qu’il faudrait un facteur non mesuré, associé à la fois à la vaccination et au décès avec un risque relatif d’environ 2, et non pris en compte, pour annuler entièrement l’association observée.[3] Les causes de décès détaillées ne sont disponibles que jusqu’au 31 décembre 2023 ; au-delà, seules les données de mortalité toutes causes sont exploitées. Les résultats s’appliquent aux 18–59 ans uniquement ; ils ne valent pas pour les personnes de plus de 60 ans. Enfin, certains événements indésirables rares (par exemple des myocardites dans la semaine suivant l’injection chez de jeunes hommes) sont bien décrits, mais ils ne s’accompagnent pas d’un excès de mortalité à long terme au niveau de la population.[1,3,5]

« Cette étude contribue à clore la désinformation véhiculée autour des vaccins à ARN messager », déclare le Pr Mahmoud Zureik, directeur d’EPI-PHARE. « Apporter des données sur l’absence de risque à long terme permet de renforcer la confiance dans ces vaccins qui vont être développés contre d’autres virus ou d’autres maladies. »[4]

« Il n’y a jamais eu de surveillance si intense sur un produit de santé », ajoute Mahmoud Zureik, tout en indiquant que de nouveaux travaux ne seraient menés que si des signaux devaient émerger.[4]

Dans un autre entretien relayé par l’AFP, il résume : « On peut dire avec un grand degré de confiance qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de mortalité après un vaccin Covid ».[6] Ces propos, au-delà du débat public, éclairent le conseil au patient au quotidien.

Répercussions pratiques pour la consultation

Message-clé : chez les adultes 18–59 ans, la vaccination ARNm (Comirnaty ou Spikevax) n’augmente pas la mortalité toutes causes sur 4 ans ; elle est associée à une mortalité moindre toutes causes et Covid-19. À replacer dans les recommandations vaccinales 2025-2026 pour les personnes à risque et leur entourage.[5,7–8]

Transparence sur les risques : signal rare de myocardite/péricardite post-vaccination, à évolution généralement favorable selon les suivis français ; l’infection elle-même expose à des complications cardio-vasculaires plus sévères.[4–5]

Grossesse : les données françaises récentes ne montrent pas d’excès de malformations ou de mortinaissances après exposition au 1er trimestre — voir la synthèse de Caducee.net.[9]

Questions fréquentes et contre-arguments antivax : réponses sourcées

« La surmortalité en France vient des vaccins ? »
Les données populationnelles françaises sur 28 millions d’adultes ne montrent aucune augmentation de la mortalité toutes causes chez les vaccinés, et même une réduction relative d’environ 25 %. [1,3] Des travaux internationaux convergents n’ont pas identifié de surmortalité attribuable aux vaccins ARNm (par exemple signal faible au Qatar, ≈ 1,15 décès/million de doses classés « probables » dans les 30 jours).[10]

« Les vaccins causent des maladies cardiaques à long terme ? »
Les myocardites post-vaccinales existent mais restent peu fréquentes et, dans les suivis disponibles, d’évolution majoritairement favorable. Dans l’étude EPI-PHARE/JAMA, la mortalité cardio-vasculaire est plus faible chez les vaccinés (wHR 0,76 [0,73–0,79]).[3,5]

« On nous cache des effets sur la fertilité ou la grossesse ? »
En France, une vaste cohorte péri-natale ne met pas en évidence d’excès de malformations congénitales majeures après vaccination ARNm au 1er trimestre (OR pondéré 0,98 [0,93–1,04]). Voir la brève détaillée sur Caducee.net.[9]

« Les saignements menstruels prouvent que les vaccins sont dangereux ? »
Une étude française a observé un surrisque relatif d’hospitalisation pour saignements menstruels abondants après primovaccination ARNm.[11] Ce signal spécifique n’invalide ni l’efficacité ni la sécurité globale à long terme montrée sur la mortalité. En conseil patient, expliquer le différentiel de gravité ; la vaccination réduit les formes graves de Covid-19 et la mortalité liée au virus.[1,3,7]

Points de vigilance pour la communauté soignante

Interpréter à l’échelle populationnelle : l’association « vaccination → mortalité moindre » peut intégrer des effets indirects (prévention du Covid grave et de ses séquelles) et des facteurs comportementaux.[3,4]

Expliquer les bornes de l’étude : 18–59 ans, causes détaillées jusqu’à fin 2023, France métropolitaine et DROM selon disponibilité.

Poursuivre la pharmacovigilance : un système de surveillance sans équivalent a été maintenu depuis 2021 ; « jamais » un produit n’a fait l’objet d’un tel suivi, rappelle M. Zureik.[4]


Références

[1] EPI-PHARE — Communiqué de presse : « Vaccins à ARNm contre le Covid-19 : ils n’augmentent pas le risque de mortalité à long terme », 04/12/2025. PDF

[2] EPI-PHARE — « Vaccination par ARNm contre la COVID-19 et mortalité toutes causes » (page étude), 04/12/2025. Lien

[3] Semenzato L. et al. — « COVID-19 mRNA Vaccination and 4-Year All-Cause Mortality Among Adults Aged 18 to 59 Years in France », JAMA Network Open, 04/12/2025. Lien

[4] Le Monde — Delphine Roucaute, « Covid-19 : l’absence de danger et l’efficacité des vaccins à ARN messager démontrées par une vaste étude », 04/12/2025. Lien

[5] ANSM — « Vaccins à ARNm contre le Covid-19 : ils n’augmentent pas le risque de mortalité à long terme », 04/12/2025. Lien

[6] Le Quotidien du Médecin / AFP — « Les vaccins Covid à ARNm sont sûrs à long terme, confirme une vaste étude Epi-Phare », 04/12/2025. Lien

[7] EPI-PHARE — « Impact de la vaccination sur le risque de formes graves de Covid-19 (> 50 ans) », 11/10/2021. Lien

[8] Ameli.fr — « Vaccination Covid-19 : campagne 2025/2026 », 15/10/2025. Lien

[9] Caducee.net — « Vaccination ARNm pendant la grossesse : aucun excès de mortinaissances ni de malformations », 17/10/2025. Lien

[10] Caducee.net — « Absence de signal de surmortalité attribuable aux vaccins ARNm au Qatar », 22/01/2023. 

[11] Caducee.net — « Vaccins ARNm et saignements menstruels abondants : corrélation observée », 29/01/2024. 

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