Endométriose : le fol espoir d’un traitement antibiotique

Endométriose : le fol espoir d’un traitement antibiotique Une équipe de chercheurs de l’Université de Nagoya au Japon vient de faire une découverte étonnante : l’infection par une bactérie du genre Fusobacterium jouerait un rôle causal dans l’endométriose. Les résultats prometteurs de ces travaux ont été publiés le mercredi 14 juin dans la prestigieuse revue Science Translational Medicine. Cette découverte encore préliminaire pourrait ouvrir la voie à un traitement antibiotique de l’endométriose.

Un enjeu majeur de santé publique

L’endométriose est un trouble gynécologique courant qui affecte jusqu’à 10 % des femmes en âge de procréer. Cette affection douloureuse se caractérise par la présence de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine. Malgré ses symptômes douloureux, l’endométriose peut être difficile à diagnostiquer à l’aide de scanners et d’examens classiques. De plus, il peut s’écouler plus de dix ans avant qu’une femme atteinte d’endométriose ne reçoive un diagnostic.

Les chercheurs ont longtemps pensé que l’endométriose était causée par le reflux du sang menstruel à travers les trompes de Fallope. Cependant, de plus en plus de preuves suggèrent que les bactéries pourraient également jouer un rôle dans cette maladie.

Une co-infection avec Fusobacterium chez 64 % des patientes

Une étude récente publiée dans la revue Science Translational Medicine a révélé que la bactérie Fusobacterium pourrait favoriser le développement de l’endométriose. Les chercheurs de l’Université de Nagoya au Japon ont analysé des échantillons de tissus provenant de 79 femmes atteintes d’endométriose et de 76 femmes en bonne santé. Ils ont découvert que 64 % des patientes atteintes d’endométriose avaient des traces de Fusobacterium dans leur endomètre, contre moins de 10 % dans le groupe témoin. Des prélèvements vaginaux ont confirmé cette prévalence plus élevée de la bactérie chez les femmes atteintes d’endométriose.

La présence de Fusobacterium, une bactérie dont les cellules ressemblent à des crayons à double extrémité, n’est pas surprenante. Ces bactéries sont naturellement présentes dans le microbiote de la bouche, de l’intestin et de la région vaginale. Bien qu’elles ne causent généralement pas d’infections graves, des études récentes ont établi un lien entre Fusobacterium et certaines maladies inflammatoires, telles que le cancer colorectal.

Vers un traitement antibiotique de l’endométriose

Pour étudier l’impact de Fusobacterium sur l’endométriose, les chercheurs ont utilisé un modèle murin de la maladie. Ils ont inoculé des souris avec Fusobacterium et ont observé une augmentation significative du nombre et du poids des lésions endométriotiques chez les souris infectées. En revanche, le traitement antibiotique à l’aide de la métronidazole et de la chloramphénicol a permis de réduire ces lésions.

Ces résultats suggèrent fortement que le ciblage de Fusobacterium par des antibiotiques pourrait constituer un traitement efficace de l’endométriose, en complément ou en alternative aux traitements hormonaux actuels. Le professeur Yutaka Kondo, responsable de l’étude, souligne l’importance de ce traitement potentiel. Il affirme que « l’éradication de cette bactérie par un traitement antibiotique pourrait être une approche pour traiter l’endométriose chez les femmes porteuses d’une infection à Fusobacterium, et ces femmes pourraient être facilement identifiées par un prélèvement vaginal ou un prélèvement utérin ».

Cause ou conséquence ?

Les chercheurs ont initialement observé une surrégulation de la protéine transgelin (TAGLN) chez les patientes atteintes d’endométriose. Cette découverte les a conduits à étudier le rôle du facteur de croissance transformant bêta (TGF-β) dans cette surrégulation. Étant donné que le TGF-β est libéré par les macrophages, les cellules responsables de la réponse anti-inflammatoire et de la régulation immunitaire dans le corps, les chercheurs ont conclu que ces macrophages étaient activés en réponse à l’infection par Fusobacterium.

Dans l’ensemble, cette étude suggère que Fusobacterium pourrait être un agent causal potentiel de l’endométriose et que le traitement antibiotique pour éradiquer l’infection endométriale doit être étudié plus en profondeur. Des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’efficacité du traitement antibiotique chez les patientes atteintes d’endométriose.

En résumé

L’endométriose est une maladie gynécologique courante qui peut causer des douleurs intenses et des problèmes de fertilité chez les femmes. Malgré sa prévalence, les mécanismes exacts de cette maladie restent peu compris.

Les chercheurs ont découvert que 64 % des femmes atteintes d’endométriose présentaient une co-infection avec Fusobacterium dans leur endomètre, suggérant que cette bactérie pourrait être un agent causal potentiel de la maladie. Des expériences menées sur des souris ont montré que l’inoculation de Fusobacterium augmentait le nombre et le poids des lésions endométriotiques, tandis que le traitement antibiotique permettait de réduire ces lésions.

Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour le traitement de l’endométriose. Des essais cliniques sont actuellement en cours pour évaluer l’efficacité du traitement antibiotique chez les patientes atteintes de cette maladie. Si ces essais sont concluants, cela pourrait représenter une avancée majeure dans la prise en charge de l’endométriose, offrant aux femmes de nouvelles options de traitement non hormonales.

Crédit photo : DepositPhotos

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