10 000 assistants médicaux en 2024 : l’IGAS livre ses recommandations

10 000 assistants médicaux en 2024 : l’IGAS livre ses recommandations L’intention de mailler le territoire avec des assistants médicaux est au cœur de la politique de l’exécutif pour combattre les déserts médicaux. Si l’objectif initial était de 4000 assistants médicaux, le président de la République a souhaité augmenter ce nombre à 10 000 d’ici fin 2024. Un objectif que l’IGAS juge possible sous réserve de lever certains freins et particulièrement ceux liés à leur formation.

Les viviers de candidats, l’offre de formation et les financements sont à diversifier

Pour l’IGAS si l’exécutif veut atteindre son objectif, il devra susciter de nouvelles vocations et diversifier le vivier actuel principalement composé de secrétaires médicaux.

La profession d’assistant médical est accessible via deux voies principales. La première consiste à obtenir un certificat de qualification professionnelle (CQP) suite à une formation en alternance de 384 heures, réparties sur deux jours par semaine pendant dix mois. La seconde voie est une formation d’adaptation à l’emploi (FAE) de 112 heures destinée aux infirmiers, aides-soignants ou auxiliaires de puériculture déjà diplômés d’État. Le CQP constitue la voie d’accès prédominante à la fonction d’assistant médical. L’IGAS juge le contenu de la formation cohérent et adapté, mais révèle des critiques sur la durée de certains modules. En ce qui concerne la Formation d’Adaptation à l’Emploi (FAE), l’IGAS recommande de raccourcir la durée de cette formation à 35 heures.

L’IGAS pointe également qu’un des principaux freins à la montrée en charge du dispositif est l’offre de formation elle-même. Les 12 organismes ne sont pas à ce jour à même de doubler ou de tripler leurs effectifs. L’offre de formation devra donc être élargie et le recours aux formations distancielles devra être privilégié pour être en phase avec les objectifs.

Dans son rapport l’IGAS souligne que les démarches de prospection menées par les organismes de formation se heurtent à des difficultés, car ils ne peuvent pas obtenir la liste des médecins ayant signé un contrat avec l’Assurance Maladie. L’introduction d’une clause relative à l’utilisation des données personnelles, en conformité avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), dans les modèles de contrat devrait lever cet obstacle et permettre une meilleure mobilisation des viviers potentiels.

Pour l’IGAS, l’accès à la formation d’assistant médical, actuellement basé sur le Plan de Développement des Compétences (PDC), limite les candidats et complique le financement. Pour y remédier, la mission propose de développer la formation avant l’embauche, d’impliquer davantage Pôle emploi et de favoriser la contribution aux comptes personnels de formation. De plus, elle soutient la création d’un titre d’assistant de santé, ouvrant la voie à l’apprentissage et à de nouveaux financements, tout en valorisant la profession.

Absence de pilotage et de communication

À ce jour le rythme d’entrée en formation des professionnels est relativement lent. Selon les données de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) en décembre 2022, on comptait 4 069 contrats d’aide, 3 100 assistants médicaux individuels, équivalant à 2 537 postes à temps plein (ETP). Parmi ces derniers, seuls environ 400 détiennent le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) ou ont suivi une Formation d’Adaptation à l’Emploi (FAE).

Pour améliorer l’efficacité du dispositif, l’IGAS propose que le chantier soit piloté par la DGOS et que des campagnes de communication soient mises en œuvre pour promouvoir le métier, la formation et les modalités de financement.

Une fonction qui donne satisfaction

L’IGAS a pu procéder à une première évaluation du niveau de satisfaction des parties prenantes grâce à de nombreux entretiens et à l’analyse de la littérature, notamment des thèses de médecine sur le sujet. Les employeurs, principalement des médecins généralistes, ainsi que les assistants médicaux formés ou en formation, et une fédération d’associations de patients, ont tous reconnu la valeur ajoutée du métier d’assistant médical. Malgré certains points négatifs, ils ont noté un gain de temps, une réduction des tâches administratives et une meilleure organisation. Les salariés ont également exprimé leur satisfaction concernant la formation et son impact sur leur travail.

