Rétrovirus et schizophrénie

Une équipe conduite par un chercheur de la Johns Hopkins School of Medicine montre que certains types de virus pourraient contribuer à certains cas de schizophrénie. Les résultats de cette étude sont parus dans Proceedings of the National Academy of Sciences.

La schizophrénie est une maladie mentale grave dont l’étiologie est incertaine. Le rôle des rétrovirus dans l’étiopathogénèse de certains cas de schizophrénie a été supposée sur la base d’observations cliniques et épidémiologiques.

Le Dr R. Yolken et ses collaborateurs ont retrouvé des séquences homologues de gènes rétroviraux (gènes pol) dans le LCR de 29 % (10/35) individus présentant une schizophrénie ou un désordre schizoaffectif récent. Des séquences rétrovirales ont également été identifiées dans le LCR d’un des vingt individus qui souffraient de schizophrénie chronique.

Au contraire, aucune séquence rétrovirale ne fut identifiée dans le LCR des 22 individus qui présentaient une maladie neurologique non inflammatoire, ou chez les 30 personnes qui ne souffraient pas d’une maladie psychiatrique ou neurologique.

Les séquences nucléotidiques identifiées dans le LCR des individus présentant une schizophrénie ou un désordre schizoaffectif sont apparentés à la famille W des rétrovirus endogènes humains (HERV-W) ou à la famille des rétrovirus de la leucémie murine (murine leukemia virus).

La transcription des ARN des rétrovirus HERV-W est « up-régulée » différentiellement dans les régions du cortex frontal du cerveau postmortem d’individus schizophrènes, comparé aux tissus correspondants de sujets ne souffrant pas d’une maladie psychiatrique.

Selon les auteurs, il se peut que l’activation transcriptionelle de certains éléments rétroviraux au niveau du système nerveux central (SNC) soit associée au développement de la schizophrénie, tout du moins chez certains individus.

Le Dr Yolken ajoute que cette étude ne permet pas d’expliquer pourquoi le rétrovirus devient actif et le fait de pouvoir prévenir cette activation pourrait fournir un moyen de traiter la schizophrénie.

La caractérisation des éléments rétroviraux à l’intérieur du SNC chez les personnes souffrant de schizophrénie pourrait conduire à de meilleures méthodes de diagnostic et de gestion de ce trouble.

Selon le Dr D. Lewis de l’Université de Pittsburgh, dans un commentaire accompagnant l’article, ces résultats suggèrent que la schizophrénie puisse représenter un phénotype partagé par un ensemble de troubles dont l’étiopathogénèse implique l’interaction d’influences polygéniques complexes et de facteurs de risques environnementaux opérant sur les processus maturationnels du cerveau.

Source : Proc Natl Acad Sci 2001 ; 98 : 4293-94 et 4634-39

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