Le Dr Jérôme Marty s’élève contre OSyS et la montée en compétences des pharmaciens

Le Dr Jérôme Marty s’élève contre OSyS et la montée en compétences des pharmaciens Le président de l’UFML-S, Dr Jérôme Marty, dénonce publiquement l’extension des missions en officine et l’expérimentation OSyS, qu’il perçoit comme une captation d’actes médicaux au détriment des généralistes. Les promoteurs d’OSyS rappellent qu’il s’agit d’un dispositif article 51 encadré, testé dans des zones sous-dotées .

Ce que prévoit l’expérimentation osys

Née en Bretagne puis étendue à l’Occitanie, à la Corse et au Centre-Val de Loire, l’expérimentation OSyS organise à l’officine un triage encadré et la prise en charge de situations ciblées dites « petits maux » (plaie simple, piqûre de tique, brûlure du 1er degré, douleur pharyngée, conjonctivite), avec orientation si besoin vers le médecin ou les urgences. Le protocole national d’évaluation retient jusqu’à 13 situations cliniques de premier recours afin de fluidifier l’accès aux soins non programmés [2][5].

Dans les régions d’extension, l’expérimentation prévoit une formation obligatoire, l’application de protocoles nationaux et l’interdiction, en première phase, de conseiller des médicaments à prescription obligatoire. En Occitanie, le triage est rémunéré par un forfait de 12,50 € et l’extraction de tique est autorisée [3][4].

Les porteurs du projet (URPS pharmaciens, Observia) présentent OSyS comme un outil de coordination ville-ville, avec collecte de données d’usage pour évaluer efficience et bénéfices interprofessionnels [7].

Noëlle Davoust, vice-présidente de l'URPS pharmaciens, souligne que ce mécanisme renforce la collaboration : « Nous souhaitons que la relation entre pharmacien et médecin soit renforcée et que le cœur du projet soit la collaboration en confiance entre professionnels de santé »[5]. En septembre 2025, le Sénat a approuvé l'extension d'Osys à l'ensemble des officines, avec des négociations en cours pour la rémunération de ces actes[10]. Plus de 10 000 patients ont déjà bénéficié de ce service, démontrant un accueil favorable du public face aux difficultés d'accès aux consultations médicales.

 

Les objections du Dr Marty : un vol d'actes sans co-construction

"Les syndicats de pharmaciens acceptent de voler des actes aux médecins [...] C’est intolérable, c’est minable. Ce n’est pas votre métier, vous n’avez pas été formé au diagnostic."

Le Dr Jérôme Marty conteste vigoureusement cette évolution, accusant les syndicats pharmaceutiques d'accepter des missions médicales sans impliquer les représentants des médecins. Dans un communiqué de presse du 24 septembre 2025, il déclare : « Les pharmaciens ne sont pas des médecins, ils n’ont pas été formés à l’interrogatoire, à l’examen et au suivi des patients, ils n’ont pas été formés au diagnostic »[32]. Pour lui, Osys et les extensions récentes – comme le renouvellement d'ordonnances ou les diagnostics en zones rurales – constituent un « vol » d'actes réservés aux généralistes, négociés « dans le dos des médecins ». Il interroge : « Quelle serait votre réaction si les médecins accédaient à la vente de médicaments par décision ministérielle sans que vous participiez aux discussions ? »[26]. Ces critiques s'inscrivent dans une opposition plus large aux transferts de compétences, que le Dr Marty perçoit comme une médecine au rabais au détriment de la qualité des soins. L'UFML, qu'il préside, appelle à une co-construction interprofessionnelle, arguant que la survie des officines rurales passe par une revalorisation des actes pharmaceutiques propres plutôt que par une concurrence déloyale. Ces tensions, exacerbées par l'accord du 24 septembre 2025 entre le gouvernement et les syndicats pharmaciens, soulignent les fractures au sein du système de santé, où la proximité des officines est valorisée mais au prix d'une redéfinition des rôles qui peine à faire consensus.

Du côté des pharmaciens, des bilans intermédiaires et articles professionnels indiquent que les expérimentations OSyS et dispositifs apparentés progressent, avec une possible généralisation après évaluation et un positionnement revendiqué de l’officine comme point d’accès de proximité [6].

Lecture associée sur Caducee.net : PLFSS 2024 et dispensation d’antibiotiques en officine.

 

Références

[1] https://x.com/DrJeromeMarty/status/1970957231932744028

[2] Ministère de la Santé. « Résumé du protocole d’évaluation OSyS (Article 51) » — https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/a51_resume_protocole_19bre02_pharmosys.pdf

[3] Arrêté Bretagne — cahier des charges OSyS — https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/pharma_osys_bretagne-arrete_et_cdc.pdf

[4] URPS Pharmaciens Occitanie. « Expérimentation OSyS » — https://www.urpspharmaciens-occitanie.fr/actions/experimentation-osys

[5] Egora. « Osys, les “petits maux” pris en charge à la pharmacie » — https://www.egora.fr/actus-pro/acces-aux-soins/osys-les-petits-maux-pris-en-charge-la-pharmacie

[6] Le Moniteur des pharmacies. « Premier recours : Osys pourrait être généralisé… » — https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/nouvelles-missions/prevention/premier-recours-le-dispositif-osys-pourrait-etre-generalise-des-cet-ete

[7] Observia. « OSyS, 1re plateforme digitale d’orientation du 1er recours » — https://observia-group.com/fr/ressources/success-stories/osys-1ere-plateforme-digitale-dorientation-du-1er-recours-a-lofficine

 

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