L’IGAS a examiné sept thèses de médecine sur le métier d’assistant médical, offrant des perspectives variées sur la profession.

Les avantages de l’assistant médical pour le médecin :

  • Un gain de temps pour le médecin permettant une meilleure prise en charge du patient
  • Une réduction de la charge administrative
  • Une diminution de la charge mentale, un avantage souvent cité
  • Une amélioration de la qualité de vie au travail
  • La mise en place de préconsultations, permettant un gain de temps significatif pour certains patients
  • Un renforcement de l’interdisciplinarité, bénéfique pour le parcours du patient
  • Une sécurisation des soins et pour le patient, des échanges sur leur santé moins hiérarchisés
  • Une incitation à faire évoluer la pratique médicale, malgré une crainte d’une délégation excessive et la notion de responsabilité associée

Cependant, la présence de l’assistant médical peut également présenter des aspects négatifs, notamment un risque d’altérer la relation patient/médecin et une réticence de certaines populations, en particulier les personnes âgées.

Concernant le dispositif d’aide conventionnelle, les thèses mettent en évidence :

  • La nécessité de préserver la liberté du médecin dans l’organisation de son travail avec l’assistant médical
  • L’adaptabilité du dispositif pour les médecins spécialistes et les zones sous-denses
  • Une crainte de devoir travailler davantage
  • Une inquiétude quant à la pérennité de l’aide
  • Une difficulté à assumer le rôle d’employeur
  • Un frein lié à l’obligation de remplacer le secrétaire médical s’il devient assistant médical
  • Des problèmes de locaux pour accueillir à la fois un assistant médical, qui nécessite un bureau fermé, et un secrétaire médical.

Des freins culturels et matériels à l’embauche

Les médecins en France se heurtent à des contraintes matérielles pour intégrer les assistants médicaux dans leur cabinet. Le principal obstacle est l’absence d’espace adéquat. C’est surtout le cas dans les cabinets médicaux plus anciens, souvent situés dans des appartements, où la possibilité de dédier un bureau à un assistant médical est limitée. Pourtant, cet espace est essentiel pour effectuer les préconsultations dans le respect du secret médical. Mais les MSP ou les centres de santé font également face à cette contrainte, car leur espace de travail bien que plus grand n’a pas été conçu pour intégrer un assistant médical.

À cela s’ajoute le coût élevé de l’immobilier dans les grandes agglomérations, qui exacerbe encore la difficulté

Outre les défis matériels, le rapport fait également état de résistances culturelles. Certains médecins employeurs hésitent à partager une relation privilégiée avec leurs patients avec un professionnel de la santé. Par ailleurs, leur appréhension vis-à-vis du recrutement et de la gestion des ressources humaines est également manifeste. Le rapport suggère que les médecins, tout comme les dirigeants de très petites entreprises (TPE), se montrent prudents face à la complexité des règles du droit du travail.

« Les médecins n’ont pas une très grande appétence pour le rôle d’employeur et redoutent d’avoir à appliquer le droit du travail. »

Un autre élément de réticence est lié à l’incertitude quant à la pérennité de l’aide financière fournie par l’assurance maladie pour l’embauche d’assistants médicaux. Certains médecins craignent de s’engager à long terme avec un employé sans la garantie de disposer de ressources suffisantes pour le financer.

Pour lever ces freins culturels, l’IGAS suggère le recours au groupement d’employeurs. Ces structures peuvent apporter à leurs membres une aide en matière d’emploi ou de gestion des ressources humaines. L’IGAS cite particulièrement deux expérimentations mises en place par MG France et l’URPS des Pays de la Loire.

Enfin l’IGAS pointe la faible différence de rémunération entre les secrétaires médicaux et les assistants médicaux, de l’ordre de 100€ par mois comme un facteur pouvant expliquer la relative faiblesse du nombre de candidats à ce nouveau métier. « C’est un point qui devrait être pris rapidement en considération par la branche et l’assurance maladie. »

 

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