Appel à volontaires pour tester de nouvelles préparations vaccinales contre le sida

L’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS) a entrepris de recruter d'ici l'automne 2000 entre 100 et 120 personnes des deux sexes, toutes âgées de plus de 25 ans, pour participer à des essais d’évaluation de nouvelles préparations vaccinales anti-VIH.

“Il est urgent de recruter un peu plus de 100 volontaires dans les prochains mois. Ce réseau de volontaires est indispensable pour mener, au fur et à mesure qu’ils se présenteront, les essais qui permettront de répondre à des questions essentielles en matière de vaccination anti-VIH”, a déclaré jeudi à la presse le Pr Michel Kazatchkine, directeur de l’ANRS.

Les personnes souhaitant participer à un essai vaccinal et intégrer le réseau de volontaires de l’ANRS doivent écrire à l’ANRS, Réseau vaccin, 101 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Un dossier d’information accompagné d’un questionnaire de candidature leur sera envoyé. Une absolue confidentialité est assurée à chaque participant à un essai.

Renforcer l’immunité cellulaire

Pour les chercheurs français, les essais à venir permettront de tester de nouvelles stratégies visant à renforcer l’immunité cellulaire anti-VIH. Celle-ci consiste en la production par l’organisme de cellules spécialisées, les lymphocytes T, qui concourent à détruire les cellules infectées par le VIH. Or, aujourd’hui, soulignent-ils, “les chances d’améliorer la réponse cellulaire antivirale apparaissent beaucoup plus importantes”.

“Aujourd’hui, déclare le Pr Jean-Paul Lévy (Institut Cochin de génétique moléculaire, Paris), grâce aux résultats obtenus lors des précédents essais, et récemment chez le macaque, nous avons de vraies raisons de penser qu’il est possible d’augmenter la réponse cellulaire vis-à-vis du VIH”.

“Il importe justement de savoir si de nouvelles préparations vaccinales, qui associent plusieurs approches, induisent des réponses cellulaires anti-VIH fortes, prolongées, reproductibles, dirigées simultanément contre de multiples cibles du virus. Sur ces questions, je pense franchement que l’on peut faire des progrès considérables dans les trois ou quatre années qui viennent. A condition, bien sûr, de multiplier les essais pour pouvoir avancer", insiste ce spécialiste. Ces essais sont "cruciaux" pour en savoir plus sur la mémoire immunitaire et sa vitesse d'apparition, ainsi que l'amplitude des réactions cellulaires induites vis-à-vis des différentes classes de virus.

Recombinants viraux et lipopeptides

Un certain nombre de vecteurs de vaccination pourraient améliorer l’immunité cellulaire, “notamment de nouveaux recombinants viraux et des lipopeptides de nouvelle génération”, indique le Pr Lévy Ces deux approches vaccinales seront testées en association dans le cadre d’essais menés sous l’égide de l’ANRS ces prochains mois.

Les recombinants viraux sont des virus inoffensifs dans lesquels on insère un ou plusieurs gènes du VIH. Ce vecteur est en général un virus d’oiseau : le canarypox dénué de tout danger pour l’homme. Injecté dans l’organisme, il pénètre dans les cellules où les gènes qu’ils transportent dirigent la fabrication de protéines virales. Ces dernières sont alors reconnues par le système immunitaire qui se met à produire des cellules tueuses (lymphotes T cytotoxiques ou CTL). Au total, ces différentes protéines stimulent donc le système immunitaire contre de multiples cibles du VIH.

Une autre façon d’induire une réponse immunitaire cellulaire anti-VIH consiste à introduire des fragments de protéines issues du virus (ou peptides) dans les cellules de l’organisme. Celles-ci les présentent ensuite à leur surface, ce qui permet au système immunitaire de les reconnaître et de produire des cellules tueuses spécifiquement dirigées contre ces cibles virales. Afin de faciliter la pénétration de ces peptides dans les cellules, les chercheurs leur accolent des lipides, réalisant ce qu’ils appellent des lipopeptides.

La recherche sur les lipopeptides, particulièrement active en France, a permis d’obtenir des résultats encourageants avec une production importante de lymphocytes T cytotoxiques (CTL). Une troisième génération de lipopeptides sera disponible à partir de mars 2000. D’où la nécessité d’intégrer des volontaires dans les prochains essais de candidats vaccins qui devront par ailleurs comporter un nombre raisonnable de participants pour permettre aux investigateurs d’obtenir des résultats exploitables.

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