Les médecins libéraux en grève reconductible à compter du 13 octobre

Les médecins libéraux en grève reconductible à compter du 13 octobre Le vendredi 13 octobre s’annonce comme une journée sombre dans le calendrier des professionnels de santé, avec une grève "reconductible" lancée par l’intersyndicale des médecins libéraux et des étudiants en médecine. Cette mobilisation, qualifiée d’historique, porte essentiellement sur deux revendications : une réouverture "urgente" des négociations conventionnelles et une réécriture intégrale de la loi Valletoux. Une initiative qui reflète des inquiétudes profondes quant à l’avenir de la médecine libérale.

C’est un front uni que présentent les syndicats de médecins libéraux pour infléchir la politique des autorités de tutelle. Après la FMF, l’UFML, le SML et Avenir Spé qui se sont mobilisés dès le mois de juin, le CSMF et MG France ont rejoint le mouvement courant septembre pour lancer un appel à la grève à compter du 13 octobre. En plus des 6 syndicats représentatifs de la profession, les organisations représentant les internes en médecine ainsi que le collectif Médecin pour Demain ont également rallié le mouvement de protestation.

Le Dr Philippe Cuq a été nommé porte-parole de l’intersyndicale composée au total d’une douzaine d’organisations. "Des secteurs entiers de la médecine générale vont s’arrêter", a-t-il mis en garde. Il a annoncé le redéploiement des urgences vers l'hôpital public et des annulations d'interventions programmées. "Certains établissements de soins privés en France verront 100% de leurs médecins participer à ce mouvement", a-t-il précisé.

Une hausse des tarifs conventionnels

Après l’impasse des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie, le règlement arbitral a établi les tarifs des consultations à 26,50 euros pour les généralistes et 31,50 euros pour les spécialistes, traduisant une revalorisation de 1,50 euro depuis 2017, un niveau bien en deçà de l’inflation. Les syndicats exigent la reprise sans délai des négociations conventionnelles et, selon les organisations, plaident pour une tarification de la consultation entre 30 et 50 euros.

À ce stade, le ministre n'a pas toujours pas transmis sa lettre de cadrage, et aucune date n'a été fixée pour la reprise des négociations. La seule certitude actuelle, c’est que le budget alloué à la médecine de ville dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 est notablement insuffisant avec une augmentation de 3,5%, soit un niveau plus bas que l’inflation.

Une extension du secteur 2 à tous les médecins

Pour l’Union Française pour une Médecine Libre Syndicat (UFML-S) et le syndicat « Jeunes médecins », une alternative pourrait reposer sur l’extension du Secteur 2 à tous les médecins libéraux. L’idée est de permettre une plus grande flexibilité dans la tarification des consultations, ce qui, selon l’UFML-S, pourrait contribuer à sauver la médecine libérale en France, en facilitant l’installation de jeunes médecins et en maintenant en activité les médecins plus âgés, notamment ceux qui sont retraités, mais toujours actifs. L’extension du Secteur 2 et la libre fixation des honoraires sont vues comme des moyens d’attirer davantage de professionnels de santé dans les zones sous-dotées, et de répondre aux défis économiques auxquels la profession est confrontée.

L’abrogation ou la réécriture de la loi Valletoux

La loi Valletoux émerge comme une menace majeure pour les médecins, restreignant leur autonomie sur plusieurs fronts. Elle pèse sur leur liberté d’installation via les Conseils Territoriaux de Santé (CTS), leur autonomie organisationnelle à travers l’adhésion aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), et entrave leur liberté d’organiser leur arrêt d’activité avec l’exigence d’un préavis de 6 mois. Cette loi semble également compromettre leur liberté de participation à la Permanence des soins en établissements de santé (PDSES). Les syndicats craignent surtout une réintroduction déguisée de l'obligation de garde pour les médecins de ville abolie il y a plus de vingt ans, ce qui serait perçu comme un casus belli.

Au-delà de ce carcan législatif, les syndicats dénoncent l’absence de reconnaissance des autorités politiques envers les médecins libéraux. Injustement accusés des déficiences du système de santé, ils sont souvent tenus responsables des déserts médicaux, de la pénurie de l’offre médicale et des difficultés rencontrées par les citoyens dans l’accès aux soins. Cette campagne de dénigrement perpétuel les incrimine pour des prescriptions jugées excessives, que ce soit en termes d’arrêts de travail ou de médicaments, et les accuse d’être trop dépensiers.

« Un vendredi noir pour 2 millions de patients »

Avec l’interruption des activités de consultations et des actes techniques, affectant ainsi près de deux millions de consultations quotidiennes, les syndicats espèrent envoyer un message fort aux autorités publiques. Un message, qui selon la participation des médecins de terrain pourrait faire office de catalyseur et apporter des changements significatifs dans le système de santé français.

 

Crédit photo : Médecins pour demain

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