Des chercheurs isolent chez des cochons des virus grippaux un tiers aviaire, un tiers porcin, un tiers humain

Des virologistes américains rapportent avoir isolé chez des cochons d'élevage des virus grippaux issus de deux réassortiments génétiques successifs. Ces virus, responsables d’épizootie, ont une triple origine : aviaire, porcine et humaine.

“A notre connaissance, c’est la première fois qu’on rapporte que le génome d’un virus Influenzae est constitué de segments provenant de trois lignées virales différentes”, soulignent les chercheurs du département de virologie et de biologie moléculaire du St. Jude Children’s Research Hospital de Memphis (Tennessee).

Ces virus proviennent de recombinaisons génétiques entre une souche humaine H3N2, un virus grippal porcin classique H1N1 et un virus Influenzae A aviaire. Les gènes de l’hémagglutinine de ces virus réassortants dérivent du virus grippal humain qui circulait en 1995.

Au total, trois isolats viraux possédant cette triple origine ont été isolés par l’équipe du Pr Robert Webster. Ces virus avaient été responsables, entre septembre et décembre 1998, d’épizooties au Texas, au Minnesota et dans l’Iowa.

Un mois auparavant, en août 1998, un autre virus grippal porcin avait causé en Caroline du Nord une importante épidémie chez des truies d’élevage, provoquant un taux de mortalité élevé et de très nombreux avortements. Les analyses moléculaires montrent aujourd’hui que cette première épizootie était due à un virus grippal porcin issu d’un réassortiment entre gènes humains et gènes porcins.

L’émergence de tels virus grippaux réassortants H3N2 dans des élevages de cochons amène à se demander si de telles souches pourraient s’établir et diffuser chez les porcs d’Amérique du Nord et représenter une menace économique pour les éleveurs, s’interrogent les auteurs. A cet égard, ils estiment qu’il serait sage d’inclure des virus H3N2 inactivés dans un programme de vaccination chez ces animaux.

En tout état de cause, cette étude publiée dans le dernier numéro du Journal of Virology, démontre la nécessité d’une surveillance attentive des virus grippaux circulants dans les populations porcines.

Le passage de virus porcin vers l’homme a déjà été repéré, notamment en 1976 aux Etats-Unis. Cependant, “rien ne permet de penser que l’émergence de tels virus grippaux réassortants puisse constituer pour l’homme une menace plus importante que les virus circulants actuellement chez les cochons”, déclare à caducee.net Sylvie van der Werf, chef de l’unité de génétique moléculaire des virus respiratoires à l’institut Pasteur (Paris).

Le dernier isolement de virus grippal porcin H3N2 en Amérique du Nord remonte à 1991 au Canada (Québec). La souche était proche du virus humain de 1975. Là réside sans doute le risque majeur en cas de passage vers l’homme d’un virus porcin réassortant et virulent : que la recombinaison génétique concerne un virus grippal humain ayant circulé il y a suffisamment longtemps pour ne pratiquement plus être reconnu et vis-à-vis duquel la majorité de la population ne développerait qu’une immunité réduite.

Journal of Virology, vol.73, N°10, p. 8851-56, octobre 1999.

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